Expliquer Occupy Wall Street et Occupy Bay Street

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Publié 18/10/2011 par Charles-Antoine Rouyer

Les mouvements de protestation aux États-Unis et à présent au Canada manifestent contre les excès toxiques de la finance mondiale et le décalage entre les flux financiers et la création de richesse matérielle. Voilà du moins une manière de tenter de comprendre les motivations des manifestants.


Autrefois, la fonction de la finance dans la société était de rassembler des capitaux pour alimenter et concrétiser de grands projets d’infrastructure: ponts, canaux (Panama, Suez), voies ferrées (vers l’Ouest ici au Canada).


Le financier gagnait logiquement de l’argent (en plus d’un taux d’intérêt) pour rétribuer ses services, soit avoir rassemblé les capitaux, et en contrepartie du risque qu’il prenait. Car ces grands projets pouvaient échouer avec le risque de perdre sa mise de départ. Le financier contribuait à créer de la richesse concrète, palpable, pour le bienfait de l’ensemble de la collectivité: une plus-value matérielle.


De nos jours, les produits financiers sont devenus de plus en plus complexes. Ils finissent par faire gagner de l’argent de manière abstraite, sans bien souvent créer de richesse matérielle.


Qui plus est, les marchés financiers sont de plus en plus automatisés, gérés par des programmes informatiques. Ces algorithmes achètent et vendent au millième de seconde, en fonction du cours des actions et d’une logique de gains à court terme. Ces transactions sont sans aucun rapport avec l’actif sous-jacent: la santé des entreprises.


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Une fois de plus, ce gain est empoché sans aucune création de richesse physique, réelle, en contrepartie d’un bienfait, d’une plus-value pour la collectivité.


Ces manifestants protestent ainsi contre ce décalage entre l’accumulation de richesses financières et l’absence de création de richesses réelles.


Ils protestent certes aussi contre le fossé qui se creuse entre les nantis et les plus modestes, témoignant d’une concentration de la richesse mondiale.


Par-dessus tout, ces manifestants protestent sans doute surtout contre la toxicité des excès de ce monde financier qui non seulement se remplit grassement les poches, mais dont les actes ont des répercutions négatives, toxiques, sur le monde réel.


En effet, ces excès du monde abstrait de la finance viennent saper les fondements mêmes de la collectivité et finissent par amputer le bien-être collectif, au lieu de créer de la richesse au bénéfice direct ou indirect de l’ensemble de la collectivité.


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Le ralentissement économique qui dure depuis 2008 a eu comme point de départ la crise de l’immobilier, suite aux déréglementations (et dérèglements) des marchés financiers américains.


* * *?

Mais pourquoi ces manifestations à l’heure actuelle, pourrait-on également s’interroger?


Réponse: les réseaux financiers mondiaux, qu’incarnent ces villes dites «globales», New York, Londres, Tokyo, sont le résultat de la révolution numérique. L’ordinateur a permis cette intégration planétaire et cette accélération des flux financiers.


Ces protestations sont une réaction sociale aux profonds bouleversements que provoque la révolution numérique, à l’image des formidables mutations sociales et économiques qui ont suivi la révolution agricole et la révolution industrielle.


En revanche, les outils informatiques, de communication notamment, permettent au «peuple» de faire circuler l’information et de s’organiser bien plus rapidement aussi. D’où ces manifestations à l’heure actuelle.


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