Écrivain vivant aux abords de la rivière des Outaouais, au Québec, Jean-Louis Grosmaire est de ceux qui ont suffisamment regardé dans les yeux un chien ou un chat triste, même un écureuil souffrant, pour pouvoir affirmer que les animaux ont une âme. Si l’outarde que l’écrivain a voulu protéger du froid et de la cruauté des hommes est malheureusement morte, il en conserve une plume et s’en sert pour dire cet animal, et combien d’autres, dans un ouvrage intitulé Les Petites Âmes.
Jean-Louis Grosmaire nous raconte des histoires d’animaux qui ont souvent trop fréquenté certains hommes pour leur faire confiance. C’est le cas de ces bernaches, trop nombreuses au dire de certains, qui seraient une nuisance pour les golfeurs et les baigneurs. «Moi, je n’ai encore jamais vu une bernache sortir un fusil, ni même tirer une balle de golf sur un pare-brise!»
Dans une autre histoire d’une rare tendresse, l’auteur raconte comment un renard a annoncé la venue d’un enfant pour la mère adoptive qui le contemplait de loin. Grosmaire précise alors que «cette histoire, comme toutes celles de ce recueil, est totalement authentique».
Même si les histoires font toutes écho à des faits réels, elles prennent l’allure de fables qui renferment chacune leur petite dose de sagesse. L’une d’elle se demande si nous n’avons pas perdu l’envie de jouer comme des petits chiens. «Ils sont là pour nous apprendre à ne pas oublier cette joie.»
Jean-Louis Grosmaire est un homme sensible et ses mots traduisent bien son credo affectif et émotif. La conclusion de l’une de ses histoires en fait brillamment foi: «Qui n’a point eu de compagnons aussi fidèles que ceux qui nous entourent ne peut comprendre ce que signifie la perte d’une petite âme. Ces amis laissent plus que des souvenirs dans un album de photos, c’est une absence douloureuse.»