«Tous les juges de la Cour suprême du Canada doivent être bilingues, sans assistance d’interprète. Sinon, comme les mémoires déposés en français ne sont pas traduits, il en résulte une inégalité de justice pour les justiciables de langue française.»
C’est ce qu’a déclaré l’ex-juge Michel Bastarache, le 8 avril dernier, lors de la rencontre virtuelle organisée par l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) et le Comité des langues officielles de l’Association du Barreau de l’Ontario (ABO) sur le thème Sucre et causeries.
L’article 133 de la Loi constitutionnelle de 1867 prévoit que, dans toute plaidoirie ou pièce de procédure devant les tribunaux ou émanant des tribunaux du Canada, il peut être fait usage de la langue française ou de la langue anglaise.
150 ans plus tard, c’est encore difficile?
Michel Bastarache refuse de croire que, plus de 150 ans après l’entrée en vigueur de ce droit d’utiliser l’une ou l’autre de nos deux langues officielles, il serait impossible d’identifier, dans les différentes régions du pays, neuf juristes bilingues aptes à siéger au plus haut tribunal du pays.
«Personne n’est née bilingue; les anglophones peuvent apprendre le français comme les francophones apprennent l’anglais.» Dans les onze années (1997-2008) où Michel Bastarache a été juge à la Cour suprême, environ 90% des causes entendues en français étaient en provenance du Québec, et les avocats des parties comparaissaient devant un banc formé seulement de sept juges.