Langues officielles: un «plan d’action» va remplacer la «feuille de route»

Les consultations de Patrimoine canadien sont passées par Toronto

Des participants à la consultation sur les langues officielles à Toronto le 5 juillet. Au bout de la table (cravate rouge): Randy Boissonnault, secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien.
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Publié 06/07/2016 par François Bergeron

Une vingtaine de représentants d’organismes francophones de Toronto et de sa grande région environnante ont participé, mardi après-midi au Collège Boréal, aux consultations itinérantes du ministère fédéral du Patrimoine sur les langues officielles.

Animées par Randy Boissonnault, le secrétaire parlementaire de la ministre Mélanie Joly, ces consultations visent à arrêter le «plan d’action» 2018-23 qui remplacera l’actuelle «feuille de route» – un terme jugé trop passif, a dit le bouillant député franco-albertain.

La conciliation bilinguisme-multiculturalisme s’est rapidement imposée comme un thème majeur des débats, plusieurs intervenants estimant que la multiplicité d’identités (linguistiques, ethniques, sexuelles) fait la force du Canada moderne, et que la francophonie est tout aussi inclusive de ces identités que l’anglophonie.

Le représentant d’un centre multiculturel de Mississauga a raconté avoir introduit avec succès des éléments canadiens-français à son festival de cultures immigrantes, créant au sein de sa communauté des «franco-curieux» qui deviendront des «francophiles» et, un jour peut-être, des vrais «francophones».

Joël Beddows, le nouveau directeur artistique du Théâtre français de Toronto, a fait valoir que la langue elle-même n’est qu’une coquille: c’est le contenu qui importe, c’est-à-dire l’art, la culture, les idées qu’elle véhicule, et que le gouvernement doit appuyer.

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Même son de cloche du côté de la représentante de MICRO, l’association des radios communautaires, qui a averti le ministère que les médias sont souvent l’expression des francophones en milieu minoritaire et méritent d’être protégés. «Il n’y a pas de culture sans médias», résume-t-elle.

La conversation a aussi porté sur le concept d’«espaces sécuritaires» où la francophonie ontarienne peut s’épanouir sans retenue ni complexes.

Les représentants des centres francophones de l’extérieur de Toronto (Oshawa, Hamilton, London) se sont dits particulièrement interpellés par ce thème, plusieurs d’entre eux étant loin de disposer de ressources comparables aux centres culturels desservant la majorité anglophone de leur région.

«Lorsqu’on voit un macaron qui dit qu’une personne parle français dans un commerce ou un point de service du gouvernement, ça crée l’espace encourageant pour utiliser sa langue», a aussi imagé M. Boissonnault en entrevue aux médias après la réunion.

Dans le même ordre d’idées, même si la Loi sur les langues officielles ne s’applique qu’aux ministères et agences du gouvernement fédéral, plusieurs intervenants ont suggéré à Ottawa d’aider ou d’encourager les provinces, les municipalités et même les entreprises privées à offrir des services en français. La «feuille de route» est déjà le point de départ d’ententes fédérales-provinciales.

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Et même si Randy Boissonnault a informé les participants qu’il faut «trouver des moyens d’être plus efficaces avec la même enveloppe budgétaire», plusieurs ont fait remarquer que les budgets consacrés à la culture et aux langues officielles devraient au moins être indexés à l’inflation, voire augmentés, pour prévenir un «épuisement» de nos meilleurs éléments.

Par ailleurs, les promesses du virage numérique – apparemment cher à la ministre Joly – ont suscité des doutes sur ses bienfaits en milieu minoritaire. On ne croit pas, par exemple, à une université franco-ontarienne qui n’offrirait que des cours en ligne.

Enfin, même si la Loi sur les langues officielles vise le bilinguisme des institutions, pas des individus, des intervenants comme le lobby de l’immersion Canadian Parents for French ont affirmé qu’il serait souhaitable qu’un plus grand nombre de Canadiens soient bilingues, soulignant la responsabilité particulière du système d’éducation (de juridiction provinciale) à cet égard.

La tournée de consultations sur les langues officielles – sur invitation – passera dans 21 communautés du pays. Tous les citoyens peuvent cependant y participer en répondant à un questionnaire en ligne ou en envoyant un mémoire au comité, ce qu’ont d’ailleurs fait aussi certains des organismes invités à la séance de Toronto.

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Des participants à la consultation sur les langues officielles à Toronto le 5 juillet. Au centre (cravate rouge): Randy Boissonnault, secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien.
Des participants à la consultation sur les langues officielles à Toronto le 5 juillet. Au centre (cravate rouge): Randy Boissonnault, secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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