Quand tout le monde peut s’improviser journaliste…

Les médias sociaux changent la donne, selon Catherine Cano

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Publié 21/02/2012 par Nourhane Bouznif

Blogues, réseaux sociaux, médias participatifs… Aujourd’hui, tout le monde peut s’improviser journaliste. Ainsi, on voit fleurir sur la toile des «médias citoyens», où blogueurs et internautes deviennent producteurs d’information.

Alors à l’heure où les informations circulent sur les réseaux sociaux avant même d’être publiées par les médias et où les internautes veulent être acteurs de l’information, les journalistes ont-ils encore un rôle à jouer?

C’était la question au cœur de l’allocution de Catherine Cano au Club canadien de Toronto mercredi dernier. Et qui de mieux placée pour parler de ce sujet que cette ancienne directrice du service des nouvelles de Radio-Canada. À présent directrice associée au bureau de Toronto du cabinet de relations publiques National, Catherine Cano est un témoin privilégié depuis des années des évolutions médiatiques.

Avec les réseaux sociaux, les blogues et les médias participatifs, les journalistes ne sont plus les seuls à être producteurs d’information.

J’aurais voulu être journaliste…

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Grâce à ces outils numériques, les citoyens ont compris qu’ils pouvaient réagir et prendre part à l’information.

On voit ainsi apparaître des médias participatifs, qui offrent aux internautes la possibilité d’être journalistes à leur niveau. Une tendance que l’on retrouve sur Twitter, plateforme de micro-blogging où l’on communique par des messages de 140 caractères.

Les internautes réagissent en temps réel à l’actualité et peuvent partager idées et contenus avec des millions de personnes. Selon une étude du Pew Research Center, 37% des internautes américains croient contribuer à la formation des nouvelles, commentant l’actualité ou la partageant via des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Ces chiffres illustrent bien cette volonté qu’ont les internautes d’être actifs face à l’information.

Journaux, radios et télés débordent sur le web

Ils ne sont pas les seuls à s’emparer de la toile. Aujourd’hui il n’est plus question pour un journal ou une radio de se contenter du papier ou des ondes comme seul support.

«Les technologies ont transformé l’information», explique Catherine Cano. Plus besoin d’acheter de journaux pour être au courant de l’actualité. En quelques clics, l’internaute a accès à des centaines de sites d’information, avec des contenus réactualisés en permanence.

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Cette évolution des pratiques fait que chaînes de télévision, radios et titres de presse ne peuvent plus se contenter de produire leur contenu comme ils le faisaient il y a quinze ans. Il faut maintenant être présent sur la toile, ainsi que sur les téléphones intelligents et les tablettes numériques, et adapter ses contenus en conséquence.

De nouvelles formes de journalisme voient le jour, Internet ouvrant un monde de possibilités numériques propice aux innovations.

Quand Obama twitte

Les réseaux sociaux contribuent également à l’évolution des pratiques journalistiques. De nombreux journalistes sont présents sur Twitter et commentent l’actualité en continu.

Même Barack Obama a choisi ce site comme moyen de communication. Pas étonnant que Twitter soit devenu une source d’information pour 50% des journalistes, selon Catherine Cano.

Mais cette ère du numérique comporte bien des travers.

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L’ampleur d’Internet dans la vie des citoyens implique que l’information doit être disponible tout de suite. Cette situation amène les médias à tous traiter des mêmes sujets au même moment. Dès qu’une information tombe, il ne faut surtout pas être le dernier à la publier.

Il faut se démarquer

«Fournir une information exclusive est devenu un enjeu, explique Catherine Cano, car tout le monde parle de la même chose». Ce qui amène inévitablement à une convergence de l’information. «Il est de plus en plus difficile pour les institutions de presse de se démarquer», poursuit-elle.

Les journalistes sont soumis à une pression qui les pousse à fournir des contenus rapidement, pour une mise en ligne immédiate.

Cette course à l’information est source de dangers. Les journalistes ne disposent plus du temps nécessaire pour effectuer des recherches poussées et approfondir leurs sujets, ce qui fait craindre une baisse de la qualité de l’information.

Pas le temps de vérifier

Grâce à Internet, les sources disponibles se multiplient, mais les journalistes n’ont pas davantage de temps pour vérifier les informations qui leur parviennent.

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D’après Catherine Cano, le risque de faire des erreurs est de plus en plus élevé. Une information erronée sera reprise tout de suite sur Internet, visible et partagée par tous, notamment sur Twitter. Les réseaux sociaux ne font pas de cadeaux. Une erreur pouvait être étouffée par le passé, il n’en est plus question aujourd’hui; tout se sait et très vite.

Si les médias et les journalistes doivent adapter leurs pratiques et produire davantage, c’est avec de moins en moins de ressources qu’ils doivent composer.

La crise des médias d’information ne date pas d’hier. Elle est cependant toujours d’actualité et les médias canadiens en sont témoins. Coupures budgétaires, réductions d’effectifs, non-remplacement des départs à la retraite… Même les géants comme Radio-Canada sont touchés.

Les journalistes disposent aujourd’hui de moyens réduits alors qu’ils doivent produire plus de contenus pour plus de supports différents.

Les vrais journalistes irremplaçables

Course à l’information, ressources en berne, citoyens qui s’improvisent journalistes… Que reste-t-il du journalisme dans tout ça?

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Pour Catherine Cano, le travail des journalistes demeure irremplaçable. Le flux incessant d’informations oblige les journalistes à filtrer et vérifier les données, ce dont les internautes ne sont pas capables.

L’ancienne directrice de salle des nouvelles plaide néanmoins pour que la qualité de l’information prenne le pas sur la quantité.

Car dans un monde où chacun peut s’exprimer sur n’importe quel sujet, les journalistes doivent être les garants d’une information de qualité.

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