Montréal côté cour (suite)

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Publié 10/06/2008 par Charles-Antoine Rouyer

À l’Ouest du centre-ville de Montréal, le marché Atwater et ses environs livrent un visage méconnu de la métropole québécoise. Autour de cet autre ravissant marché public, deux anciens quartiers ouvriers, La-Petite-Bourgogne et Saint-Henri, sortent tranquillement de leur torpeur. Sans oublier les abords de l’historique canal de Lachine, qui se réveillent eux aussi depuis la réouverture aux bateaux de plaisance de la voie navigable en 2002.

Plus cossu que le marché Jean-Talon, le marché Atwater est très intime, à l’intérieur de son petit édifice Art Déco de briques beige, coiffé de son clocher visible de loin. Le marché Atwater est davantage réputé pour ses boucheries, mais compte aussi une fromagerie extrêmement bien fournie où trouver tous les nombreux et délicieux fromages québécois, une boulangerie, une SAQ Terroirs d’ici, un petit débit de pizza excellente où faire un délicieux en-cas.

À la belle saison, les maraîchers installent leurs étals tout autour de l’édifice du marché, au fil des saisons, sans oublier au printemps les parterres de fleurs multicolores. En hiver, une partie extérieure est protégée de cloisons amovibles.

Le marché Atwater est confortablement installé aux abords du Canal de Lachine. Un pont piétonnier permet de traverser le canal et récupérer la nouvelle piste cyclable qui coure sur les berges. Elle prolonge la piste cyclable qui borde le quai de la Commune, au pied du Vieux-Montréal: elle s’avère être l’approche idéale pour atteindre le marché (facilement accessible en métro par ailleurs, par la station Lionel-Groulx.)

Car cette partie de Montréal doit sa naissance au canal puis aux voies ferrées (disparues aujourd’hui). Le marché sera ensuite construit en 1932, dans le cadre des programmes de relance économique après la crise de 1929.

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Canal de Lachine

Ouvert en 1825, le canal fut creusé pour contourner les fameux rapides de Lachine, qui empêchaient canots puis navires de remonter le Saint-Laurent au-delà de Montréal (d’où la naissance de la ville elle-même avant les rapides.)

Le nom exotique du canal, quant à lui, viendra de l’obsession de l’explorateur Cavalier de La Salle à trouver un passage vers l’Ouest, l’Orient, la Chine. Il découvrira «seulement» la route du Sud, le Mississipi puis la Louisiane.

Montréal est alors le puissant centre financier et industriel du Canada naissant. Le canal s’impose comme le passage obligé pour atteindre l’intérieur des terres, par eau puis par chemin de fer. Les industries vont donc fleurir tout autour de la voie de transport. La main d’œuvre ouvrière s’installera ici, ainsi que quelques notables dont les élégantes maisons de pierre persistent aujourd’hui par endroits, parmi les rangées de petites maisons ouvrières.

Certains entrepôts industriels au bord de l’eau sont à présent des lofts très prisés (à des prix comparables à ceux de Toronto, un rappel que le marché immobilier a aussi le vent dans les voiles et le marasme économique post-référendaire de 1995 est loin derrière.) Des immeubles résidentiels neufs poussent également sur les berges, en marge des deux quartiers.

Certains autres sites industriels demeurent encore en l’état, presque fantômatiques. Le tout donne une atmosphère étrange à ce coin de Montréal, entre deux ères, passé et présent, entre le vieux et le neuf, entre le populaire et le «yuppie branché». Le tout dans une ambiance très villageoise, à quelques minutes pourtant du centre-ville.

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Saint-Henri/Petite-Bourgogne

Une promenade le long de la rue Notre-Dame donnera un aperçu de la diversité de ces quartiers. Ormis les antiquaires, on notera quelques bureaux, une ancienne banque aux colonnes néo-classiques imposantes, de petits restaurants traditionnels, un magasin général directement sorti des années 50, l’ancien cinéma Corona devenu salle de spectacle style cabaret (où Daniel Boucher, encore méconnu se produisit à ses débuts).

À deux pas, la Union United Church, la première église fondée par la communauté noire au Québec, rappelle que La Petite-Bourgogne était identifiée à cette communauté avant 1960, dont les membres étaient principalement employés dans les chemins de fer. Le nom du quartier viendrait d’ailleurs du rouge vin de la calotte des porteurs de bagages.

Oscar Peterson et Oliver Jones sont ainsi nés dans ce quartier. Louis Amstrong et Cab Calloway se sont également produits ici. Desmond Tutu et Nelson Mandela ont donné des conférences dans l’église, où l’on peut à l’occasion entendre des chants Gospels.

Plus à l’Ouest, le square Saint-Henri sera un passage obligé. La ravissante petite place carrée, où trône la statue de Jacques Cartier, donne un aperçu des maisons des notables de l’époque. Le Couette et Café «Bonheur d’occasion» évoque l’auteure Gabrielle Roy, qui s’inspira du quartier Saint-Henri pour son célèbre roman du même nom.

Plus au sud, les abords du Canal feront pénétrer dans un monde de briques rouge subtilement rénovées, avec un arrêt au bistro l’Ambroisie St.Amboise et sa petite terrasse ensoleillée, à l’arrière d’un typique et imposant complexe industriel reconverti.

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Les cyclistes peuvent continuer leur ballade le long des berges du canal et croiser plus à l’Ouest d’autres entrepôts désaffectés, témoins d’un autre temps. Les plus athlétiques pousseront jusqu’à l’extrémité Ouest du canal, à Pointe-Saint-Charles.

Pour le retour, une autre piste longe le fleuve Saint-Laurent, croise le parc des Rapides, puis rejoint la piste cyclable du canal, à deux pas du Vieux-Montréal, pour y déposer son vélo de location: retour dans la réalité du Montréal touristique et animé, après un périple dans l’histoire en mouvement du Sud-Ouest de Montréal, des images plein la tête et du bon exercice plein les jambes.

Renseignements

– Marché Atwater, 138 avenue Atwater (Métro Lionel-Groulx) ou www.marchespublics-mtl.com.
– L’Ambroisie, 4020, rue St-Ambroise, 514.932.0641, www.ambroisie.ca
– Canal de Lachine: www.canaldelachine.com/accueil.htm
– Location vélo: Ça roule, 27 De La Commune Est, 514-866-0633, www.caroulemontreal.com.
– Guide Ulysse Montréal : mis à jour en 2007, 24,95 $, dont visite piétonne/plan en 3 heures du métro Georges-Vanier via le marché Atwater jusqu’au métro Place Saint-Henri;
– Tourisme Montréal : www.tourisme-montreal.org, 1-877 BONJOUR

À voir/faire également

– Musée de la Pointe-à-Callière (Vieux-Montréal) : musée sur l’histoire de Montréal; depuis le 21 mai «France, Nouvelle-France: Naissance d’un peuple français en Amérique», 350, place Royale, (514) 872-9150, www.pacmusee.qc.ca
– 1e Triennale du Québec (38 artistes contemp. Québécois/135 œuvres), Musée d’art contemporain de Montréal, du 24 mai au 7 sept., www.macm.org
– Yves Saint-Laurent: rétrospective sur 40 ans de création (dont 145 modèles), du 29 mai au 28 sept. 2008, Musée des Beaux-Arts, www.mbam.qc.ca
– Visite culinaire du Vieux-Montréal (groupes), www.visitesdemontréal.com ou 1-800-455-6674.

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