Quatre films et une série à voir sur Crave, Club Illico, MUBI, AppleTV+

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Crave, HBO, AppleTV+, Amazon, Disney et d’autres.

Voici quatre films et une série disponibles ce mois-ci.

JANE PAR CHARLOTTE

Le documentaire Jane par Charlotte s’avère l’un des plus beaux témoignages d’amour d’une fille, Charlotte, envers sa mère, Jane Birkin, décédée le 16 juillet 2023.

Pour sa première réalisation, Charlotte Gainsbourg filme sa mère avec tendresse et pudeur. Jane photographiée avec les marques impitoyables de l’âge, paraît belle, poignante et drôle à la fois.

Charlotte et Jane discutent de leur relation comme si elles marchaient sur des oeufs pour se révéler l’une à l’autre.

Au-delà des souvenirs envahissants de la maison en Bretagne, la visite de l’appartement rue Verneuil, habité pendant 12 ans par Jane et Serge Gainsbourg, reste un moment touchant. «Ça sent pareil», s’exclame Jane qui n’y était plus revenue.

Les conversations à bâtons rompus dans ce lit blanc marquent un rapprochement entre mère et fille. Jane se livre sans retenue sur ses insomnies, sa prise de somnifères dès 16 ans, les manies de Doillon, ses pyjamas contrastant avec le fait qu’elle ait passé ses journées «à poil».

Son ombre sur le mur où sont projetés des souvenirs de vacances en super 8 et ses paroles donnent un ton déchirant presque tragique sur l’état d’âme de Jane sur Kate ou le passé toujours sur un mode pudique.

Alors que Charlotte capte sa mère se promenant sur la plage, elle lui fait une déclaration d’amour émouvante: «Je t’aime depuis toujours… Une vie sans toi ça n’existe pas.» La mère et la fille s’enlacent, le geste qui scelle à jamais leur tendresse.

Sur Crave.

HAUTE COUTURE

Les défilés de mode de Paris à Milan se mettent en scène entre juillet et octobre. Le film Haute couture entre dans leurs coulisses, un univers bien observé et filmé par S. Ohayon, où les «petites mains» travaillent avec ardeur, dévouement et tension.

Esther, première d’atelier chez Dior, au crépuscule de sa carrière, supervise sa dernière collection. Dans le métro, elle se fait voler son sac à main par Jade…

Soit par remords ou par superstition, Jade vient lui rendre son sac. Esther reconnaît en elle des talents de «petites mains». Le reste du scénario est cousu de fil blanc. Ayant tout sacrifié pour son métier, Esther, solitaire, veut léguer son art à Jade pour la beauté du geste.

Elle se prend d’affection pour cette fille qui pourrait remplacer la sienne.

Mais Jade se débat dans un conflit social où les préjugés abondent. Avec son amie Souad, elles ne veulent pas se laisser faire comme leurs parents. La France, elle m’aura pas, sa mère! C’est nous la France! T’es pas française, t’es banlieusarde!

Les répliques ne font pas dans la dentelle. On se moque des Arabes («Alibaba et les 40 voleurs, c’était pas des Suédois»). Jade traite Esther de «feuj» (juif en verlan). «Feuj ou pas feuj, je mets le jambon dans le torchon» (Esther).

Nathalie Baye interprète Esther avec justesse. Lyna Khoudri (César du Meilleur espoir féminin pour Papicha) joue une gamme d’émotions formidables. Pascale Arbillot en ancienne banlieusarde, s’avère très touchante.

Sur Club Illico, AppleTV+ et Eventive.

RIEN À FOUTRE

Cassandre, hôtesse de l’air pour la compagnie aérienne Wing à bas coût, est bonne vendeuse de produits de bords avec quelques écarts de conduite. Son contrat se terminant, elle doit subir une formation de chef de cabine, poste à responsabilités qu’elle ne recherchait pas forcément.

Dans l’attente de son transfert de Lanzarote à une autre base inconnue, Cassandre revient chez elle en Belgique pour retrouver sa soeur Melissa et son père Jean endeuillés par le décès de Sabine, épouse de Jean et mère de Cassandre et Mélissa.

Dans ce retour difficile, Cassandre rêve de Dubaï et d’un poste dans la prestigieuse compagnie Emirates. Le premier long-métrage du tandem Emmanuel Marre et Julie Lecoustre prend des allures de documentaire.

La cadence de la première partie du film est vive et débridée comme la vie de Cassandre filmée de près dans ses tâches, ses escales, ses virées, ses aventures sexuelles.

Le paraître dans sa formation de chef de cabine s’avère touchant lorsque Cassandre pleure au lieu de sourire pendant 30 secondes devant la caméra.

Le séjour en Belgique est nimbé de mélancolie, de réalisme: Cassandre n’a pas d’attache, elle voyage, elle peut connaître le soleil et la neige en un jour… Est-ce vraiment le bonheur?

Adèle Exarchopoulos renvoie vers l’image sans jugement d’une jeunesse un peu perdue, qui rejette les responsabilités pour se raconter des histoires. «Fiction vérité» habitée par une actrice jouant avec des hôtesses de l’air professionnelles, Rien à foutre est une chronique sociale révélatrice de la génération d’aujourd’hui.

Sur MUBI.

TOUT LE MONDE AIME JEANNE

Le projet Nausicaa est une invention de Jeanne destinée à débarrasser les océans des déchets plastiques et sauver la planète. Jeanne gagne une énorme notoriété médiatique qui s’écroule lorsque la mise à l’eau de son dispositif se désintègre sous les yeux de tous.

De sa marche triomphale où sa voix intérieure la traite de «géniale» et d’«héroïne», Jeanne se retrouve au creux de la vague, surendettée et accablée par le suicide de sa mère, Claudia.

Une issue de secours s’ouvre avec la vente de l’appartement lisboète que Claudia a légué à ses enfants Jeanne et Simon, son frère.

Lors de son voyage à Lisbonne, Jeanne fait la rencontre de Jean, ancien camarade du lycée français de la ville. Dès son arrivée à l’appartement, Jeanne qui a une perception olfactive de chaque étage sent l’odeur de sa mère au 4e étage. Elle croit la voir sa mère…

Hallucination, tristesse, culpabilité, lassitude plombent le moral de Jeanne, accompagnée par sa voix intérieure illustrée par un fantôme animé qui la critique, la somme d’agir de la façon opposée à celle de Jeanne.

À ce personnage saugrenu, s’ajoute la présence de Jean fantaisiste, kleptomane, envahissant, lui-même ancien déprimé. Va-t-il pouvoir la sauver?

Laurent Lafitte incarne le charme et l’équivoque à merveille. Blanche Gardin, avec son humour pince-sans-rire et son parfait timing, joue son rôle avec une grande finesse. Maxence Tual, en frère protecteur, s’avère touchant.

Une drôle de comédie dramatique «entre blues et fantaisie» bien jouée et touchante!

Sur MUBI.

LES GOUTTES DE DIEU

C’est à Tokyo que Camille Léger se rend pour la lecture du testament de son père, Alexandre, éminent oenologue et créateur du célèbre guide des vins Léger.

À sa stupéfaction, elle découvre que pour hériter de la plus grande collection des vins au monde, elle doit affronter et vaincre le jeune Issei, lui-même redoutable oenologue formé par Alexandre Léger qu’il nomme son «fils spirituel».

Les épreuves autour des cuvées, des millésimes et de la dégustation des vins annoncent déjà la défaite de Camille qui n’a pas touché à une seule goutte d’alcool.

La raison de cette abstinence? Camille avait failli perdre la vie quand son père l’initiait à l’oenologie dans sa jeunesse. Pourra-t-elle retrouver la richesse des sens du goût, de l’odorat inculqués? Les huit épisodes tricotent les histoires individuelles des deux rivaux avec passion, humour, suspense.

L’amour est porteur des drames déchirants: que ce soit celui d’Alexandre pour Marianne, celui de Camille pour Thomas ou encore celui d’Issei pour une jeune journaliste…

Au milieu des heurts et de l’adversité, la série initie le spectateur à la dégustation de vins avec un renfort de détails sur comment déterminer l’âge du vin par exemple.

Drops of God, titre original de cette série franco- américano-japonaise, est l’adaptation du manga éponyme de Tadashi Agi et Shu Okimoto, dont 44 tomes ont été publiés et presque 2 millions d’exemplaires ont été vendus dans le monde.

Des acteurs remarquables (Fleur Greffier, Tomisha Yamashita) dans une série passionnante et instructive sur les vins.

Sur AppleTV+.