Quatre films et une série à voir sur TV5, YouTube, Tou.tv, Club Illico…

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple TV, Disney, Tou.tv, Club Illico et plusieurs autres.

Voici quatre films et une série disponibles ce mois-ci.

ALAIN DELON, LA BEAUTÉ DU DIABLE ET LES FEMMES

Alain Delon, le «Grand fauve», l’icône du cinéma mondial, s’est éteint ce 18 août à l’âge de 88 ans, En son hommage le documentaire Alain Delon, la beauté du diable et les femmes est diffusé partout dans le monde.

Ce film biographique brosse «le portrait complexe de Delon et d’Alain» comme le mentionne le producteur Dominique Ambiel.

Derrière ses yeux bleu acier et «sa gueule d’Apollon» se cachent la souffrance, les doutes, les rejets et l’amour fougueux.

Alain Delon, lui-même, dicte l’épitaphe qu’il aurait voulu sur sa tombe: «J’ai souffert souvent. Je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu et pas cet être factice créé par mon orgueil et mon ennui.»

Les journalistes, acteurs, réalisateurs, producteurs, critiques de cinéma parlent de leurs rapports avec Delon, ses humeurs, ses films inoubliables, «son caractère incandescent au souffle froid et brûlant», comme l’écrit Brigitte Bardot pour lui souhaiter son 80e anniversaire.

Mais on retient cette galerie de femmes plus belles les unes que les autres évoquer leur relation avec l’homme et l’acteur. Parmi ses conquêtes les plus mémorables: la légendaire Romy Schneider, l’épouse et mère de son fils Anthony; Nathalie Delon; Mireille Darc abandonnée pour Anne Parillaud après 15 ans d’amour…

Amoureux de la caméra, il habite la pellicule. D’un magnétisme irrésistible, la beauté de ce séducteur fait peur. «Il avait de beaux yeux! Ah! Putain qu’il avait de beaux yeux, cet enfoiré!», a dit Norbert Saada.

À ne pas manquer!

MÉLODIE EN SOUS-SOL

Alain Delon, Francis le petit malfrat, va travailler avec Charles (Jean Gabin) pour cambrioler le coffre-fort du casino Palm Beach au Sud de la France.

En fait, Alain Delon n’était pas pressenti pour ce rôle. Mais il tenait tellement à donner la réplique au «Patron» qu’il avait dû renoncer à son cachet d’artiste.

En outre, il voulait améliorer sa cote de popularité par rapport à Jean-Paul Belmondo, acteur préféré des Français, s’étant illustré dans Un Singe en hiver (1962).

Mélodie en sous-sol réunit le trio à succès de Singe en hiver, soit le réalisateur Henri Verneuil, Michel Audiard pour les dialogues et Jean Gabin.

Ici, deux générations se côtoient et s’opposent. Gabin est habillé «comme un banquier». Alain Delon, en blouson noir revêtant avec aisance un smoking sans toutefois perdre sa vraie identité.

«Te fatigue pas totoche, on est du même monde», lance-t-il à une fausse comtesse russe (Dora Doll) éberluée. «Lucien, je crois que j’ai pris un coup de vieux. Je ne reconnais plus un gentleman d’un hareng», dit-elle.

Les dialogues d’Audiard sont d’ailleurs délectables avec une forte dose d’argot parisien et des répliques mémorables…

Portrait de la France des années 60 (villes dortoirs comme Sarcelles Lochères, popularité des Gitanes, Côte d’Azur), le film en noir et blanc est un triomphe.

«Il est sorti en 1963 et pourtant, avec le temps, on continue de le déguster comme un bon vin qui vieillit bien, et il poursuit sa vie comme un film de référence que l’on regarde avec nostalgie», selon Overblog.

LA RÉVOLUTION GRISE, UNE MÈCHE À LA FOIS

Léa Pascal, réalisatrice et productrice du documentaire, frappe là où le bât blesse. La grande journaliste Lisa Laflamme aurait été éjectée à cause de ses cheveux gris…

«Pourquoi tu as fait ça, toi une si belle femme?» se voit dire Geneviève Langlois, l’amazone à la crinière blanche, dans son choix de ne plus colorer ses cheveux.

La documentariste capte l’essence de cette révolution grise sous tous ses aspects.

L’histoire: l’évolution des attitudes des hommes et femmes par rapport à leurs cheveux/perruques. Très bien fait!

L’environnement: destruction par les produits chimiques des teintures, perturbatrices endocriniennes. Effrayant!

Féminisme: le droit de bien vieillir, propos bien dosés.

La société et l’approche expériencielle: un groupe d’hommes et de femmes confrontés à des questions pertinentes face à des photos révélatrices de l’âge des sujets, martèle la ténacité des préjugés sur l’âgisme, les concepts de sensualité. Le chemin à parcourir est encore long!

La beauté du film repose sur la riche expérience de Geneviève et de son pacte avec ses amies. «Bien vieillir ne veut pas dire avoir l’air jeune.» / «J’ai pris ma place. Je n’ai plus rien à prouver.» / «Oser le gris c’est la liberté»…

On peut passer des heures à réécouter ces femmes parler avec justesse de leur voyage intérieur, de leur envie de s’épauler, de combattre l’invisibilité des femmes âgées.

Ce documentaire passionnant, inspirant au tissage à la fois émotionnel, historique, sociétal et intellectuel propose une analyse frontale très fine du vieillissement.

IMPROTÉINE EXPOSE 2023

Ce n’est pas parce qu’on est en plein été qu’on ne peut pas revoir des émissions de fin d’année.

Crise du logement, manque de stationnement, les sans-abris qui campent à tous les coins de rue, overdoses d’opioïdes, grève des fonctionnaires… Doug Ford vend la ceinture de verdure à ses amis… Vraiment ça va mal en Ontario et c’est à en pleurer…

Eh bien non, la compagnie théâtrale d’improvisation franco-ontarienne s’en moque pour nous faire sérieusement rire!

Ayant enlevé le vénérable journaliste Alain Gravel, les humoristes d’Improtéine veulent profiter de ses conseils pour relater les nouvelles de façon pas drôle…

La satire politico-économico sociale fait preuve d’un mimétisme hilarant des émissions d’actualités comme les magazines télévisés The Fifth Estate ou W5 ou 60 minutes.

Pour conclure chaque segment souvent scandaleux, les journalistes prennent la même pose classique: bras croisés, tête légèrement penchée vers la caméra au regard scrutant et corps bien droit.

Par moment, on a l’impression de regarder un film de Charlie Chaplin avec les gaffes de Rob Ford qui se cogne à une caméra, tombe.

Méthode d’usure, ballet verbal répétitif appuyé des «I am very very sorry» de Doug Ford ou du «oui j’ai déjà fumé du crack» de son frère Rob, nouvelles «trafiquées» dévoilent les dessous du métier avec une ironie intelligente.

«Y a sûrement quelqu’un qui en sait plus qui dit qu’il en sait… Qu’il pense qui en dit… Je pense», conclut Guertin sur Tory. Compris?

Au fait, c’est pour quand le spécial Improtéine expose 2024? Trop hâte de rire de cet humour cinglant. Bravo pour la belle réalisation!

AUDREY EST REVENUE

Audrey est attachante. On ne se lasse pas d’elle du début jusqu’à la fin.

À 17 ans, elle est victime d’un accident de voiture. Plongée dans le coma, Audrey se réveille 16 ans plus tard comblant ainsi les espoirs de ses parents tout en les surprenant.

Épisode par épisode, Audrey réapprend à parler, à marcher, à s’habiller, à se souvenir et à s’adapter aux changements. Oscillant entre enfant/adulte et trentenaire, Audrey remarque: «Je me suis fait appeler une madame.»

Mireille, la mère d’Audrey, s’occupe d’elle avec émotion, intensité et tendresse. Lorsque Audrey lui demande «Sais-tu comment ça marche la sexualité?», Mireille s’affole, fait de son mieux pour tout expliquer avec le jeu de la banane.

C’est hilarant et touchant à la fois, car Mireille voit encore sa fille comme une petite fille. Elle l’habille comme une enfant avec un chapeau décoré d’une fleur. «Du temps, ça ne se rattrape pas. Ça passe.»

Audrey retrouve aussi son père aimant, son frère Clément et ses fils, son amie Cyn. Elle découvre une demi-sœur Sarah, fruit du mariage de Mireille avec son époux actuel Marcel.

Audrey est hantée par cette figure monstrueuse de corbeau, mais aussi elle veut rencontrer les personnes responsables de son accident.

Des acteurs formidables, un scénario bien campé ont été récompensés par les Prix Gémeaux 2022/2023, le Grand Prix Dior. «Meilleure interprétation d’ensemble», selon Canneséries. «La série affiche son originalité et sa maîtrise des ruptures de ton, alternant comédie, drame et surréalisme», écrit Télé-Loisirs.