Mensonge et littérature: mauvaise question?

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Publié 01/04/2008 par Aline Noguès

Une nouvelle édition des Jeudis littéraires a réuni le 27 mars dernier trois auteurs de la francophonie ontarienne: Monique Maury-Léon, Paul-Francois Sylvestre et Claude Tatilon. Le thème choisi? Mentir avec l’histoire et les histoires.

«En tentant d’être intéressant, s’interroge Paul-François Sylvestre, ne colore-t-on pas la vérité en flirtant avec le mensonge?» Mais cette question soufflée par l’écrivain Pierre Léon semble étrange: peut-on vraiment parler de mensonge en littérature?

L’oeuvre de Monique Maury-Léon est truffée de mensonges. L’auteure de la pièce La Nuit la plus courte et de l’oeuvre autobiographique Sainte-Mère-Église libérée est une experte ès mensonges. «Dans La Nuit la plus courte, explique-t-elle, il a fallu mentir pour respecter la règle des trois unités théâtrales, unités de temps, de lieu et d’action.»

Mais c’est surtout Sainte-Mère-Église libérée qui fait la part belle aux mensonges: «Pendant la guerre, le mensonge était omniprésent, il pouvait être une arme, il pouvait aussi sauver la vie.»

Mais en rappelant à son lecteur les mensonges de la guerre, Monique Maury-Léon ne fait que dire la vérité. Elle n’invente rien et son récit autobiographique se veut un fidèle reflet de ses souvenirs: ses mensonges ne sont pas d’ordre littéraire.

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Claude Tatilon, auteur notamment des romans Helena et Les Portugaises ensablées, rejette avec véhémence la notion de mensonge en littérature: «Le mensonge a trait à la morale. On ne peut parler en littérature de mensonge, le terme approprié est plutôt celui de
 »fiction ».»

Claude Tatilon distingue d’ailleurs deux sortes de vérité: la vérité événementielle et la vérité existentielle qui est celle des sentiments, des émotions. «La littérature n’a rien à voir avec la réalité. Tout est bousculé, fabriqué, construit, on s’attarde souvent sur des détails. Et c’est en passant par la fiction que l’on peut atteindre la vérité existentielle.»

Comme l’a avec justesse précisé une auditrice présente dans la salle, le seul genre littéraire dans lequel peut se glisser le mensonge est celui de l’autobiographie. Lorsque l’auteur-personnage peut être tenté de travestir la vérité (événementielle) pour effacer ses faiblesses ou ses erreurs et mieux se mettre en valeur.

Quant au reste de la littérature, oublions le terme inexact de mensonge pour lui préférer, comme Claude Tatilon, celui de fiction.

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