Les parents devraient diminuer l’exposition des enfants aux écrans

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Les effets des écrans sur le développement des tout-petits ne sont pas encore parfaitement compris, mais on pense qu'il vaut mieux vaut diminuer leur exposition. Photo: iStock/SB Arts Media
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Publié 02/04/2023 par Kathleen Couillard

Télévisions, tablettes, téléphones… Les écrans sont partout et les tout-petits y sont beaucoup plus exposés qu’avant, suscitant toutes sortes d’inquiétudes.

Quels sont les dangers des écrans chez les jeunes enfants?

En 2020, le Haut Conseil de la santé publique de la France a publié une analyse des données scientifiques sur les effets de l’exposition des enfants aux écrans.

En tout premier lieu, selon les auteurs, les effets négatifs des écrans sur le sommeil sont bien établis. Cette opinion est partagée par l’Académie américaine de pédiatrie dans son document de principe publié en 2016.

Deux mécanismes expliquent cette association. D’abord, la lumière bleue des écrans supprime la production de mélatonine, ce qui affecte le rythme circadien.

Ensuite, certains contenus stimulent les tout-petits avant d’aller au lit. Les écrans retardent ainsi l’endormissement et diminuent la durée ainsi que la qualité du sommeil.

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D’autre part, l’agence française établit une association entre l’exposition aux écrans et le surpoids ou l’obésité. Le Royal College of Paediatrics and Child Health du Royaume-Uni est arrivé à la même conclusion en 2019: les enfants qui passent plus de temps devant les écrans ont une alimentation moins santé et consomment davantage de calories.

La Société canadienne de pédiatrie remarquait toutefois en 2022 qu’il n’y a pas d’association entre le temps passé devant un écran et la prise de poids à l’âge préscolaire. Cependant, les scientifiques observent une augmentation du risque de sédentarité et de surpoids plus tard dans la vie.

Enfin, l’exposition des tout-petits à plusieurs formes d’écrans serait associée à une diminution de l’attention, selon la Société canadienne de pédiatrie.

De plus, les autorités de santé publique française, américaine et britannique notent un lien entre l’utilisation excessive des écrans et des troubles émotionnels comme les symptômes dépressifs.

Y a-t-il des bénéfices?

Cependant, tout n’est pas négatif. Selon la Société canadienne de pédiatrie, l’utilisation des écrans pour accéder à des contenus de qualité pourrait améliorer les aptitudes sociales des tout-petits en leur enseignant l’empathie, la tolérance et le respect.

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Par ailleurs, les appareils mobiles pourraient fournir des occasions d’interactions. Par exemple lorsque les tout-petits peuvent converser à distance avec un membre de la famille grâce à la téléconférence.

Les écrans pourraient également favoriser l’apprentissage du langage et le développement des aptitudes nécessaires à la lecture et à l’écriture, à condition que le contenu soit de qualité et adapté à leur âge. Et à condition, remarque la Société canadienne de pédiatrie, qu’un adulte soit présent pour superviser l’activité.

Il faut toutefois souligner que d’autres études citées par ces différents rapports ont plutôt observé des retards de langage chez les bébés avec une plus grande exposition aux écrans. Les experts insistent d’ailleurs sur le fait que les interactions directes avec une vraie personne sont plus efficaces que n’importe quelle application.

Toujours selon la Société canadienne de pédiatrie, les écrans tactiles pourraient stimuler le développement de la motricité fine, mais de longues périodes d’utilisation des écrans chez les tout-petits seraient associées à de moins bonnes habiletés motrices en général.

Des résultats contradictoires ont aussi été obtenus concernant l’effet des écrans sur le développement cognitif, ajoute le Haut Conseil de la santé publique de France.

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Dans tous les cas, l’Académie américaine de pédiatrie souligne que les bénéfices des écrans sont limités avant l’âge de 2 ans. La mémoire symbolique et l’attention sont alors très immatures et ces enfants ont de la difficulté à appliquer ce qu’ils voient à l’écran dans la réalité.

Par exemple, dans une expérience mentionnée par l’Association américaine de psychologie, on montrait à des tout-petits une vidéo où un chercheur cachait un objet dans la pièce où ils se trouvaient. Les jeunes sujets ne parvenaient toutefois pas à le retrouver par la suite.

Des effets directs ou indirects des écrans?

Les études sur les écrans comportent plusieurs lacunes, nuance l’Association américaine de psychologie.

D’abord, on ne dispose pas d’études longitudinales, c’est-à-dire réalisées sur une longue période de temps.

De plus, jusqu’à tout récemment, les études ne tenaient que rarement compte du type d’écran, de la qualité du contenu ou de l’environnement socio-économique de l’enfant. Le Royal College of Paediatrics and Child Health insiste d’ailleurs sur la nécessité de faire plus d’études sur les plus récentes technologies.

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Le Haut Conseil de la santé publique souligne pour sa part que des liens de cause à effet n’ont pas encore été démontrés.

En effet, les écrans pourraient agir de façon indirecte en modifiant certains comportements de l’enfant, notamment son alimentation ou son niveau d’activité, ou en devenant une source de distraction.

Ils pourraient ainsi diminuer la qualité des interactions entre un enfant et ses parents, ou remplacer des activités bénéfiques comme le sommeil, la lecture ou l’exercice physique. L’effet toxique direct des écrans est donc contesté par certains experts, écrit le Collège royal.

Quelles sont les recommandations?

Dans son analyse des études scientifiques en 2020, l’agence française conclut que la recherche existante ne permet pas d’établir un seuil en dessous duquel l’utilisation des écrans ne comporterait pas de risques pour les tout-petits.

Cependant, les experts savent que les risques d’effets négatifs augmentent avec le nombre d’heures passées devant un écran. Ce risque peut varier selon le type d’écran et selon l’âge de l’enfant.

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Pour ces raisons, la plupart des autorités de santé publique recommandent d’éviter complètement les écrans avant l’âge de 2 ans, à l’exception des applications permettant de converser à distance avec un membre de la famille.

Entre 2 et 5 ans, le temps d’écran ne devrait pas dépasser une heure par jour.

De plus, les parents devraient privilégier des contenus éducatifs et s’assurer d’être présents avec leur enfant pendant l’utilisation de l’écran.

La société canadienne de pédiatrie souligne d’ailleurs que les écrans ne devraient pas être utilisés régulièrement pour calmer l’enfant puisque ce comportement pourrait l’empêcher d’apprendre à réguler ses émotions.

Auteurs

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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