En peu de temps, le Torontois Craig Silverman s’est imposé dans le milieu journalistique comme «l’expert des fausses nouvelles». Et c’est sans enthousiasme qu’il observe l’alliance entre Facebook et quelques médias, annoncée en décembre pour combattre ce fléau: «il n’y a aucune chance que ça atteigne l’échelle à laquelle se répandent les fausses nouvelles».
Le point positif de cette alliance, poursuit toutefois ce journaliste, c’est que ça puisse servir de signal d’alarme comme quoi Facebook, après bien des hésitations, commence à prendre acte qu’elle a une grosse responsabilité sur les bras. «Mais à moins qu’ils ne dépensent des millions et des millions de dollars, il n’y a aucune chance que des vérificateurs de faits puissent atteindre ce niveau et lutter contre les fausses nouvelles en temps réel.»
Celui qui dirige depuis l’an dernier la division «médias» du magazine américain en ligne BuzzFeed et qui, à ce titre, a contribué l’automne dernier à une série de reportages sur le poids qu’ont eu les fausses nouvelles dans la campagne électorale américaine, était à Montréal en mai, invité par le 8e Congrès international sur le Web et les médias sociaux.
C’est en marge de ce congrès qu’il nous a accordé un entretien.
Symptôme d’un problème de société
Ces informations inventées et pourtant très partagées sur les réseaux sociaux sont devenues le symptôme d’un problème de société. Les reportages de Silverman et de ses collègues ont notamment appris aux journalistes — à leur grand désarroi — que les nouvelles inventées de la campagne électorale américaine avaient été plus populaires que les vraies nouvelles.