Malte: un micro-État, une macro-histoire

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Publié 10/08/2010 par Gabriel Racle

Un archipel de neuf îles situé à un emplacement central de la Méditerranée, c’est la République de Malte, à quelque 90 km au sud de la Sicile, ce qui explique le caractère historiquement stratégique de sa position.

Les îles de Malte et de Gozo sont les plus grandes, mais la superficie totale de l’archipel ne dépasse pas 316 km2 (Toronto: 641 km2), un des plus petits États du monde, peuplé d’environ 450 000 habitants. Mais l’histoire de Malte a une tout autre dimension et se perd dans la nuit des temps.

Avant la dernière glaciation, de – 120 000 ans à –10 000 ans environ, l’archipel de Malte faisait partie d’un isthme allant de l’Italie vers la Tunisie, en coupant en deux la Méditerranée, à l’exception d’un petit détroit.

Préhistoire

La glaciation a repoussé les animaux du Nord vers le Sud, dont la présence dans l’archipel est attestée par les ossements de 36 espèces comprenant éléphants, hippopotames et cervidés. La fonte des glaces fait remonter le niveau des mers, créant des îles emprisonnant la faune locale.

Les premiers habitants sont venus de la Sicile, 5 400 ans avant notre ère. Ce sont des agriculteurs et pêcheurs. Ils colonisent des grottes ou des abris artificiels dans les falaises de la côte Ouest. Vers – 5200 apparaît le mégalithisme, des temples érigés avec des blocs de plusieurs tonnes, qui seraient antérieurs aux pyramides d’Égypte. Ils sont classés au Patrimoine mondial de l’Unesco.

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De nombreux occupants

Vers – 2300, les habitants de Malte ont mystérieusement disparu et l’île reste inhabitée jusque vers – 800, lorsque des Phéniciens s’y installent.

Ce sont d’habiles navigateurs et commerçants, ainsi appelés parce qu’ils produisaient de la pourpre, phoinix en grec. Ils ont nommé l’archipel Malta, «lieu sûr» en phénicien. Puis les Grecs occupent les îles vers – 700, suivis des Carthaginois, jusque vers – 400.

Après les guerres puniques entre Rome et Carthage (-246 -146), Malte passe sous la domination romaine. Vers l’an 60, une tempête aurait rejeté sur les côtes un navire transportant un dénommé Paul, qui aurait converti au Dieu des chrétiens le gouverneur romain et la population.

Une histoire tourmentée voit passer les Byzantins puis, en 870, les Arabes dont l’influence seau profonde sur la langue nationale, le maltais, écrite avec l’alphabet latin.

Les Normands, installés en Sicile, s’emparent de Malte. La domination sicilienne vaudra à l’île une influence italo-sicilienne linguistique et religieuse.

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Les chevaliers de Malte

Au fil du temps, les îles passent de main en main pour finir dans celles des souverains catholiques, Ferdinand et Isabelle d’Espagne.

En 1530, leur petit-fils, Charles Quint, pour protéger la chrétienté contre les Ottomans, donne Malte à l’ordre militaire de Saint-Jean de Jérusalem, chassé de Terre sainte et de Rhodes par ceux-ci.

En mai 1585, Mustapha Pacha arrive avec une armada de 180 navires et 30 000 combattants, et assiège l’île. Sous la direction du Grand Maître, le français Jean Parisot de la Valette, les chevaliers et les Maltais se défendent dans des combats sanglants. Devant l’arrivée de renforts espagnols, les Ottomans lèvent le siège le 8 septembre, proclamé journée de la fête nationale.

La Valette décide de construire une ville fortifiée sur une hauteur, devenue la capitale de Malte portant son nom.

Ses fortifications colossales abritent les somptueux monuments d’une ville historique: hôpital, cathédrale dont le sol est fait des pierres tombales en mosaïque de marbre des chevaliers, églises, palais du Grand Maître, auberges des chevaliers.

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Un État indépendant

En 1799, Bonaparte s’empare de l’île, pour son expédition en Égypte. Mais les réformes des Français indisposent la population. Les troupes françaises capitulent devant les Anglais appelés à la rescousse par les Maltais.

La domination britannique durera jusqu’en 1962, lorsque le Parlement maltais vote unilatéralement l’indépendance, reconnue par Londres en 1964.

Malte devient une république en décembre 1974, avec un président élu, et rejoint l’Union européenne en 2004 pour adopter l’euro le 1er janvier 2008.

Une incroyable richesse culturelle

L’archipel réserve aux visiteurs des richesses historiques et artistiques surprenantes.

Dans un mouchoir de poche, on retrouve quelque 7 000 ans d’histoire et leurs souvenirs. Mdina et Rabat, aux noms arables, s’illustrent aussi: fortifications, cathédrale, riche musée, catacombes, villa romaine. Vittoriosa, Senglea et Copiscua, les Trois cités, attendent les visiteurs, à portée d’autobus depuis La Valette.

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On se rend en bateau à Gozo la verdoyante, voir ses temples mégalithiques, ses grottes ou ses musées. À Malte, il y en a pour tous les goûts, y compris les sports nautiques, et la vie sociale est fertile en événements.

«La Valette, par sa noble architecture, s’élève au rang des plus belles capitales d’Europe, si elle ne les surpasse.» (B. Disraeli) Une beau voyage, à coup sûr.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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