Qui étaient les premiers visiteurs des îles au milieu de l’Atlantique?

Sao Miguel, Açores, Aurélie Resch
Un lac de Sao Miguel aux Açores.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 17/10/2021 par Agence Science-Presse

Quand on parle des humains qui ont navigué sur l’océan des siècles avant les autres, c’est généralement le Pacifique qui retient l’attention. Mais l’Atlantique cache aussi quelques mystères.

Des humains auraient atteint les îles Açores, à 1300  km de l’Europe, quelque 700 ans plus tôt que ce qui était établi jusqu’ici.

Les cartes de l’Atlantique, à partir de l’Europe ou du Maroc, montrent trois petites masses de terre.

– Les îles Canaries, un archipel qui s’étend sur quelques centaines de kilomètres au large du Maroc.

– Madère, un autre archipel dominé par une grande île située à 640 km des côtes marocaines.

Publicité

– Et les Açores.

Les Açores étaient inhabitées en 1427

Les Canaries étaient habitées par des populations locales, les Guanches, à l’arrivée des premiers navigateurs européens, dans les années 1300. Ces îles avaient également été visitées, dans l’Antiquité, par des navigateurs phéniciens et romains.

En revanche, les Açores étaient inhabitées à l’arrivée des Européens en 1427. Et rien jusqu’ici n’avait prouvé que cet archipel de neuf îles ait été habité auparavant.

Ce que des chercheurs portugais apportent à présent au dossier, c’est le contenu de sédiments récoltés au fond des lacs de cinq de ces îles appartenant au Portugal.

Cette recherche, qui s’est étalée sur 10 ans, avait pour but d’en apprendre davantage sur les plantes et les animaux qui avaient peuplé l’archipel à différentes époques.

Publicité
atlantiques, îles
Une partie de l’océan Atlantique avec les Açores (à l’ouest du Portugal), les Canaries (au sud près de l’Afrique) et Madère (entre les deux).

Crottes d’humains et de leurs animaux

C’est ainsi que ces sédiments ont permis, comme les chercheurs l’espéraient, de mettre le doigt sur des traces d’anciens pollens, de même que sur des empreintes chimiques de crottes d’animaux… Mais aussi des crottes d’humains ou de grands mammifères qui n’ont pu être introduits que par les humains.

Ces humains auraient été présents sur au moins deux des îles pendant une période de temps indéterminée, mais débutant entre les années 700 et 850. L’apparition de ces «marqueurs fécaux» à la même époque, sur deux îles séparées par 260 km, empêche de croire à une coïncidence.

Rien ne permet toutefois d’en savoir plus sur qui ils étaient. Mais vu l’époque, il pourrait s’agir de navigateurs vikings, devenus colons.

Coupe d’arbres dans des îles de l’Atlantique

L’équipe  rapporte aussi dans sa recherche, parue cette semaine dans la revue PNAS, avoir identifié ce qui pourrait être interprété — le conditionnel est de mise ici — comme étant des traces indirectes de «modifications du paysage».

Le pollen est devenu plus rare. Cela aurait pu être causé par la coupe d’un nombre significatif d’arbres. Et par la transformation d’une partie des sols pour l’agriculture.

Publicité

«L’établissement», lit-on dans leur texte, «s’est produit en trois phases, pendant lesquelles la pression humaine sur les écosystèmes terrestres et aquatiques a crû progressivement… À travers l’introduction de bétail, l’abattage d’arbres et le feu.»

Occupation d’au moins trois siècles

Le début de la troisième phase est situé aux environs de l’an 1070. Les chercheurs ne peuvent affirmer si les empreintes chimiques en question sont encore celles d’humains. Il pourrait s’agir des descendants du bétail abandonné sur l’île.

Mais les traces indirectes de «modifications du paysage» se poursuivent au-delà de cette date. Cela supposerait une occupation qui a duré au moins trois siècles.

L’hypothèse viking n’est pas nouvelle en soi. Plusieurs historiens ont présumé depuis longtemps que des navigateurs avaient pu visiter l’archipel. Considérant qu’en l’an 1000, ils s’étaient déjà rendus, au sud, jusqu’aux côtes africaines. Et à l’ouest, jusqu’à Terre-Neuve, via le Groenland.

Des souris européennes au milieu de l’Atlantique

Mais les rares artefacts qui leur sont attribués n’ont pas fait l’unanimité parmi les archéologues.

Publicité

Des recherches similaires dans les sédiments avaient fait état de traces de céréales datant des années 1200. Là encore, une attribution qui continue d’être débattue.

Étonnamment, la trace la plus convaincante du passage des Vikings est la souris qui peuple les Açores, dont les gènes révèlent qu’elle a des ancêtres parmi les souris du nord de l’Europe.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur