Quand le rugby envahit Bay Street

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Publié 21/09/2010 par Vincent Muller

«Dans mon expérience, ceux qui se comportent bien en équipe se comportent bien au travail», expliquait Philippe Rouanet, entraîneur du Bay Street RFC. Les joueurs de ce club de rugby suivent tous une carrière, souvent à des postes élevés, au centre-ville de Toronto. Dans une salle de conférences au 24e étage d’une tour sur Bay Street et Adelaïde, le capitaine et l’entraîneur évoquent la façon dont ils arrivent à concilier leur passion et leur vie professionnelle.

Philippe Rouanet, originaire de Marseille, a joué en deuxième division en France. Le capitaine Peter Shippen, lui, a commencé au lycée à l’âge de 14 ans et a joué avec les Crusaders de Oakville.

Selon ce dernier, la progression du rugby au Canada est moins rapide qu’ailleurs: «Le problème c’est que ce n’est pas professionnel. Le rugby est provincial, chaque province a son propre championnat.

En Ontario et au Québec, le championnat se déroule en été et en Colombie-Britannique c’est en automne, hiver et printemps et la moitié des professionnels évoluent en Europe. Au Canada, les joueurs ont trouvé le rugby assez tard dans leur vie, souvent au lycée».

Étant donné que gagner sa vie grâce au rugby est quasiment impossible au Canada, lorsqu’ils quittent l’université les joueurs privilégient leur carrière, reléguant au deuxième plan leur passion pour le ballon ovale.

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Le club a été créé il y a trois ans par un groupe de joueurs qui, à cause de leurs obligations professionnelles, ne pouvaient plus intégrer les clubs existants mais voulaient continuer à jouer.

«Cela leur a permis de jouer avec moins de contraintes», explique le capitaine Peter Shippen.

Travail et rugby

Philippe Rouanet précise: «C’est une population très ciblée, des gens qui ont de bonnes situations, des avocats, des gens qui évoluent dans le milieu de la finance, qui travaillent sur Bay Street et qui ont des contraintes qui ne leur permettent pas de quitter le travail à 4 heures pour aller s’entraîner.

Ils ont tous un bon niveau, ils ont joué dans des clubs universitaires et voulaient continuer à jouer».

Mais la possibilité de jouer n’est qu’une des raisons de l’existence de ce club. «L’esprit est très important, on veut créer une communauté entre joueurs», explique le capitaine qui a appris le français alors qu’il étudiait à Montréal.

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«On essaye de créer de l’entraide, de faire du réseautage», poursuit l’entraîneur, «le noyau dur qui a créé le club veut assurer la pérennité du club sur le long terme, donc on essaye d’intégrer de jeunes joueurs, parfois des étudiants qui jouent et travaillent dur!»

Et pour ces nouvelles recrues, le maillot et les crampons ne sont pas bien loin du costume cravate: «On a fait une campagne de recrutement l’année dernière et les jeunes ont parfois pu avoir des entretiens qui ont permis de déboucher sur un stage ou un emploi grâce à l’équipe», souligne Philippe Rouanet.

«Ça fonctionne surtout grâce au bouche-à-oreille, on a des contacts avec les clubs et les entraîneurs dans les universités.»

«Le niveau est assez compétitif», insiste le capitaine Peter Shippen, «c’est vraiment bien pour les jeunes qui veulent travailler en même temps, un des jeunes travaille avec moi, c’était la vedette dans son club, mais il ne pouvait plus pratiquer trois fois par semaine».

Une deuxième famille

«On se rencontre toutes les semaines, même en hiver!» lance l’entraîneur, «certains habitent seuls et n’ont pas leur famille.»

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Plus que des matchs chaque samedi durant l’été et que les entraînements dès mars-avril, l’équipe veut donc créer un climat de camaraderie et d’entraide.

Le Bay Street RFC organise également des événements de charité comme une soirée dont les bénéfices ont été reversés à la lutte contre le cancer de la prostate: «On a récolté 27 000 $ lors de cette soirée», explique le Peter Shippen.

Et les joueurs n’oublient pas les femmes non plus: «Tout le monde sait que le rugby est un milieu assez macho…» explique Philippe Rouanet «alors on fait une garden party chaque saison, en invitant les femmes, les amies et petites amies, elles viennent avec les chapeaux, les robes… c’est notre façon de remercier les femmes de nous laisser jouer!»

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