L’ours polaire a-t-il un GPS interne?

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Publié 03/04/2017 par Agence Science-Presse

Le 22 mars, un ours polaire a été observé à environ 500 mètres de Saint-Augustin, un village de l’extrême Est du Québec. Des personnes interrogées sur place ont déclaré qu’il allait naturellement retrouver son chemin parce que l’ours polaire serait doté d’un «GPS interne». Une déclaration intrigante, mais qui s’avère peu concluante.

Les photos prises par un promeneur ont fait le tour du monde: une telle observation, selon les rapports locaux, ne se produirait qu’une ou deux fois par décennie.

Des volontaires à motoneige, puis des agents de protection de la faune, ont poussé l’animal à s’éloigner et l’ont suivi jusqu’à ce qu’il soit à 15 km du village, en route vers le nord.

«Ils ont un compas magnétique en eux», a affirmé à la CBC James McKinnon, un résident de Saint-Augustin, en référence au fait que l’animal s’en retournerait simplement «chez lui». «Ils sont comme dotés d’un GPS», a également déclaré à Radio-Canada, «à la blague», le sergent au ministère de la Faune Michel Gagnon.

19 populations

Or, rien dans la littérature scientifique ne permet d’affirmer que l’ours polaire soit doté d’un sens similaire à celui qu’on prête aux oiseaux migrateurs.

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En fait, bien qu’il soit capable de parcourir de grandes distances, il n’est pas à proprement parler un animal migrateur. Sur tout le pourtour de l’océan Arctique — la Russie, les pays scandinaves et le Canada — les biologistes considèrent que les ours polaires sont divisés en 19 populations, la plupart en expansion, qui se mélangent rarement entre elles.

Le territoire de chasse d’un ours polaire typique dépend plutôt des avancées et des reculs de la calotte glaciaire. Il la parcourt tant qu’elle lui permet de se rendre là où il peut trouver son repas favori: le phoque.

Se pourrait-il qu’un animal qui, transporté par les glaces à une grande distance de son territoire de chasse, utilise son GPS interne pour retrouver son chemin? On n’en sait rien, nous a répondu par courriel le biologiste de l’Université de l’Alberta Andrew Derocher, spécialiste des ours blancs. «Nous ne savons pas grand-chose, à part qu’ils ont une remarquable capacité à naviguer.»

Surtout l’odorat

Mais il reste que c’est d’abord par son odorat que l’ours s’oriente: il repère ses proies et il peut aussi, semble-t-il, détecter la terre ferme lorsqu’il en est encore à des kilomètres — un atout, lorsque les glaces fondent et qu’il lui faut passer l’été sur le continent ou sur une île.

Quant à l’ours polaire de la Basse-Côte-Nord québécoise, personne ne peut dire s’il rejoindra son territoire d’origine: le phoque dont il raffole va être difficile à trouver, à présent que le printemps éloigne les glaces des rivages du Golfe Saint-Laurent et du Labrador.

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Et s’il meurt de faim quelque part, aucun scientifique ne sera là pour le savoir. «Si j’avais à gager, je ne mettrais pas mon argent sur ses chances de survie»,  disait mardi Andrew Derocher au journal Le Soleil.

Sous observation

Depuis 2009, des femelles sont capturées à proximité de l’Alaska et munies d’un collier qui permet ensuite de les suivre par satellite. On espère ainsi en apprendre davantage sur leurs déplacements.

La télévision britannique, la BBC, rapportait l’an dernier qu’un ours polaire avait mis pied en Islande, à 500 mètres d’un village. On ne saura jamais s’il aurait été capable de retourner à la nage au Groenland, sa terre natale: il a été rapidement abattu.

Dans les Territoires du Nord-Ouest canadien, rapporte Derocher, des ours polaires sont également abattus quand ils s’approchent trop d’un village. Là encore, on ignore s’ils auraient vraiment su où s’en retourner — et les habitants de la région ne sont pas intéressés à ce qu’un animal de 400 à 600 kilos s’habitue à fouiller dans leurs poubelles.

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