Mythologie et psychanalyse dans le nouveau polar de J.L. Blanchard

J.L. Blanchard, Les os de la méduse
J.L. Blanchard, Les os de la méduse, une enquête de Bonneau et Lamouche, roman, Montréal, Éditions Fides, 2022, 376 pages, 26,95 $.
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Publié 01/05/2022 par Paul-François Sylvestre

Après le succès du Silence des pélicans, le romancier J.L. Blanchard remet en scène le lieutenant Bonneau et son jeune assistant Lamouche dans une enquête qui a pour titre Les os de la méduse. La maladresse du premier et l’irrévérence du second font malgré tout bon ménage.

Un squelette dans le placard, c’est classique. Mais un cadavre décharné dans la penderie d’un luxueux manoir de la métropole, c’est plutôt inhabituel. Le comte de Clairvaux y vit discrètement dans le respect des traditions familiales. Il se passerait bien de ce genre de publicité́.

J.L. Blanchard fasciné par Le radeau de la Méduse

Le titre du roman renvoie au tableau Le radeau de la Méduse, réalisé par Théodore Géricault entre 1818 et 1819, puis reproduit par Eugène Delacroix (1798-1863). Il fait allusion au naufrage d’une frégate au large de la Mauritanie le 17 juillet 1816. Un mystère de trésor caché place autour de ce tableau.

J.L. Blanchard décrit en long et en large l’histoire de cette œuvre et de sa version affichée dans le château du comte de Clairvaux. Du coup, l’auteur fait «le pont entre mythologie, psychanalyse et littérature».

On se demande pourquoi l’enquête sur le cadavre décharné est confiée au lieutenant Bonneau. En effet, il s’embourbe facilement dans un merdier dès que l’occasion se présente. Tous les membres de la force policière de Montréal ne voient en lui qu’un «casse-pied anachronique, grotesque et entêté».

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Misogynie, homophobie, xénophobie

Cependant, selon Lamouche, «il y a dans cette mixture quelque chose d’indéfinissable qui lui confère du génie». Cela n’empêche pas ses collègues de comparer le célèbre lieutenant à un drink composé des ingrédients suivants: «une once de misogynie, une d’homophobie, une autre de xénophobie».

Les coïncidences et les pistes insoupçonnées se multiplient à qui mieux mieux. Un peu trop selon Lamouche qui encaisse les infos sans broncher, mais ça se bouscule dans sa tête.

Plus on avance dans la lecture de cette enquête, plus il se dégage «une forte impression à la fois de puissance et de mystère». L’enquête revêt des ramifications tentaculaires, comme une méduse.

Bonneau massacre le passé simple

L’auteur aime farcir son texte de quelques expressions typiques de Bonneau, comme finir en queue-de-sac ou remettre ça à Davy, Tam et Ternam (ad vitam æternam). Dans les rapports qu’il écrit pour son supérieur, Bonneau emploie le passé simple… Qu’il massacre sans cesse, comme dans «nous constâtates».

Il y a toujours quelque chose pour exacerber la faim qui tenaille Bonneau douloureusement. Une pizza le comble alors qu’il a la chance de déguster des tripes de Pont-l’Abbé et du pâté de foie du Périgord. Le tout accompagné d’un Montrachet, un Petrus ou un Château d’Yquem.

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J.L. Blanchard aime parfois terminer un chapitre avec une phrase rehaussant le suspens ou en rédiger de très courts (une page ou moins) qui font entrer en scène un nouveau personnage.

Dans ce roman où un comte vit à la française dans un château, certains de ses employés ou connaissances ont envie de filer à l’anglaise.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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