Quand le bonheur pousse à l’assassinat

Tony Parsons, Les Anges sans visage, roman traduit de l’anglais par Pierre Brévignon, Paris. Éditions de la Martinière, 2016, 352 pages.
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Publié 13/12/2016 par Paul-François Sylvestre

Au mois de mars, je vous ai parlé de l’écrivain Britannique Tony Parsons et de son roman Des garçons bien élevés, qui met en scène l’inspecteur Max Wolfe. On retrouve maintenant ce dernier dans Les anges sans visage, une histoire qui commence par un cri de douleur, un cri de terreur, un cri de fureur.

Le lendemain du Jour de l’An, la famille Wood est retrouvée massacrée dans un quartier très chic de Londres. On retrouve les corps du père, de la mère et de deux adolescents, mais le plus jeune enfant manque à l’appel. A-t-il été enlevé?

Tout cela s’est passé près du cimetière de Highgate où on ne voit rien d’autre que les anges de pierre sans visage. L’assassin s’est servi d’un pistolet d’abattage pour massacrer une famille, ce qui «traduit la volonté de nier l’humanité des victimes».

Les statistiques démontrent que si on ne retrouve pas un enfant disparu au bout d’une semaine, on risque de découvrir un jour son corps au fond du fleuve ou dans une benne à ordures. L’inspecteur Max Wolfe met donc les bouchées doubles pour trouver et l’assassin et l’enfant disparu.

Wolfe ne tarde pas à apprendre que le bonheur d’une famille peut rendre certaines personnes folles de rage, car il y a du monde qui haït les gens heureux. «Les Wood ont été assassinés parce qu’ils étaient heureux.»

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Le roman nous apprend divers faits sur un corps mort: lorsque le cœur ne bat plus, le mort ne saigne plus; les spermatozoïdes survivent plus longtemps dans un corps mort que dans un corps vivant; les organes cessent de fonctionner dans un ordre rigoureux, d’abord l’intestin, puis le foie, les reins, les poumons, le cerveau et enfin la prostate ou l’utérus.

Ce polar anglais nous montre un Max Wolfe au cœur tendre, flanqué de sa petite fille et de son chien. À certains moments, l’inspecteur a l’impression qu’on marchait sur sa propre tombe. «J’avais envie de prier. J’avais envie de pleurer. Mais je ne me sentais capable ni de l’un ni de l’autre.»

Dans la vraie vie, on enlève un enfant pour le violer, puis s’en débarrasser, pas pour le remettre à une personne bienveillante. Mais une tante désespérée a bien le droit de croire au miracle.

L’auteur note que, selon les statistiques, un enfant disparaît toutes les trois minutes. Cent mille enfants chaque année. Wolfe doit chercher dans une ville de dix millions d’habitants, de soixante mille rues, d’innombrables canaux, jardins, landes, étangs et rivières.

Le style de Tony Parsons est direct et efficace. Il écrit, par exemple, que «dans ma famille, on se transmet trois choses de génération en génération: les cheveux blonds, les yeux bleus et la schizophrénie paranoïde».

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N’eût été quelques longueurs, j’aurais lu Les Anges sans visage d’une traite. Le roman n’en demeure pas moins séduisant et bien architecturé.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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