À l’heure où des prêtres pédophiles subissent leurs procès, à Montréal comme à Ottawa, il m’a semblé utile de faire écho à une page d’histoire qui a étonné, choqué et scandalisé les fidèles d’une paroisse du diocèse de Gaspé dans les années 1930. Elle a donné lieu au roman historique Le curé d’Anjou, d’Odette Mainville.
L’auteure affirme que «les frasques de ce prêtre sont si énormes et si scandaleuses que l’histoire n’a guère besoin de recourir à la fiction pour construire son intrigue».
Solidement documenté à partir d’archives et de témoignages, ce roman raconte la vie de Réal d’Anjou (1900-1971), né dans la région de Rimouski, ordonné prêtre, nommé curé, sans jamais avoir été sevré de sa mère, «gage de sécurité». Mary d’Anjou exerce «une infernale domination» sur son fils, voire un funeste empire.
Dès son enfance, Réal d’Anjou se fait appeler «le petit prêtre à maman». Sa chambre devient «une sorte d’incubatrice où germerait plus d’ivraie que de bon grain». Sa mère se délecte déjà «des rejaillissements sur sa propre personne des honneurs dévolus» au futur rang sacerdotal de son fils.
L’auteur souligne clairement que Réal ne pourra jamais se passer de Mary. La mère ne consentira jamais à ce que le lien soit brisé. Pour la simple raison que son avenir réside entièrement dans celui de son fils prêtre.