Le tour du monde de Jules Verne en 1000 mots

Lorsqu’on pense aux romans de Jules Verne, viennent à l’esprit des voyages fantastiques et toutes sortes d’aventures: Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune, Vingt-mille lieues sous les mers, Le tour du monde en 80 jours…

L’oeuvre de l’écrivain français est impressionnante, mais ne se résume pas seulement à des romans d’aventure. Aux 68 romans qu’il a écrits pour les Voyages Extraordinaires, on peut ajouter le roman L’épave du Cynthia, 14 titres des Contes et nouvelles, 6 pièces de théâtre, 40 poèmes, 13 chansons, 23 essais et ouvrages historiques et 5 discours.

C’est le résultat d’une soixantaine d’années de travail acharné, puisque Verne, un écrivain méthodique, consciencieux, talentueux et infatigable, révisait et récrivait plusieurs fois chacun de ses romans.

Fils de Nantes

Né le 8 février 1828, Verne était le premier de cinq enfants issus du mariage entre Pierre Verne, natif de Provins, et Sophie Allotte de la Fuÿe, d’origine bretonne-écossaise. La maison natale de l’écrivain étant située sur l’île Feydeau dans la ville de Nantes, «la Venise de l’Ouest».

L’auteur y a puisé une inspiration riche et intarissable pour ses romans. Le Loire, les îles, les ports et les bateaux berçaient son enfance et sont des éléments récurrents dans ses écrits.

Après avoir passé vingt ans à Nantes, Jules Verne est parti pour Paris afin de terminer ses études de droit, carrière qu’il a abandonné en 1852 pour se dédier presque exclusivement à l’écriture.

En 1856, il est allé à Amiens, où il a rencontré sa femme, Honorine de Viane, veuve, lors du mariage d’un ami. Marié à son tour l’année suivante, Verne deviendrait le père de Michel, né en 1861, et le beau-père de Suzanne et Valentine Morel, filles du premier mariage d’Honorine.

Un contrat pour deux romans par an

Le 31 janvier 1863, l’éditeur Jules Hetzel a publié Cinq semaines en ballon, le premier roman de Verne et son plus grand succès après Le tour du monde en quatre-vingt jours, publié en 1872. En 1864, l’écrivain a signé un contrat avec Hetzel qui exigeait deux romans par an pour la collection Voyages extraordinaires.

En 1865, ce seraient trois romans par an!

En 1982, Verne et sa famille ont quitté Paris pour s’installer à Amiens, où l’écrivain meurt le 24 mars 1905.

Un écrivain pas comme les autres

Verne n’était pas un écrivain comme les autres, et cela pour plusieurs raisons. Ce fut le père de la science-fiction, un géographe, un globe-trotteur, un pionnier et un visionnaire. Voici quelques faits saillants de sa vie:

À l’âge de 11 ans et à l’insu de ses parents, il a essayé d’embarquer sur l’Octavie, un navire qui partait pour les Indes.

Enfant, Verne écrivait beaucoup de poèmes, des nouvelles, des pièces de théâtre et des chansons.

Son père, un avoué issu d’une famille de juristes, voulait qu’il devienne avoué à son tour et lui succède dans son cabinet à Nantes.

Membre de la Société de géographie

Ses parents n’avaient pas d’intérêt particulier pour la littérature. Bien que son père ait écrit des chansons, elles étaient destinées à être chantées en famille.

Jules Verne est devenu membre de la prestigieuse Société de géographie de France. Fondée en 1821, c’est la plus ancienne société de géographie du monde.

L’écrivain avait 35 ans à la publication de son premier roman Cinq semaines en ballon.

En 1870, on l’a décoré de la Légion d’Honneur. Vingt-deux ans plus tard, il est devenu officier.

En 1883, Verne a fait des démarches infructueuses pour devenir membre de l’Académie française.

Aveugle à la fin de sa vie

Au cours de sa vie, Jules Verne a visité une vingtaine de pays, souvent à bord de son yacht le Saint-Michel III, nommé en honneur de son fils.

Verne pouvait écrire plus de 15 heures d’affilée par jour sans jamais quitter son bureau.

À la fin de sa vie, Verne était aveugle, conséquence probable du diabète et des cataractes dont il était atteint, mais il continuait à produire des romans, dictant ses livres à une autre personne qui les écrivait à sa place.

Après la mort de l’écrivain, on a découvert plus de 20 000 cahiers de notes contenant des informations sur tous les domaines de la connaissance humaine.

Presque tout ce dont Verne a parlé dans ses livres a été inventé par la suite. Des scientifiques se sont inspirés de ses écrits.

L’oeuvre de Verne est traduite en 148 langues. Il existe plus de 2 500 traductions de ses romans. C’est l’auteur le plus traduit du monde après Agatha Christie.

Il existe évidemment un musée Jules Verne à Nantes.

Jules Verne et le Canada

Voici encore un fait intéressant que peu de gens savent: Jules Verne était un des rares écrivains français connus du 19e siècle à inclure le Canada dans ses écrits. Dans une lettre à son éditeur, il l’a appelé même son «pays de prédilection».

En fait, trois de ses romans sont consacrés au Canada:

• Le pays des fourrures, publié en 1873, dont les protagonistes sont des officiers de la Compagnie de la Baie d’Hudson en 1859. Le roman parle de l’exploration du nord canadien, du monde polaire et de la survie dans un monde sauvage et glacé.

• Famille sans nom, publié en 1889, dans lequel Jules Verne parle du Bas-Canada, des patriotes et des rébellions de 1837-1838. L’écrivain examine les rôles joués par les Français, les Britanniques et les Amérindiens tout en y apportant un grand nombre de précisions sur les enjeux politiques de cette période critique de notre histoire.

• Le Volcan d’or, écrit en 1899 et publié à titre posthume en 1906, qui livre aborde l’exploitation économique du territoire et des ressources du Nord-Ouest canadien. C’est l’époque de la ruée vers l’or, du Klondike. Les États-Unis et les «yankees» sont qualifiés de malhonnêtes et de redoutables concurrents des Canadiens.

L’âme de la France en Amérique du Nord

Ces trois romans ne parlent pas uniquement du Canada, mais aussi de la France. En grand visionnaire qu’il était, Jules Verne a vu le prolongement de son pays natal en Amérique du Nord.

Ces livres canadiens font comprendre que l’âme de la France est bel et bien ancrée dans le continent nord-américain. Verne n’a pas inventé que des sous-marins électriques, des hélicoptères, des vidéoconférences et des images holographiques. Il a aussi imaginé la grande francophonie de l’Amérique du Nord.

Cela dit, il est difficile de croire que Jules Verne n’a passé qu’un jour au Canada, en 1867, dans le sud de l’Ontario près des chutes du Niagara. Le reste de son savoir sur le pays a été puisé dans des livres, la quinzaine de journaux qu’il lisait d’un bout à l’autre chaque jour, son carnet de notes qui le quittait jamais, et grâce à ses grandes connaissances en géographie.