Écrivain anglophone qui vit à Toronto, Ray Robertson s’est inspiré très librement de la vie de Gram Parsons, pionnier du country-rock, pour écrire son troisième roman, Moody Food, qui vient d’être traduit en français sous le titre Les Nourritures mélancoliques et qui nous plonge dans le paradis de la contre-culture à Toronto en 1965. Ce paradis est le quartier Yorkville.
Deux amis mettent sur pied un groupe qui fusionne le folk, le country, le blues et le rock’n’roll. La carrière du groupe atteint son sommet avec un passage au légendaire Whisky Club de Los Angeles au cours d’une tournée américaine brève, mais intense. Malheureusement, les deux amis ne sont plus seulement sous le charme de la musique, mais aussi de substances de plus en plus dures, et la fête risque fort de mal tourner…
Le parcours de ces jeunes musiciens a l’intensité du Flower Power et, vous vous en doutez bien, connaît le destin tragique d’une génération dont les belles utopies ne survivent pas à ses héros. Point nécessaire de vous en dire davantage.
Je choisis plutôt de vous donner une idée de l’image ou de la géographie torontoise que le roman projette. Je me suis amusé, en effet, à relever les passages qui révèlent le coloris torontois des années 1960.
Yorkville occupe le haut du pavé. «Le quartier tout entier, les rues, les ruelles, les immeubles à loyer modique transformés en refuges pour hippies, était inondé de musique jouant à plein tube et de douces effluves d’encens.»