Découverte des plus anciens fossiles d’animaux connus à ce jour

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Les monts Mackenzie dans les Territoires-du-Nord-Ouest, près du site où ont été découverts les fossiles. Photos: courtoisie Elizabeth C. Turner
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Publié 02/09/2021 par Philippe Mathieu

Une professeure de géologie de l’Université Laurentienne à Sudbury, Elizabeth Turner, pense avoir découvert des fossiles d’éponges datant de 890 millions d’années sur le site d’anciens récifs dans les monts Mackenzie, au Territoires-du-Nord-Ouest.

Ces fossiles seraient plus vieux que tout autre fossile animal trouvé jusqu’à maintenant d’environ 300 millions d’années. Une découverte qui pourrait remettre en question des idées établies.

Des roches qui ne demandaient qu’à être examinées

Mme Turner, professeure à la Laurentienne depuis 2005, a publié ses observations dans la revue scientifique Nature.

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Elizabeth C. Turner

Elle explique les similarités parmi les structures fossilifères de corps d’éponges découvertes dans les rochers de récif. Et elle les compare aux microstructures dans des fossiles de corps d’éponges beaucoup plus jeunes.

Cette similarité, selon elle, indique que des éponges existaient déjà à cette époque. Donc beaucoup plus tôt que ce que les preuves scientifiques amassées jusqu’à présent démontraient.

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La professeure de géologie possédait ces roches depuis son doctorat à l’université Queen’s. «À l’époque, je ne savais pas exactement ce que je regardais, alors j’ai décidé de le garder pour plus tard», souligne-t-elle. Mme Turner a décidé que ce serait son projet de pandémie.

Reculons dans le temps

La Terre a environ 4,5 milliards d’années. La vie y est présente depuis longtemps, principalement sous forme de bactéries.

«Nous n’avons pas d’organismes plus complexes jusqu’à il y a environ 1,5 milliard d’années. Et, par complexe, je veux dire des organismes unicellulaires ou une petite quantité de cellules», dit la professeure.

Les premiers fossiles d’animaux incontestés se trouvent dans une roche vieille de 540 millions d’années. «C’est un grand chiffre, 540 millions en géologie», explique-t-elle.

Il est généralement admis que les cellules animales datent d’avant 540 millions d’années, mais les preuves manquent.

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En 1859, «Darwin savait que ce manque de preuves ne correspondait pas à sa théorie de l’évolution, c’était la seule chose dont il avait besoin. C’est ce qu’on appelle le dilemme de Darwin, et il est toujours d’actualité aujourd’hui», poursuit-elle.

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Les microstructures datant de 890 millions d’années qui, selon la professeure Elizabeth Turner, sont très similaires aux microstructures des éponges modernes.

L’éponge, le type d’animal le plus basique

«Si vous regardez l’arbre de vie animal, du point de vue de l’évolution, le type d’animal le plus basique est l’éponge. Par conséquent, elles ont peut-être été les premières; c’est l’inférence la plus logique», dit-elle.

Donc, les éponges sont les choses à rechercher. «Maintenant, nous devons déterminer ce qu’il faut chercher ainsi qu’où.» Il faudra trouver des roches qui ont des preuves microscopiques de cellules animales.

Cependant, trouver des cellules animales plus vieilles que 540 millions d’années est très controversé… «comme ça devrait l’être en science».

«J’ai pensé : “Eh bien, je travaille déjà avec des roches qui ont 300 millions d’années de plus que le plus ancien fossile animal trouvé”. Du coup, l’âge proposé de 890 millions d’années n’est plus aussi choquant.»

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L’importance de la découverte la rend d’autant plus spéciale pour elle. «Alors, j’ai regardé les boutures de roche que j’ai faites, et je me suis dit: “wow, c’est vraiment incroyable si c’est ce que je pense que c’est”», se souvient-elle.

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Fragment de squelette d’une éponge moderne.

Les monts Mackenzie éloignés, inhabités

Les monts Mackenzie sont une région éloignée, inhabitée et non développée des Territoires-du-Nord-Ouest. Le risque de contamination des échantillons est minime. «Il n’y a pas de routes dans ce coin-là du pays. On peut seulement s’y rendre par hélicoptère», souligne-t-elle.

Depuis la sortie de son article, peu de scientifiques ont ouvertement attaqué ses résultats. La majorité reste sceptique et attend d’autres données. D’autres trouvent que les images d’Elizabeth Turner ne sont pas concluantes.

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