Plan d’action : «le plus gros investissement de l’histoire»

«Par et pour» les communautés de langues officielles minoritaires

Plan d'action langues officielles
Mélanie Joly et Justin Trudeau en mars dernier.
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Publié 29/03/2018 par Lucas Pilleri

Avec 2,7 milliards $ investis sur cinq ans, Le Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023 constitue le plus gros effort fédéral depuis 2003, soutient la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, qui a dévoilé la nouvelle «feuille de route» (l’ancien nom) ce mercredi 28 mars à l’école Mauril-Bélanger d’Ottawa, aux côtés du premier ministre Justin Trudeau.

Le Plan du gouvernement fédéral repose sur trois piliers: renforcer les communautés de langues officielles en milieu minoritaires, améliorer l’accès aux services et promouvoir un Canada bilingue. Le tout avec un accent porté sur l’immigration francophone, l’accroissement du bilinguisme d’un océan à l’autre, et la mise en avant d’un «par et pour» les communautés.

Le choix de l’endroit est symbolique, évoquant le député libéral franco-ontarien disparu il y a deux ans. Le premier ministre a rendu hommage à ce «grand amoureux de la langue française et ardent défenseur des intérêts des communautés en situation minoritaire», évoquant, sourire aux lèvres, le fait qu’il était «techniquement un Franco-Ontarien» lui aussi.

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Mélanie Joly, Justin Trudeau et la députée Mona Fortier à l’école Mauril Bélanger.

Trudeau engagé

«Je considère mon bilinguisme non pas seulement comme un atout, mais aussi comme une partie fondamentale de qui je suis», a poursuivi Justin Trudeau. Il a fait référence à «la riche histoire de nos ancêtres et de leur culture qui, depuis, est devenue la nôtre», avant d’ajouter qu’il incombait désormais aux nouvelles générations de poursuivre l’héritage de cette dualité linguistique.

Le chef du gouvernement fédéral a souligné la situation préoccupante de la place du français dans la société. «Ce n’est pas un secret que le français à l’extérieur du Québec a pris du recul dans les dernières années», a-t-il avancé, étayant son propos par l’argument que «pendant presque dix ans le gouvernement conservateur a choisi de sous-investir dans les programmes, signalant clairement que le maintien du caractère bilingue de notre pays n’était tout simplement pas une priorité pour eux.»

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Au total, le premier ministre a déclaré, non sans satisfaction, que la contribution fédérale pour les cinq ans à venir s’élèverait à 2,7 milliards $, constituant ainsi «le plus gros investissement dans les communautés de langues officielles dans l’histoire de notre pays».

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Mélanie Joly et Justin Trudeau ont reçu des dirigeants des minorités de langues officielles, dont le président de la FCFA Jean Johnson.

«Par et pour»

Trudeau a également insisté sur le fait que cet argent serait investi directement dans les communautés, «car elles savent mieux que personne quels sont leurs besoins et défis». Le Plan d’action aurait ainsi été conçu «par et pour» les communautés.

«Aujourd’hui nous réitérons l’un des principes fondamentaux de notre contrat social: la dualité linguistique», a ajouté Mélanie Joly. Se décrivant comme «témoin privilégiée de la vitalité des communautés de minorité de langue officielle», la ministre a assuré reconnaître les nouvelles réalités des communautés et vouloir répondre à ces «tendances préoccupantes» évoquées précédemment et révélées par le Recensement de 2016.

Parmi elles figure la baisse du poids démographique relatif des francophones à l’extérieur du Québec, qui passerait de 3,8% en 2016 à 3,0% en 2036 (contre 6,1% en 1971). Mme Joly souhaite ainsi rétablir la proportion de francophones vivant en milieu minoritaire à 4% d’ici 2036.

D’autre part, la ministre entend lutter contre le faible taux de bilinguisme à l’extérieur du Québec: de seulement 6,8% en 2016 et prévu à 6,7 % en 2036 (il est de 18% dans tout le Canada). L’objectif fixé est d’atteindre 9% hors Québec d’ici 2036. «Nous voulons une francophonie canadienne forte et un Canada bilingue», a-t-elle résumé.

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La ministre Mélanie Joly (à g.) et le premier ministre Justin Trudeau (4e) avec des intervenants intéressés par l’annonce du plan d’action mercredi 28 mars. 5e: Le président de la FCFA Jean Johnson.

2,7 milliards $

En plus de poursuivre les investissements courants en appui aux langues officielles engagés depuis 2003, le nouveau Plan d’action prévoit 500 millions $ supplémentaires pour les cinq prochaines années: 2,7 milliards $ au total.

La somme additionnelle inclut les 400 millions $ proposés dans le budget de 2018, surenchéris des initiatives récentes telles que l’investissement dans les infrastructures éducatives communautaires.

«Nous avons entendu le cri du cœur des organismes», a lancé la ministre pour commenter ce budget. Dans un discours ponctué d’applaudissements, la ministre du Patrimoine canadien a énuméré la panoplie de mesures en soutien aux communautés: aide à la petite enfance, réponse à la demande d’enseignantes et d’enseignants de français, investissement dans les infrastructures éducatives, lancement d’un outil en ligne d’apprentissage, soutien au caractère bilingue de la capitale, appui aux médias en situation minoritaire («pour leur permettre de continuer à être le vecteur de l’identité des communautés»).

Stratégie d’immigration

La ministre annonce aussi une Stratégie nationale d’immigration francophone, «la première de notre histoire». Il s’agira «d’aider à la promotion à l’étranger, à l’accueil et finalement à l’intégration et à la rétention».

Selon elle, l’immigration francophone est la clé face au vieillissement des communautés linguistiques. Ici, l’objectif du gouvernement reste de faire passer la proportion d’immigrants francophones hors Québec à 4,4% d’ici 2023.

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Quant à la lutte contre la stagnation du bilinguisme (essentiellement chez les Canadiens-Anglais), Mélanie Joly a confirmé qu’elle miserait sur les enseignants de français «avec davantage de formations et d’échanges» pour répondre à la grande demande. L’outil en ligne d’apprentissage permettrait aussi d’accroître l’accès aux deux langues officielles.

Une élève de 6e année de l’école Mauril-Bélanger a pu poser une question: «Lorsque vous prenez des décisions, prenez-vous aussi en compte l’opinion des enfants?» Mme Joly l’a confortée en parlant du soutien aux enseignants et d’investissement en petite enfance et en éducation.

Nouvelle synergie

«Le gouvernement du Canada a mis fin à plus d’une décennie de stagnation au niveau de l’appui à nos communautés», a commenté le président de la FCFA Jean Johnson. «Le Plan d’action pour les langues officielles représente un rattrapage significatif pour les organismes, les institutions, les services et les activités en français partout au pays.»

«Lundi, nous avons présenté des propositions concrètes pour moderniser à fond la Loi sur les langues officielles», a ajouté le président du lobby politique des francophones hors Québec. «Il faut absolument positionner le Canada dans un monde où la francophonie sera de plus en plus une force économique.»

Même accueil favorable du côté du président Carol Jolin de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario: «Nous sommes heureux de constater que le gouvernement canadien a pris en considération plusieurs recommandations que la communauté franco-ontarienne avait formulées, notamment en matière d’immigration francophone, comme l’accueil en français dans les aéroports, et en matière de financement des organismes communautaires.»

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À la Société économique de l’Ontario, la présidente Nathalie Grenier croit que «les nouveaux fonds du Plan d’action pour les Langues officielles vont renforcer notre francophonie et mieux nous soutenir dans notre mission». Avec les sommes additionnelles du Plan d’action, «c’est une nouvelle synergie qui s’installe».

«Après l’annonce du Plan d’action Fédéral-Provinces et Territoires en immigration», ajoute-t-elle, «il semble évident que la volonté politique est bien présente pour mettre en place des dispositifs concrets pour augmenter le quota de nouveaux arrivants francophones dans les prochaines années.»

«Nous avons également hâte de travailler avec les agences de développement économique du Nord et du Sud de l’Ontario sur les nouvelles initiatives mises en place, de même que sur celles en alphabétisation et acquisition des compétences, entrepreneuriat et petite enfance.»

Auteur

  • Lucas Pilleri

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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