Les politiciens ne visent que leur réélection: vivement le mandat unique!

OPINION: Nos dirigeants passent l'essentiel de leur temps à travailler à leur réélection. Le mandat unique changerait leur perspective.
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Publié 11/05/2021 par Philippe Porée-Kurrer

Si la CoViD-19 a révélé une chose, c’est bien l’incapacité de nos systèmes politiques à gouverner. Et non seulement à gouverner, mais aussi à assurer la sécurité des citoyens. N’accorder qu’un mandat unique à nos élus les inciteraient à s’occuper des vrais problèmes.  

Une démocratie repose sur le vote des citoyens (et citoyennes — tout ce qui suit devant bien sûr être entendu propre aux deux genres grammaticaux).

Dans la grande majorité des cas, le candidat qui remporte cinquante pour cent des voix plus une est élu. Que fait-il ensuite? Il passe son temps à tout faire — ou à ne rien faire — pour être réélu à l’élection suivante, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’un autre suive le même parcours. 

Mandat unique: l’exemple de la covid

Nul ne sait exactement quand et comment est apparu à Wuhan le SARS-CoV-2, ni même s’il est originaire de Wuhan.

Par contre, ce que l’on savait dès la fin 2019, c’est que le foyer principal était actif dans cette ville (où les autorités locales ont cherché à le dissimuler de crainte d’irriter le pouvoir central). Que s’est-il passé alors? Rien!

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Tous les médias ont commencé à en parler, l’OMS à suivre la situation plutôt qu’à prendre les devants, et les politiciens de tous bords à prétendre avec une assurance propre à rassurer tout le monde que la situation était sous contrôle.

L’était-elle? Nous savons aujourd’hui ce qu’il en est.

Fin décembre 2019: un message sur le réseau social chinois Weibo mentionne que le Comité municipal de santé de la ville de Wuhan a publié «un avis d’urgence sur le traitement d’une pneumonie de cause inconnue».

Circonscrire le foyer d’une épidémie

Selon toute logique, on peut seulement prétendre qu’une situation épidémique est sous contrôle lorsque le foyer de virulence est rendu étanche avec l’extérieur.

C’est l’expérience apprise par l’humanité au cours des millénaires. Lorsqu’une épidémie se déclare, on place la zone contaminée en quarantaine jusqu’à ce que ce soit terminé. Ni trois jours, ni quinze jours, ni même quarante jours, mais jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun cas.

C’est très difficile pour la région concernée, les biens ne transitent qu’à travers un seul couloir restreint, mais au moins le reste du monde est épargné. Ou s’il arrive qu’une autre région limitrophe soit touchée à son tour, on l’isole comme la première.

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Ce qui est valable pour une région l’est tout autant pour un pays. C’est la seule et unique façon de faire face à une épidémie afin ne qu’elle ne devienne pas une pandémie.

Difficile de limiter les déplacements

Sauf bien sûr lorsqu’on est politicien, qu’on veut repasser aux prochaines élections, et qu’à cet effet on cherche par tous les moyens à ne pas générer d’insatisfaction de quelque sorte que ce soit. Surtout pas celle de limiter les déplacements!

Ainsi, partout dans le monde les avions ont continué à aller et venir dans tous les sens, y compris à Wuhan d’où, pour des raisons «humanitaires» nos chefs d’État ont même appuyé le rapatriement des ressortissants de leurs pays respectifs.

Le reste du monde aurait pourtant préféré que l’épidémie soit contenue à Wuhan ou à la province de Hubei ou même à la Chine.

Parfois, un pays en mettait un autre sur une liste noire, laquelle liste changeait la semaine ou le mois suivant sans que l’on sache très bien pourquoi.

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Encore au moment où j’écris ces lignes, le virus se répand en Inde comme une traînée de feu, mais les avions continuent d’en arriver au Canada ou ailleurs, et si ce n’est plus directement, ça l’est via d’autres pays qui n’ont pas mis cette barrière.

La situation est absurde, mais il faut faire comme si tout était toujours sous contrôle. Les prochaines élections, voyons!

vaccin Ontario
En date du 11 mai 2021, 400 000 des 14,5 millions d’Ontariens ont reçu les deux doses requises d’un des vaccins contre la covid. Photo: Annik Chalifour

Mandat unique: l’exemple de la vaccination

Ne parlons pas de la vaccination où le tâtonnement tient lieu de science.

Par exemple avec le vaccin AstraZeneca. On a d’abord assuré à des populations que c’était bon pour tout le monde, puis seulement pour les personnes âgées, puis plus du tout pour les personnes âgées, puis de nouveau parfait pour les plus de 55 ans, puis les 50, puis les 40 et maintenant les 30.

Résultat, personne ne sait plus quoi en penser. À juste titre!

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Le problème? Le problème est qu’il faut encore une fois donner l’illusion que tout est sous contrôle, même si rien ne l’est. L’illusion doit perdurer coûte que coûte.

Il ne s’agit pas de laisser entendre ici que tel ou tel vaccin n’est pas fiable, seulement de démontrer que celui-ci en particulier semble avoir été poussé de l’avant afin surtout que le mécontentement face aux retards dans la course à la vaccination n’enfle outre mesure. Les prochaines élections, voyons!

Même le changement d’heure!

Ce que révèle la CoViD-19 vaut malheureusement pour tout le reste. Qu’il suffise de penser à quelque chose d’aussi banal, pour ne pas dire idiot, que le changement d’heure.

Les réformes essentielles n’ont pas lieu, car cela pourrait coûter des voix, et d’autres qui ne devraient jamais voir le jour sont promues parce qu’à la mode et donc rentables le jour des élections.

Qui a jamais travaillé dans un ministère sait que les décisions au sommet sont toujours prises en fonction du degré de satisfaction ou de mécontentement anticipé.

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Exactement comme si des parents, de crainte de s’aliéner la camaraderie de leur fille de douze ans, la laissaient parcourir les rues de la ville au milieu de la nuit. On sait bien que, dans un monde idéal, les jeunes filles devraient pouvoir se promener la nuit en toute sécurité, mais convenons qu’il reste encore un grand chemin à parcourir avant qu’un tel monde existe.

Mandat unique VS populisme

C’est exactement pour cette raison que, si l’on veut que la démocratie subsiste face aux populistes et aux autocrates qui n’ont jamais semé que la haine, la discorde et le chaos, la première réforme qui s’impose est de rendre inconstitutionnel pour un politicien d’être élu à plusieurs reprises.

On pourrait allonger la période du mandat unique à cinq ou même sept ans, ainsi l’élu aurait toute latitude pour réaliser son programme et ses promesses en vue de laisser derrière lui l’image de quelqu’un qui a fait ce devait être fait, y compris en période de crise.

En un mot, il gouvernerait alors dans l’intérêt public plutôt que dans celui de sa réélection.

mandat unique
Le premier ministre Justin Trudeau et le président Donald Trump à un sommet de l’OTAN à Londres le 3 décembre 2019. Photo: Shealah Craighead, Maison-Blanche, Flickr.

Mandat unique: le bien commun plutôt que la carrière

De cette manière aussi, le mandat unique augmenterait de façon significative les chances que la prochaine épidémie – car il y en aura de plus en plus – devienne une pandémie, ou tout au moins qu’elle piétine aux frontières des pays qui seront réellement gouvernés pour le bien commun.

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Quel politicien actuel aura le courage de proposer cette réforme? S’en trouve-t-il pour mettre le bien commun avant ce qui n’aurait jamais dû être envisagé comme une carrière, mais bien comme l’occasion unique et hautement honorable du service public?

En fait, la question à laquelle les démocraties doivent répondre, c’est de savoir si le peuple doit s’autogouverner à travers des représentants fantoches qui ne visent que leur réélection et celle de leur parti, ou si le peuple doit se choisir une tête pour être réellement gouverné.

Dans les deux cas c’est au peuple de choisir, cela s’appelle la démocratie. L’un des choix cependant risque fort un jour de déboucher ou sur la tyrannie ou sur l’anarchie.

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