Moi & Dave : la boîte bilingue qui fait rire et réfléchir

Moi & Dave
Des membres de Moi & Dave: Frédéric Choinière (animateur et scénariste), Renée De Sousa (productrice), David Baeta (producteur exécutif) et Simon Madore (producteur et réalisateur). Photo: Le Lam
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Publié 12/12/2025 par Julie Merceur

Printemps 2020, le monde entier (ou presque) est confiné. Tout est incertain. L’économie est en pause. Tout est remis en question. Peu oseraient lancer une entreprise à ce moment-là. Ou alors, justement, n’était-ce pas le moment rêvé?

C’est en tout cas ce qu’ont fait David Baeta et Simon Madore en créant Moi & Dave, une boîte de production audiovisuelle bilingue à Toronto. Aujourd’hui, c’est 16 nominations, 6 emplois à plein temps, 2 735 contrats professionnels et plus de 12,5 millions $ injectés dans l’économie.

Revenons sur ces cinq ans de réussite, de travail et d’humour.

Moi et Dave
Simon Madore et David Baeta. Photo: courtoisie Moi & Dave

Aux origines

David et Simon se sont rencontrés dans l’émission humoristique Volt de TFO. Lorsqu’elle a pris fin, il y a 15 ans, toute l’équipe s’est rassemblée lors d’un dîner. Entre les deux amis, une idée germait déjà.

«On voulait retrouver cette façon de faire qu’on avait trouvée à Volt. On s’est dit qu’il faudrait qu’on crée notre propre boîte. Et ça a pris… huit ans», confie Simon Madore.

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«Mon instinct était bon. Quinze ans plus tard, on le fait toujours, et surtout on le fait ensemble», continue-t-il.

Les deux anciens collègues voulaient pouvoir être maîtres de leur contenu. Surtout, ils voulaient proposer quelque chose de frais: de l’humour et de l’engagement. «On voulait travailler en accord avec nos valeurs personnelles, tout en créant une petite famille, un noyau comme avec Volt», expliquent-ils.

Si le projet était déjà en discussion avant la pandémie, ce temps leur a permis de prendre du recul.

Moi & Dave
L’équipe en octobre 2025 lors d’un tournage. Photo: Simon Madore

Il faut rire, mais pas toujours

Moi & Dave a une ligne éditoriale assez claire: parler des enjeux de société, sans ton moralisateur, mais plutôt avec humour.
Leur constat était que, pour attirer et pour que les gens regardent, il faut se démarquer.

Pour cela, la solution, c’est de faire rire. L’humour, c’est presque dans leur ADN: «On vient de l’humour décalé», clament-ils.

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Ainsi, plusieurs de leurs projets, avec un ton léger, abordent les défis et questions majeurs de nos sociétés. Par exemple, Improtéine Expose, revue satirique de fin d’année, traite de l’actualité en mêlant fausses entrevues, enquêtes inattendues et regard piquant sur les événements marquants.

Moi et Dave
Pendant le tournage d’Improtéine Expose 2025 en novembre, une partie de l’équipe artistique et technique réunie devant la caméra. Photo: Phil Lariviere

Mais parfois, il ne faut pas rire. Et ça, ils en sont conscients. «Il y a des sujets plus sérieux, comme la pauvreté et les inégalités, sur lesquels on ne va pas faire de gags. On va être plus incisifs, utiliser le sarcasme et être plus en retenue. C’est par exemple le cas pour notre documentaire sur la région de Niagara qui va bientôt sortir.»

Des contenus variés et appréciés

Moi & Dave, c’est 13 productions diffusées en cinq ans. Parmi celles-ci, on trouve des documentaires, des séries jeunesse, des émissions, des courts métrages… Vingt projets sont actuellement en développement, dont un long métrage.

«Je n’aime pas la routine», dit Simon. «Moi non plus, il faut varier les plaisirs. Chaque format nous permet de raconter des choses différentes», enchaîne David. Dans le futur, les deux hommes espèrent produire un long métrage de fiction et un documentaire diffusé en salle.

La boîte de production est soutenue par de nombreux bailleurs de fonds et des programmes de développement gouvernementaux.

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En outre, le fait de produire dans les deux langues est un atout. Les deux dirigeants expliquent que des financements sont réservés aux productions francophones. «Comme on vit en situation minoritaire, nos équipes sont bilingues. C’est une plus-value. Les anglophones apportent une autre perspective.»

Néanmoins, ils n’ont produit qu’une seule fois en anglais, pour le documentaire Unrigged.

Tous ces aspects font que leur travail est apprécié par le public et la critique. En plus des nominations, c’est la reconduction de plusieurs projets qui en a apporté la preuve. « Ce qui m’a le plus marqué, c’est quand un projet a été projeté, et que, dans la salle, il y a eu des rires. Là, on sait que ça fonctionne.»

Bana Konesans
Avant-première de Bana Konesans en octobre 2025. Photo: Mylène Desbiens.

Le plaisir du métier

Simon et David ne comptent plus leurs heures, car ils aiment ce qu’ils font.

«J’ai l’impression que ça fait 20 ans qu’on fait ça. On a beaucoup travaillé, mais on ne s’ennuie pas. En soi, on est chanceux: avoir trop de travail, c’est un bon problème», plaisante Simon.

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Surtout, ils apprécient le fait d’être devenus un «vrai petit engin économique. Des gens réussissent à se nourrir grâce à notre boîte. On fait ce qu’on aime et des gens en bénéficient», continue David.

Les deux soulignent tout de même un problème de rétention de la main-d’œuvre. Beaucoup de francophones repartent au Québec et en France après un certain temps. «C’est un gros défi, mais on essaie de faire en sorte que les conditions de travail soient attractives.»

Moi et Dave
Discussion technique entre le réalisateur Simon Madore et le directeur photo Ivan Verlaan et son associé Julian De Zorzi. Photo: Mylène Desbiens

Et maintenant?

«Je n’ai pas de plan de carrière. Je trouve mon bonheur un peu tous les jours. Mon plus grand désir, après ce succès, c’est de trouver une stabilité. Et pourquoi pas explorer l’international», avoue Simon.

«Cette année, on fait une cascade pour la première fois. On ne s’empêche pas de faire de nouvelles choses», dit David.

Finalement, les deux amis reconnaissent qu’il y a une certaine fierté d’avoir réussi à fonder cette boîte dans le brouillard de la pandémie.

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Cependant, l’avenir n’est pas plus certain maintenant. «Avec l’explosion des plateformes de streaming, l’industrie va changer. Le nombre de contenus va augmenter et il faut qu’on s’adapte. Le métier change, mais ça ne me fait pas peur», conclut David.

Moi & Dave compte bien continuer à faire rire et réfléchir encore longtemps.

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