Les tarifs de Trump: retour au 19e siècle

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Le président Donald Trump le 2 avril, dévoilant quels tarifs s'appliqueront à quels pays, en vertu d'un calcul basé sur le déficit commercial des États-Unis avec ces pays. Photo: Maison-Blanche, domaine public
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Publié 07/04/2025 par François Bergeron

Les tarifs tous azimuts, décrétés par le président américain Donald Trump, annonciateurs d’inflation et de récession, ramènent l’économie mondiale et les relations internationales au 19e siècle.

En effet, Trump rêve de l’époque où les gouvernements se finançaient surtout par les droits de douane. Il imagine pouvoir commencer à réduire le gigantesque déficit financier du gouvernement américain (2 trillions $ sur des dépenses de 7 trillions $) au moyen des tarifs imposés aux produits importés.

Éventuellement ces produits importés seraient remplacés par les mêmes produits ou des produits semblables faits aux États-Unis. Le hic, c’est que les revenus de ces tarifs diminueraient en même temps que les importations.

tarifs, budget USA
Le budget 2024 du gouvernement américain, en milliards de dollars. Les tarifs comptent présentement pour une faible part des revenus. Image: Visual Capitalist

Pas «réciproques»

Calculés selon une formule mathématique inutilement complexe qui se résume par «le déficit commercial des États-Unis avec un pays, divisé par ce que les États-Unis importent de ce pays», ces tarifs ne sont aucunement «réciproques». Ils ne sont pas basés sur les tarifs imposés aux produits américains, mais plutôt sur un calcul du déficit commercial avec chaque pays.

Certains pays exportent une bonne partie de leur production aux États-Unis, mais n’y achètent presque rien. Leur déficit commercial avec les États-Unis est donc énorme.

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Le Lesotho, par exemple, est frappé de tarifs de 50% (le maximum, mais qui, pour d’autres pays, peuvent s’ajouter à d’autres tarifs antérieurs ou sur certains produits stratégiques, ou bénéficier d’exceptions). Ce petit pays enclavé dans l’Afrique du Sud exporte une grande partie de sa production de vêtements, ainsi que de diamant, aux États-Unis.

En réalité, ce sont des Américains, pas des Africains, qui importent les jeans et le diamant du Lesotho. Le roi Letsie III a rarement mal au ventre de trop rire d’exploiter la naïveté des Américains, comme le laisse entendre Donald Trump.

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La formule permettant de calculer les tarifs américains applicables à n’importe quel pays: exportations moins importations, divisées par importations.

Inflation et récession

Les tarifs de Trump sont donc des taxes infligées aux importateurs américains, refilées aux consommateurs américains, et destructrices d’emplois aux États-Unis comme chez nous et peut-être au Lesotho.

En théorie, la production américaine prendrait le relais et créerait des emplois. En pratique, les contre-tarifs et autres représailles des partenaires commerciaux vont plomber les exportations et les emplois américains qui vont avec.

La production locale, protégée de la concurrence étrangère, ne vend pas ses produits moins chers et devient plus paresseuse. Cela détourne des investissements qui auraient été consacrés à des secteurs plus performants.

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Et les services?

Enfin, soulignons que les services financiers, légaux, techniques et autres sont absents du raisonnement de la Maison-Blanche.

Les usines en briques et leurs produits palpables ont toujours constitué la partie la plus visible – voire «romantique» – de l’économie. Mais au 21e siècle, le commerce des services est énorme. C’est pour ça qu’au Canada, la TPS est une «taxe sur les produits et services».

On n’est plus au 19e siècle.

Le plus beau mot

Questions: Pourquoi découvre-t-on aujourd’hui – trop tard – l’obsession et les fantasmes de Trump pour les tarifs?

On aurait dû réagir quand il répétait que «tarif est le plus beau mot du dictionnaire».

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Ses adversaires ne trouvaient pas ça important? Ses alliés pensaient pouvoir le raisonner?

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et numériques, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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