Remaniement ministériel: la Montréalaise Rachel Bendayan aux Langues officielles

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La nouvelle ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan, était la secrétaire parlementaire de l’ex-ministre des Finances, Chrystia Freeland. Photo: Marianne Dépelteau, Francopresse
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Publié 21/12/2024 par Inès Lombardo et Marianne Dépelteau

Parmi les 12 ministres promus dans le nouveau gouvernement Trudeau, les Québécoises Rachel Bendayan et Élisabeth Brière héritent respectivement des Langues officielles et du Revenu national. Les députés bilingues de l’Ontario Nathaniel Erskine-Smith et David McGuinty font aussi leur entrée au cabinet.

Rachel Bendayan, députée québécoise d’Outremont, fait son entrée au cabinet du premier ministre Justin Trudeau comme ministre des Langues officielles et ministre associée à la Sécurité publique.

En mêlée de presse dans la foulée de sa nomination, le 20 décembre, elle n’a pas voulu confirmer que le français était en déclin au Québec.

Pas de lien avec les langues officielles?

Cette ancienne avocate et cheffe de cabinet a été la secrétaire parlementaire de la ministre des Finances, Chrystia Freeland. Sa nomination a créé la surprise, puisqu’elle n’a pas de lien connu avec les communautés francophones en situation minoritaire, hormis le fait que sa circonscription d’Outremont, à Montréal, est en grande partie anglophone.

Interrogée quelques minutes plus tard, au Parlement, Rachel Bendayan a reconnu le déclin du français au Québec. «Je n’ai pas refusé de répondre. Je suis là pour supporter les minorités linguistiques hors Québec, y compris les francophones qui habitent à travers le pays et les anglophones qui habitent au Québec. Je suis bilingue moi-même, je ne vois pas pourquoi vous êtes pris de court par ma nomination.»

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Ginette Petitpas Taylor (au micro) est la première Acadienne à prendre la tête du Conseil du Trésor, un ministère important pour la mise en œuvre des langues officielles. Elle est accompagnée pas sa prédécesseurs, Anita Anand, Darren Fisher et Terry Duguid. Photo: Marianne Dépelteau, Francopresse

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), porte-parole des communautés francophones hors Québec, demande une rencontre avec la nouvelle ministre, qui n’est pas un visage aussi connu que ses collègues Ginette Petitpas Taylor et Anita Anand, qui l’ont précédée dans la gestion de la Loi sur les langues officielles.

La FCFA souhaite notamment «échanger sur les réalités et les enjeux de nos communautés, particulièrement en ce qui a trait au financement provenant du Plan d’action pour les langues officielles, et sur comment elle entrevoit ses responsabilités et ce que seront ses priorités», a souligné la présidente, Liane Roy, dans un communiqué.

Le professeur de science politique au Campus St-Jean, Frédéric Boily, nuance toutefois en entrevue avec Francopresse. «Elle peut toujours faire valoir un lien avec les anglophones du Québec, qui font partie des calculs politiques et de la stratégie politique du gouvernement libéral.»

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Frédéric Boily. Photo: courtoisie

Il assure que le premier ministre n’avait pas non plus «tellement d’options à sa disposition». «Il voulait faire rentrer une nouvelle figure au Conseil des ministres, quelqu’un qui était – selon ce qu’on en sait – en attente de vouloir rentrer également.»

Une autre francophone fait son entrée au gouvernement: la Québécoise Élisabeth Brière, qui récupère le portefeuille du Revenu national, auparavant sous la responsabilité de Marie-Claude Bibeau.

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L’ancienne ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, devient présidente du Conseil du Trésor. L’Acadienne connaît déjà ce portefeuille et devrait être en mesure de mettre en œuvre les trois règlements qui manquent pour concrétiser la Loi sur les Langues officielles.

Huit nouveaux ministres

Les autres nouveaux venus sont les députés ontariens Nathaniel Erskine-Smith et David McGuinty, tous deux parfaitement bilingues.

M. Erskine-Smith, qui prend en charge le Logement, l’Infrastructure et les Collectivités, a été candidat à la chefferie du Parti libéral de l’Ontario en 2023.

À l’époque, il avait assuré s’intéresser aux besoins de la communauté franco-ontarienne. Il souhaitait voir une province où «tous les francophones ont accès aux services culturels et gouvernementaux dans les deux langues officielles», rapporte ONFR.

David McGuinty récupère la Sécurité publique, un ministère qui était dirigé par Dominic LeBlanc. Ce dernier demeure ministre des Finances – poste dont il venait d’hériter après la démission de Chrystia Freeland – et des Affaires intergouvernementales.

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Le portefeuille de la Sécurité publique est important dans le contexte des tarifs douaniers de 25% que le président américain désigné, Donald Trump, dit vouloir imposer sur les produits canadiens. Ottawa a annoncé plus tôt cette semaine un plan pour sécuriser la frontière et renforcer les contrôles en lien avec les demandes des États-Unis.

Cinq autres députés libéraux s’ajoutent cabinet: Terry Duguid (Sports et ministre responsable de Développement économique Canada pour les Prairies); Darren Fisher (Anciens Combattants et ministre associé de la Défense nationale); Ruby Sahota (Institutions démocratiques et ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario) et Joanne Thompson (Aînés).

Justin Trudeau
Le premier ministre Justin Trudeau. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

Changements de ministère

L’ex-présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, conserve les Transports et récupère le Commerce intérieur.

Gary Anandasangaree reste ministre des Relations Couronne-Autochtones, mais ajoute les Affaires du Nord et devient le ministre responsable de l’Agence canadienne de développement économique du Nord.

Steven MacKinnon, ex-ministre du Travail, devient ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre – l’ancien ministère de Randy Boissonnault – et du Travail.

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«Pas le choix»

Pour Frédéric Boily, Justin Trudeau est acculé au pied du mur. «Il n’avait tout simplement pas le choix. Il y avait un besoin de clarifier les responsabilités de chacun, par exemple Dominique Leblanc, qui commençait à avoir un peu trop de chapeaux.»

«S’il n’y avait pas eu la crise politique, un remaniement aurait possiblement pu attendre après Noël», assure-t-il.

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