Ouzbékistan : venue pour les monuments, restée pour les gens

Ouzbékistan, Samarcande
Place de Rejistan à Samarcande. Photos: Aurélie Resch
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Publié 25/01/2025 par Aurélie Resch

Samarcande, Khiva, Boukhara… Autant de noms qui font rêver en Ouzbékistan, et imaginer la route qu’empruntaient autrefois les marchands entre l’Asie et l’Europe pour vendre leurs précieuses étoffes.

Évocatrices d’une époque éblouissante en art, architecture et aventure, ces étapes-phares de la Route de la soie me lancent un appel sans réplique.

Terre de contrastes

Mon arrivée à Tachkent, capitale de l’ancienne république soviétique, me plonge dans une tout autre atmosphère.

Larges boulevards empruntés par une flotte de Chevrolet blanches (marque de voiture officielle en Ouzbékistan)… Bâtiments cubiques et massifs côtoyant des tours en verre… Statues imposantes et arbres feuillus m’entraînent dans un univers qui diffère de celui, mythique, brodé de minarets verts et bleus dans le désert… L’Ouzbékistan m’apparaît ici comme un pays moderne et effervescent en plein essor.

Ouzbékistan, Tashkent
Le Bazar Tchorsou, le plus vieux marché de Tachkent.
Ouzbékistan, Tashkent
Dans le Bazar Tchorsou, le plus vieux marché de Tachkent.
Ouzbékistan, Tashkent
Une station de métro de Tashkent.

Après une incursion dans les impressionnantes stations de métro de Tachkent et la visite de monuments non moins marquants (musées et l’imposant Hôtel Ouzbékistan, pur héritage soviétique, notamment), je m’enfonce dans la Vallée de Ferghana, véritable grenier à fruits et légumes du pays.

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J’y découvre un autre rythme. Celui de la terre, des saisons, de la poterie et du tissage. J’irai apprendre le processus de la soie, de la chenille à l’étoffe. J’assisterai à un spectacle de danse et de musique dans l’école d’art de Marghilan. Je dormirai dans une maison d’hôte à Rishton, sur le lieu même de leur fabrique de poterie.

Ouzbékistan, Vallée de Ferghana
La vallée de Ferghana.
Ouzbékistan, Vallée de Ferghana
Le pain traditionnel ouzbek.
Ouzbékistan, Vallée de Ferghana
Une artisane à son métier.

Au Nord de Tachkent, je partirai au milieu des champs et des cultures d’arbres fruitiers randonner à cheval, traversant des gués et passant devant des moulins à eau.

En contraste, Boukhara et Samarcande palpitent à un autre rythme. On fait la queue devant les restaurants. Les coups de Klaxon résonnent entre chaque carrefour. La musique jaillit des terrasses. Et le kirghiz, comme le russe, fusent entre les groupes de touristes espagnols, italiens et américains.

Cosmopolites, ces villes bourdonnent comme des ruches. On achète, on vend, on visite, on prie, on va faire son marché, on sort de classe, on prend le bus…

Ce pays d’Asie Centrale vibre sur différentes partitions. C’est un bonheur de plonger dans le monde urbain, puis de prendre l’air dans l’arrière-pays, où le silence et les regards pèsent autant que les mots.

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Ouzbékistan, Boukhara
En terrasse à Boukhara.
Ouzbékistan, Boukhara
À Boukhara, les enfants s’amusent sur la statue du célèbre personnage folklorique Khodja Nasreddine Afandi.
Ouzbékistan, Boukhara
Hammam ancien.
Ouzbékistan, Boukhara
Hammam ancien.
Ouzbékistan, Boukhara
La cour intérieure d’une ancienne école coranique transformée en hôtel.

Une architecture de toute beauté

Étape phare sur la Route de la soie qui reliait la Chine à la Méditerranée, Samarcande est proclamée par l’UNESCO «carrefour des cultures».

Sa magnifique place, l’emblématique Régistan, sertie des médersas Ulughbek, Cherdor et Tilla Kori, la mosquée de Bibi-Khanum, l’ensemble de Shah i-Zinda avec son déploiement d’or et de bleu, et celui de Gur i-Emir, ainsi que l’observatoire d’Ulugh-Beg, sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ils nous ensorcellent par la beauté de leur architecture, leur ouvrage, leur majesté et leur histoire.

Il m’est facile, en entrant dans l’un de ces monuments, de me replonger dans une époque de grandeur et raffinement, mais aussi de violence.

Ouzbékistan, Samarkand
La mosquée de Bibi-Khanum.
Ouzbékistan, Samarkand
Le dôme de la la mosquée de Bibi-Khanum.

Boukhara n’est pas en reste avec des monuments imposants, comme le mausolée d’Ismail Samani, le plus ancien monument funéraire de toute l’Asie centrale. Il est remarquable pour son architecture islamique primitive et ses nombreuses écoles coraniques datant du XVIIe siècle.

Interdite, j’assiste à des défilés de mode dans certaines, sirote un thé dans d’autres. Même les hammams sont une curiosité à eux seuls (et je ne parle pas seulement des massages ouzbeks!). Boukhara en compte datés du XVIe siècle.

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Coup de cœur également pour la vieille ville de Khiva, blottie derrière ses remparts en brique.

Ouzbékistan, Khiva
Aurélie Resch sur les remparts de la citadelle de Khiva.
Ouzbékistan, Khiva
Un garde de la citadelle.

La citadelle de sable, comme j’aime l’appeler, semble sortir tout droit d’un épisode de Star Wars. Plantée dans son décor aride, à 40 km du fleuve Amou-Daria, elle a inventé un système d’irrigation savant quelques deux millénaires avant Jésus-Christ qui a, entre autres, attiré la convoitise des peuples arabes, grecs, perses, mongols et ouzbeks.

Je peux les comprendre lorsque, émerveillée, je pose mon regard sur les tours et madrasas (devant lesquels des femmes costumées en bleu posent pour la postérité et leur compte Instagram), les palais du XIXe siècle et la mosquée Djouma ornée de ses superbes piliers en bois. Cette ville fortifiée est, elle aussi, inscrite au patrimoine de l’UNESCO.

Ouzbékistan, Boukhara
La mosquée Bolo Haouz à Boukhara.
Ouzbékistan, Tashkent
La statue de Tamerlan ou Amir Temur devant l’Hôtel Uzbekistan à Tashkent.

On peut dormir dans d’anciennes cellules d’étudiants dans une école coranique réhabilitée en petit hôtel, et se régaler de la cuisine ouzbek le matin au petit déjeuner.

Sur les remparts, je contemple le ciel et le désert se teindre de mauve avant que la nuit ne tombe et que la ville ne scintille sous ses éclairages.

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Dans les ruelles chauffées par la lumière ambrée du soleil, j’achète un souvenir, je prends en photo un couple de mariés, des habitants qui dansent dans la rue au son d’une musique jouée par des hommes âgés, je me laisse distraire par des enfants qui jouent, et ne me lasse pas du spectacle.

Ouzbékistan, Khiva
La vieille ville de Khiva.
Ouzbékistan, Khiva
Les murs de la vieille ville de Khiva.

Un pays multiculturel attirant et attachant

Au-delà de l’architecture et de l’histoire, qui furent la raison première de mon voyage, ce seront les gens qui me raviront le cœur et auxquels je penserai souvent de retour chez moi. Gentillesse, curiosité, générosité, j’ai reçu tellement dans ce pays, qu’il m’a été difficile de le quitter.

Interpellée en kirghiz à Khiva, massée à Boukhara par un kazakh qui ne parlait aucune autre langue, guidée par Ilhom Yarbaboev, Ouzbek amoureux de son pays et passionné d’histoire…

Ouzbékistan, Khiva
Musique sur la place publique.
Ouzbékistan, Khiva
Artisanes à Khiva.

Les rencontres ont été multiples: d’une conversation hésitante avec deux jeunes filles ouzbeks, dans le train qui me ramenait de Samarcande à Tashkent… à des sourires et moments cocasses partagés avec des musiciens… un hercule venu de Nouvelle-Zélande se mesurer à des colosses turcs, ouzbeks, allemands lors d’une compétition à Khiva… en passant par des jeux avec des enfants lors d’une fête d’anniversaire à Boukhara, j’ai été charmée par la simplicité des gens.

Invitée par des mariés, prise en amitié dans un fastfood par une quinquagénaire russe dans la capitale ou un ciseleur ouzbek à Boukhara, je garde de ces interactions des moments de grâce avec différentes cultures qui composent la formidable mosaïque humaine ouzbek.

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J’y ai parlé religion (elles se côtoient sans histoire), gastronomie (merci aux chefs qui m’ont accueillie dans leur cuisine et aux femmes qui m’ont montré les différentes étapes de la fabrication des célèbres pains ouzbeks), artisanat, politique, commerce et ai créé des amitiés. Elles m’appellent pour un retour prochain sur la Route de la soie.

Ouzbékistan, Samarkand
À l’intérieur du mausolée Gour Emir à Samarcande.
Ouzbékistan, Khiva
Dans le vieux centre de Khiva.

Informations

Y aller: Plusieurs compagnies aériennes desservent l’Ouzbékistan avec une escale à Paris, Dubaï ou Istanbul.

Pour découvrir l’Ouzbékistan en français: Ouzbek Voyages. Ilhom Yarbaboev: +998942885373.

Auteurs

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

  • l-express.ca

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