L’Ontario veut transférer des écoles anglaises aux francophones

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Le ministre de l'Éducation, Paul Calandra, dans une école d'Ottawa le 12 décembre. Photo: Sébastien Pierroz, Le Droit
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Publié 13/12/2025 par Émilie Gougeon-Pelletier

Le ministre de l’Éducation Paul Calandra veut transférer des écoles anglaises «sous-utilisées» aux conseils scolaires de langue française, en réponse à l’explosion d’inscriptions des élèves francophones en province.

Adoptée en novembre, la Loi 33, qui donne au ministre de l’Éducation le pouvoir de superviser plus facilement les institutions scolaires, lui permet aussi de «transférer beaucoup plus rapidement aux conseils scolaires francophones» les écoles publiques anglaises lorsqu’il constate qu’elles sont sous-utilisées, a-t-il souligné lors d’un événement de presse à Ottawa, ce 12 décembre.

«Et nous allons le faire. Nous le faisons déjà dans la région de Parry Sound. Nous allons le faire dans la région de Sturgeon Falls, et nous étudions cette possibilité à l’échelle du système», a-t-il déclaré.

Six conseils scolaires en tutelle

Le ministre Calandra a déjà commencé à exercer les nouveaux pouvoirs que lui confère la Loi 33, au cours des dernières semaines, en mettant six conseils scolaires anglophones sous tutelle.

La mise sous tutelle la plus récente, soit celle du Near North District School Board, annoncée la semaine dernière, en est un exemple.

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Citant «le dysfonctionnement et la mauvaise gestion profondément enracinés» au sein de ce conseil scolaire, le ministre de l’Éducation a annoncé qu’il assurerait personnellement sa supervision.

Devenant ainsi propriétaire des terrains de ce conseil scolaire, le ministère de l’Éducation peut maintenant transférer l’école anglophone McDougall, un établissement dans la région de Parry Sound, au Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario.

Dans cette région, les francophones du primaire et du secondaire étudient à l’école publique aux Quatre-Vents, installée «temporairement» dans un centre commercial depuis cinq ans.

Plus de mal que de bien

N’empêche, cette idée pourrait faire plus de mal que de bien au système d’éducation francophone de l’Ontario, selon la porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation à Queen’s Park, Chandra Pasma.

«Parfois, il est judicieux d’avoir recours à des solutions créatives, mais je pense qu’il faut être très prudent avant de considérer cela comme la solution, plutôt que de fournir du financement aux conseils scolaires francophones pour la construction d’écoles», affirme la députée néo-démocrate d’Ottawa-Ouest-Nepean, Chandra Pasma.

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Elle note que «lorsque les conseils scolaires francophones récupèrent sans cesse des écoles vétustes des conseils anglophones, ces dernières se retrouvent dans un état de délabrement avancé, et il faut consacrer davantage de fonds aux réparations».

«Si l’on va dans une vieille école en mauvais état, et qu’il y a juste en face une toute nouvelle école anglaise, les chances sont que les parents vont inscrire leurs enfants francophones dans cette dernière», dit-elle.

Le ministre Calandra a assuré lundi qu’il ne souhaite pas «donner des écoles de seconde main» aux francophones.

«Il s’agit plutôt de garantir à chaque élève la possibilité d’être scolarisé le plus près possible de son domicile, a-t-il précisé. Le système d’éducation francophone se développe très rapidement et nous investirons dans la construction de nouvelles écoles lorsque c’est nécessaire.»

Démocratie scolaire

Le ministre Calandra continue de croire que les conseillers scolaires «ne sont plus la méthode la plus efficace pour répondre aux besoins des parents», mais qu’il continuera d’être «un fervent défenseur» des droits constitutionnels des francophones et des catholiques.

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«Caroline Mulroney, la ministre des Affaires francophones, qui siège à mes côtés en chambre [à l’Assemblée législative], me rappelle chaque jour ce droit et cette garantie constitutionnels», a-t-il noté.

Paul Calandra avait initialement indiqué qu’il annoncerait tout changement de gouvernance avant la fin de l’année, mais il a depuis déclaré qu’il avait besoin de plus de temps pour s’assurer que les questions constitutionnelles soient pleinement prises en compte.

«Les élus scolaires anglais ne bénéficient d’aucune garantie constitutionnelle ou statutaire. Je pourrais donc les supprimer d’un simple trait de plume demain, si je le voulais. Mais ce n’est pas le cas actuellement.»

Catholiques et francophones protégés

On ne sait pas encore comment la province justifierait l’élimination des postes de conseillers scolaires dans le système public anglophone sans toucher aux élus catholiques et francophones.

Le ministre de l’Éducation n’a pas non plus expliqué comment il prévoit instaurer deux systèmes différents où les parents francophones et catholiques auraient accès à des représentants élus, contrairement aux parents des écoles publiques de langue anglaise.

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Or, Paul Calandra a assuré qu’il n’y aura aucune fermeture de conseils scolaires, de fusions de conseils scolaires ou d’écoles à charte.

Cela «ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de changements dans la structure de gouvernance», a-t-il toutefois précisé.

– Avec des informations de Sébastien Pierroz

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