Les rapports humains dans un monde en mutation

Quinze nouvelles originales

Michel Lozeau, Facultés affaiblies, nouvelles, Montréal, Éditions Druide, coll. Écarts, 2017, 184 pages, 19,95 $.
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Publié 07/01/2018 par Paul-François Sylvestre

Il vous est probablement déjà arrivé de perdre vos moyens à cause d’un fol amour, d’un désir incontrôlable, de la consommation d’alcool ou de drogues, voire à cause de l’emprise des nouvelles technologies. Dans Facultés affaiblies, Michel Lozeau propose quinze nouvelles inspirées de ce genre d’écarts inattendus. L’action se déroule tour à tour à Sherbrooke, Montréal, Paris, voire au Mali et aux États-Unis.

J’aime ordinairement lire de courtes nouvelles, mais ici on a souvent droit à des textes de 10, 15 ou 20 pages. Ils sont tous tellement originaux qu’on les lit d’une traite.

Une nouvelle est le journal d’un autocollant, d’un Post-it, et une autre est un dialogue entre Facebook, LinkedIn, Bluetooth, iCloud et bien d’autres plateformes que j’ignore puisque je ne vis pas vraiment dans le xxie siècle (je n’ai même pas un téléphone cellulaire).

Dans la nouvelle intitulée Jeune femme russe, trente-six ans, cherche…, un sexagénaire imagine tour à tour une Lyudmila blonde aux yeux bleus et aux dessous affriolants, puis une Olga massive aux mains rugueuses plongées dans le savon à lessive. À la fin de cette histoire un peu corsée, l’auteur ajoute, ce qui est rare, une note précisant que tout est fictif. On ne saura jamais «si son fantasme a un rapport avec la réalité».

Dans un autre nouvelle, j’ai découvert ce qu’est le catfishing, soit le fait de se donner une fausse identité sur les réseaux sociaux afin de créer des déceptions romantiques.

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Il y a aussi cette histoire d’un couple septuagénaire qui s’égare dans un train allemand au moment d’un arrêt. Cela m’a rappelé que le train Toronto-Ottawa s’arrête lui aussi en route pour se séparer, une portion bifurquant vers Montréal, l’autre poursuivant sa route vers la capitale fédérale.

De charmants voisins est une nouvelle qui nous tient en haleine pendant 18 pages. Les voisins en question sont des escrocs qui cachent bien leur jeu. J’ai aussitôt pensé à mon roman Ces chers escrocs où, là aussi, l’illégalité a bien meilleur goût.

Michel Lozeau a une imagination débridée qui le pousse à concevoir un xxiie siècle où on peut vivre jusqu’à 400 ans! Résultat: «Les économies des pays du G20 avaient sauté les unes après les autres sous le fardeau intolérable de décennies entières de nouveaux retraités qui ne mouraient plus…»

Dans un autre texte fort rythmé, l’auteur imagine un affrontement entre deux gangs de rues, qui règlent un différend en devenant… des slammeurs.

Chacune de ces quinze nouvelles met en scène «des êtres sensibles confrontés à un monde qui se transforme à vitesse grand V», explique l’auteur. «J’aime explorer la transformation des rapports humains dans ce monde en mutation, ainsi que les décalages culturels qui peuvent désorienter et parfois provoquer angoisses, incompréhensions ou conflits.» Plaisir garanti!

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C’est après avoir passé trente ans dans le monde de la finance et de l’informatique que Michel Lozeau s’est tourné vers l’écriture. Comme il a beaucoup voyagé, ses nouvelles nous font traverser des horizons parfois inattendus.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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