Planter un drapeau américain sur Mars?

Mars, astronaute
Beaucoup de défis technologiques et financiers doivent être surmontés avant d'envoyer des astronautes sur Mars. Illustration: Estebande / Deposit
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Publié 04/02/2025 par Pascal Lapointe

«Nous enverrons des astronautes américains planter [notre] drapeau sur la planète Mars», a déclaré Donald Trump lors de son discours inaugural, le 20 janvier, dans un passage où il était question d’expansion territoriale et de «destinée manifeste». S’agit-il d’un rêve plausible à court terme?

Dans le discours en question, aucune date n’était mentionnée. Cependant, au cours de la campagne électorale, en octobre, Trump avait affirmé que cela se produirait pendant son mandat.

Quant à son nouveau proche conseiller, le milliardaire Elon Musk, il a souvent fait des prévisions exagérément optimistes. Déjà en 2016, il annonçait pour 2022 une première mission vers Mars de sa compagnie SpaceX, sans équipage, et les premiers astronautes en 2024.

Trump
Donald Trump.

Quels sont les obstacles technologiques?

SpaceX a jusqu’ici effectué sept vols d’essai de sa fusée géante, appelée Starship (ou jusqu’à récemment Super Heavy). La compagnie a également obtenu de la NASA le contrat pour développer l’engin qui ira se poser sur la Lune avec deux astronautes, en 2027.

Sauf qu’un voyage habité vers Mars nécessiterait beaucoup plus de percées technologiques:

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  • envoyer en orbite terrestre au moins une dizaine de réservoirs de méthane et d’oxygène liquide dont la fusée aura besoin pour son long voyage;
  • développer un système de support de vie qui fonctionnera sans failles pendant deux ans;
  • des combinaisons spatiales adaptées à l’environnement martien;
  • des abris martiens contre les radiations;
  • et possiblement, un système pour extraire de l’oxygène de l’atmosphère martienne afin de ravitailler les réservoirs pour le voyage de retour.

La distance moyenne Terre-Lune est de «seulement» 384 000 km, alors que la distance moyenne Terre-Mars est de 62 millions de km.

Mars
Des géologues s’emploient à trouver des sites habitables sur Mars, à partir des images prises par les sondes. Photo: NASA

Qui va payer?

Pour l’instant, une partie du budget de la NASA est occupée par le retour sur la Lune. La mission Artemis 2 en orbite lunaire est prévue pour l’automne 2025 avec un astronaute canadien à son bord. Et les alunissages d’Artemis 3, 4 et 5 sont prévues entre 2027 et 2029.

Même si des compagnies privées sont impliquées, la NASA reste celle qui paie les factures. Or, dans son dernier budget, cette agence gouvernementale a subi une coupe de 2%.

Insérer une mission martienne dans les quatre prochaines années signifierait donc de considérablement retarder ces missions, voire de les annuler.

Lune-Orion
Représentation d’artiste de la capsule Orion en orbite lunaire. Photo: NASA

Abandonner la Lune?

Les observateurs n’ont pas manqué de remarquer que, s’il a parlé de Mars le 20 janvier, le nouveau président n’a pas du tout parlé de la Lune, alors qu’il en avait fait le cœur du programme spatial pendant son premier mandat.

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Le nouveau grand patron de la NASA, s’il est confirmé par le Sénat, sera le milliardaire Jared Isaacman, qui est allé deux fois en orbite à bord d’une capsule de SpaceX et est décrit comme un «proche associé» d’Elon Musk.

Isaacman aurait l’autorité pour mettre fin au développement de la coûteuse fusée Space Launch System de la NASA, mais cela ne changerait pas le fait que les fusées privées sont encore loin d’être prêtes pour la Lune, encore moins pour Mars.

Le nouvel administrateur pourrait aussi choisir de mettre carrément fin au programme lunaire, mais cela se traduirait, pour SpaceX, par une perte du contrat de 4 milliards $ pour développer l’alunisseur.

SpaceX fusée Lune NASA
La fusée Falcon Super Heavy de SpaceX, surmontée de sa navette Starship, à la rampe de lancement de Boca Chica, Texas. Photo: SpaceX

Le contexte cosmique

La Terre et Mars sont au plus près l’une de l’autre tous les 26 mois, ce qui correspond aux «fenêtres» idéales pour un lancement. La prochaine sera à l’automne 2026, la suivante en décembre 2028.

Auteurs

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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