Rencontres, voyages et rêves de tout acabit chez Jean-Pierre Picard

Jean-Pierre Picard, Un petit bar de village
Jean-Pierre Picard, Un petit bar de village et autres nouvelles sans conséquences, Régina, Éditions de la nouvelle plume, 2023, 104 pages, 16 $.
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Publié 12/08/2023 par Paul-François Sylvestre

Musicien, infographiste, journaliste et auteur, Jean-Pierre Picard vit en Saskatchewan depuis 1986. On devine où il a mijoté les histoires que renferme le recueil Un petit bar de village et autres nouvelles sans conséquences, en faisant un clin d’œil au brasseur Pile O’ Bones.

On dit que le premier paragraphe d’une nouvelle doit accrocher le lectorat, surtout dans de très courts textes. Jean-Pierre Picard obéit à cette consigne. Voici un exemple:

«C’est l’histoire d’un gars. Impossible que ce soit celle d’un autre. C’est l’histoire complexe et pleine de rebondissements de celui qui a sauvé l’humanité un soir de novembre en 1988. Mais personne ne l’a su. Lui non plus.»

Des nouvelles de quelques paragraphes

Plusieurs nouvelles se résument à quelques paragraphes seulement. L’une commence par «Résumé d’un roman qui prendrait trop de temps à écrire» et se termine en ces termes: «Réussira-t-il? Sera-t-elle condamnée? Difficile à dire, je n’ai pas encore écrit le roman.» Est pris qui croyait prendre.

Dans une nouvelle, Picard utilise le mot combine et indique dans une note en bas de page qu’il s’agit d’un terme courant dans l’Ouest canadien pour désigner une moissonneuse-batteuse. Quand j’étais jeune, dans le Sud-Ouest ontarien, c’était aussi le mot qu’on utilisait lors des récoltes du blé, de l’avoine et de la fève soya.

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Fin inattendue

J’aime les nouvelles courtes qui ont une fin inattendue. Celle intitulée Le cout (sic) de la vie pose une question: «Comment doit se terminer son histoire au dernier chapitre incertain?»

En lisant un nouvelle qui porte sur des visites de cimetières comme celui de Batoche, on a droit à une leçon d’histoire : « Alors que le français se porte bien chez les Métis du Manitoba, il est dissous chez ceux de la Saskatchewan. Ils ont préféré se fondre dans la majorité et devenir anonymes. C’est la différence entre perdre et gagner un combat. »

Un souvenir d’enfance a refait surface en lisant Les oncles. Un vieux divan accueille des invités qui le quittent rarement «sans laisser des pièces de monnaie, des billes, un peigne, entre les coussins».

Créativité et libertés

Ce qui est «sans conséquences» demeure un bon prétexte pour titiller la créativité de Picard. Il nous apprend que si on doit arracher une patte à une mouche, il faut en choisir une au milieu de l’insecte, «car elle a besoin des autres pour lisser ses ailes et nettoyer ses yeux».

Une goutte d’eau est-elle assez grande pour contenir une intrigue? Certainement, surtout si elle est tour à tour nuage, pluie, lac, ruisseau, rivière, océan et flaque avant de redevenir nuage.

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L’auteur fait sauter l’accent circonflexe dans les mots parait, apparait, connait, plait, boite, fraiche, cout et maitre. Pour avoir lu d’autres livres des Éditions de la nouvelle plume, je sais que ce n’est pas une règle générale. Je trouve cela plutôt fantaisiste.

Si vous désirez savourer Un petit bar de village et autres nouvelles sans conséquences, vous devez accepter de vous laisser emporter. Cela vous permettra de faire des rencontres, des voyages et des rêves de tout acabit.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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