Murillo, le peintre de la douceur

Dossier de l'Art no 115, éditions Faton. En couverture, Jeune fille soulevant son voile, huile sur toile, 52x39 cm, Londres, Christie's Image.
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Publié 17/12/2017 par Gabriel Racle

Quoi de mieux, pour terminer cette année 2017, que de célébrer un anniversaire, le 400e de la naissance de Bartolomé Estéban Murillo, né le 31 décembre 1617 ?

On ne connaît guère Murillo, un Grand d’Espagne dans le domaine de la peinture, que de nombreux autres pays honorent, comme la Colombie, l’El Salvador, la France, le Honduras, le Portugal ou l’Uruguay, pour en citer quelques-uns.

On ne peut que se joindre à eux, dans une chronique consacrée à l’art, d’autant plus que les éditions Faton nous offrent un Dossier de l’Art consacré à cet artiste, un rare document en français toujours disponible.

Autoportrait, 1670, Londres, p. 65.
Autoportrait, 1670, Londres, p. 65.

Des toiles bon marché

Bartolomé Estéban Murillo est donc né le 31 décembre 1617 à Séville, ville du Sud de l’Espagne, en Andalousie. C’est le dernier né d’une fratrie de 14 enfants.

Son père est un médecin, probablement chirurgien-barbier selon les coutumes de l’époque. Mais à 10 ans, il est orphelin, son père étant décédé le 25 juillet 1627 et sa mère le 8 janvier 1628. C’est un de ses beaux-frères, un riche chirurgien-barbier marié à une de ses sœurs, qui va s’occuper de lui.

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Il a 15 ans quand ce dernier le place en apprentissage chez un artiste peu brillant qui lui enseigne la peinture. Mais en 1639, Bartolomé quitte Séville pour Cadix et il fait preuve d’indépendance, sans doute après la médiocre période d’apprentissage précédente.

Il peint des toiles bon marché qui plaisent pourtant au public et révèlent un certain talent.

Vers 1640, il rencontre Pedro de Moya, un élève de Van Dyck, peintre et graveur baroque londonien né à Anvers, surtout portraitiste, qui avait d’abord connu un grand succès en Italie et en Flandre. Pedro l’initie à la technique flamande de peinture.

Lors d’un court séjour à Madrid, il subit aussi l’influence du ténébrisme (contrastes entre lumière et ombres) de Zurbarán et de Ribera.

La mort de sainte Claire
La mort de sainte Claire

Une vingtaine de Vierges à l’enfant

Vers 1645-1650, Murillo peint une Vierge et l’enfant dite La Vierge au chapelet, reproduite en pleine page (p. 32) dans le Dossier de l’Aer, qui serait son œuvre la plus ancienne et la première d’une série d’une vingtaine de Vierges à l’enfant.

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«Ici, la Vierge adopte les traits d’une jeune Sévillane au regard songeur et au magnifique vêtement ample où se combinent les tonalités chaudes et froides: un châle blanc liseré de vert et d’orange est posé sur ses épaules…»

Les religieux franciscains de Séville lui passent commande d’une série de douze tableaux pour orner le cloître de leur couvent. Murillo produit des œuvres qui le rendront célèbre et qui sont dispersées dans divers musées. Murillo met 4 ans pour exécuter ces tableaux, entre 1642 et 1646.

On y trouve La Cuisine des Anges (1646, au Louvre ,p. 27), Frère Junipero et le pauvre (vers 1646, Louvre, p. 31), San Diego de Alcala de Henares en extase devant la croix (1645-1646, Toulouse, p. 24), La mort de Sainte Claire (1644-1648, Dresde, p.28), San Diego donnant à manger aux pauvres (1645-1648, Madrid, p. 5).

Jeune fille aux fleurs, vers 1870, p. 40
Jeune fille aux fleurs, vers 1870, p. 40

L’Académie des beaux-arts de Séville

Ses œuvres religieuses, et elles sont nombreuses, valent à Murillo un grand succès. On parle de lui comme étant «le meilleur peintre de la ville». Il dirige un atelier avec de nombreux apprentis puis il fonde et préside en 1660 l’Académie des beaux-arts de Séville en vue de former de jeunes peintres.

De 1671 à 1674, il peint plusieurs tableaux pour l’église de la Confraternité de la Charité à Séville. Le 3 avril 1682, il tombe d’un échafaudage alors qu’il peint un retable au couvent des Capucins de Cadix et meurt peu de temps après.

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Murillo est l’un des peintres les plus importants du baroque espagnol. Comme Francisco de Zurbarán ou Diego de Velázquez, qui l’ont influencé dans une certaine mesure, il fait partie de l’école des peintres de Séville. Son œuvre concerne en grande partie des thèmes religieux, mais il a également réalisé des œuvres profanes, tout aussi remarquables.

Le jeune mendiant, 1645–1650, Louvres, p. 54
Le jeune mendiant, 1645–1650, Louvre, p. 54

Dossier de l’Art

Et c’est ce que ce Dossier met bien en valeur. La revue est en quelque sorte divisée en deux parties, une centrée sur Murillo peintre religieux (p. 2 à 39) et une consacrée à Murillo peintre profane avec des textes de caractère général (p. 40 à 75). Les illustrations qui accompagnent les textes sont nombreuses, 90, dont plusieurs en pleine page ou en demi-page.

La lecture des textes est ainsi joliment agrémentée. Et nous avons dans la première partie: Murillo peintre de la douceur, Le fabuleux destin des œuvres de Murillo du XVIIe au XXe siècle, Le cycle pour le Cloître des franciscains de Séville, La Vierge au chapelet , Les peintures sur obsidienne de Murillo.

C’est un autre aspect de Murillo que l’om découvre dans la partie suivante: Le siècle des Lumières et la gloire de Murillo profane, Murillo et la peinture de Séville: des prédécesseurs aux héritiers, Le Jeune Mendiant, Murillo dessinateur. Un style élégant et libre, L’Autoportrait de Londres, Murillo au XIXe siècle: de l’engouement à la disgrâce.

Tout sur Murillo en quelques pages, on croit rêver.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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