Oasis: rétrospective sur 30 ans d’engagement

Un gala sera organisé le 30 mai prochain pour honorer les 30 ans d’Oasis Centre des femmes, l’organisme franco-torontois au services des femmes en détresse. Ce sera l’occasion pour l’équipe d’Oasis, ses partenaires communautaires et ses clientes, de célébrer «une histoire de lutte intense et heureuse», selon Dada Gasirabo, sa directrice générale.

Les mois à venir s’annoncent passionnants pour Oasis.

Parallèlement aux préparatifs de son 30e anniversaire, le Centre organise aussi son forum communautaire annuel sur la Traite des personnes. Pour cette 4e édition, prévue le 20 février, l’accent sera mis sur la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle.

Il s’agit d’un «enjeu méconnu, notamment dans les communautés francophones», rapporte Dada Gasirabo.

Ça prend un village…

L’initiative Umoja sera elle aussi lancée le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Signifiant «unité et solidarité» en swahili, Umoja se réfère à un village exclusivement féminin créé en 1990 au Kenya, dans lequel des femmes trouvent un refuge contre les oppressions et les traditions patriarcales.

Une semaine de mobilisation pour l’initiative Umoja, du 10 au 17 mars, reposera sur le thème du travail non rémunéré des femmes. Ce sujet représente «une problématique systémique, se manifestant par exemple par le maintien au foyer des femmes, imposé par le coût élevé des services de garde en Ontario».

Accompagnement des femmes

À sa création en 1995, Oasis s’inspire du modèle québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).

Une attention particulière a été portée sur l’accessibilité aux services en français dans une région à majorité anglophone. Cette préoccupation se place au cœur de la lutte menée par Oasis depuis trente ans.

C’est au travers de programmes variés que l’organisme torontois a tenu à compléter la gamme de services offerts et à diversifier son aide apportée aux femmes.

Aujourd’hui, des programmes spécifiques tels que «Appui transitoire et soutien au logement» ou «Soutien dans le contexte de la cour de famille» répondent à divers défis que rencontrent de nombreuses femmes.

Tout ça avec un budget annuel de 2 millions $…

Entrepreneuriat

Comme le rapporte sa directrice, le Centre a pour but de mieux répondre aux besoins spécifiques de chaque femme.

Le programme d’entrepreneuriat «Tremplin» a été lancé après des recherches sur les barrières économiques. Il vise à accompagner les femmes francophones cherchant à acquérir leur autonomie financière.

Témoignage

Nafoussiata Tuo témoigne des services que le Centre lui a apportés. Immigrante au Canada, le parcours de cette femme illustre la diversité des services offerts par Oasis.

Au-delà d’un soutien matériel, Nafoussiata Tuo a bénéficié de ressources pour sa santé mentale, un soutien dans sa recherche de logement, une orientation vers une assistance juridique, et une formation sur l’entreprenariat.

«Mais ce que je reçois à Oasis n’est pas quantifiable», dit-elle. «La paix du cœur que me procure cette famille ne peut être mesurée de façon conventionnelle.»

Perspectives pour Oasis

Après 27 ans d’engagement auprès d’Oasis, Dada Gasirabo quittera ses fonctions en octobre prochain. La DG se rappelle sa première connexion comme femme immigrante avec Oasis, quand l’organisme n’avait que deux ans.

La recherche de sa successeure étant toujours en cours, Dada Gasirabo rêve qu’une femme «prenne le flambeau pour continuer à mener Oasis toujours plus loin».

Elle ne manque pas de reconnaître le travail des membres du Conseil d’administration, «têtes penseuses» de l’organisme. Travaillant dans l’ombre, elles sont les responsables des progrès résultant de trois décennies de lutte.

Empreinte sur la vie des femmes

Le témoignage de Nafoussiata Tuo met en lumière le rôle essentiel du Centre dans l’accompagnement des femmes. Elle espère voir se développer davantage de ressources et de reconnaissance au niveau du gouvernement «pour appuyer encore plus de femmes en situation de vulnérabilité».

«La richesse d’Oasis est avant tout sa diversité», souligne Dada Gasirabo. «Beaucoup de femmes passées par Oasis sont des femmes réussies. Une fois que l’on est passée par ici, on devient alliée pour la vie.»

C’est cette empreinte sur la vie des femmes qui sera mise à l’honneur le 30 mai prochain.