Louise Penny: deviner la réponse sans connaître la question

Louise Penny, Le loup gris, roman traduit de l’anglais par Paul Gagné, Montréal, Éditions Flammarion Québec, 2024, 504 pages, 34,95 $.

Publié 15/01/2025 par Paul-François Sylvestre

Dans son 19^e roman de la série mettant en vedette l’inspecteur-chef Armand Gamache, Louise Penny se tourne vers la résolution d’un crime environnementaliste qui, étrangement, nous conduit chez des moines qui vivent cloîtrés et en silence, tant au Québec qu’en France.

Dans ce polar intitulé Le loup gris, le chef des homicides de la Sûreté du Québec et son équipe doivent résoudre un imbroglio bien plus tragique que n’importe quel meurtre.

À mesure que le danger de contamination d’une usine de filtration des eaux s’avère imminent, leur chasse devient de plus en plus désespérée, voire frénétique.

Le pire

Supposer le pire et se préparer à l’affronter était un aspect du travail d’Armand Gamache. «S’efforcer de le voir venir. Et ce qu’il voyait venir éclipserait le soleil.»

À cela s’ajoute le fait que Gamache et son équipe opère dans un milieu où le meurtre constitue une sorte de passe-partout…

Louise Penny aime placer Gamache et son adjoint Jean-Guy Beauvoir dans des situations où la réponse est probablement sous leurs yeux, sauf qu’ils ne connaissent pas la question. «Gamache avait l’impression que Beauvoir et lui étaient coincés dans une toile aux fils invisibles. En train de s’empêtrer.»

Grandes oeuvres

La romancière aime aussi faire référence à des œuvres de grands écrivains. Elle cite ces paroles tirées de la pièce Meurtre dans la cathédrale, de T.S. Eliott: «Quelque mal inconnu nous arrive dessus. Nous attendons et attendons.» C’est une référence l’assassinat brutal de Thomas Becket.

Dans une enquête, il s’agit parfois moins de découvrir les éléments importants que d’éliminer le superflu. Pour y arriver, on visite Washington, Rome, Ottawa et même le petit village de Vankleek Hill dans l’Est ontarien.

Monastère

Au monastère Saint-Gilbert-entre-les-Loups, il y un frère qui sait des choses qu’il aurait dû ignorer et un abbé qui est désolé de ne pas pouvoir dire la vérité.

Il y a même une moine devenu adepte du «christianisme musclé», prêt à abandonner la prière au profit de l’action criminelle.

Seuls deux moines connaissent la recette de la Chartreuse, liqueur concoctée en 1840 à partir de 130 herbes botaniques. Un voleur a glissé dans le veston de Gamache une liste énumérant quelques-unes de ces herbes. Il s’agit, bien entendu, d’un indice sur une piste à explorer.

Gamache à l’écoute

Certains reprochent à Gamache d’être mou, trop sensible, de se soucier presque plus des émotions que des faits. En agissant ainsi, il se met à l’écoute, il tente de comprendre.

Sa vie aurait été bien différente s’il était devenu professeur, ébéniste ou agriculteur, «s’il avait étudié autre chose que les raisons qui poussent des humains à s’entretuer».

Un autre loup

Les romans policiers de Louise Penny vont plus loin qu’une intrigue bien ficelée. Dans ses remerciements à la fin du volume, elle souligne que son écriture traite du sentiment d’appartenance, du courage, du triomphe de l’amour et de la force de l’amitié.

On n’a pas fini d’entendre hurler les loups. Sur la dernière page, on peut lire: Le loup noir, prochain roman de la série Armand Gamache enquête.

Auteurs

Paul-François Sylvestre

Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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