Le nom de préraphaélisme ou de préraphaélites pour les tenants de ce mouvement artistique peut induire en erreur, puisqu’il évoque ce grand maître de la peinture que fut Raphaël (1483-1520), présenté dans L’Express du 16 avril 2013 sous le titre L’harmonie, la grâce et la gloire.
Mais le préraphaélisme ne désigne pas l’art pictural qui a précédé Raphaël, illustré notamment par Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (v. 1448-1523, L’Express 21 octobre 2014), car il s’applique à un mouvement artistique britannique moderne, qui voit le jour à Londres vers le milieu du XIXe siècle, peu après le début du règne de la reine Victoria (1837).
Un déclin annoncé
À cette époque, la peinture anglaise a perdu sa créativité, engluée dans un conformisme académique qui ne laisse nulle place à l’imagination créatrice, mais à l’uniformité classique.
Des paysagistes comme William Turner (1775-1851) ou Joseph Constable (1776-1837) avaient bien, au début du siècle, apporté à la peinture une touche nouvelle et puissante. Mais ils ne furent pas suivis en Angleterre.
Dans leurs tableaux, les autres peintres présentaient des petites scènes de genre, d’intérieur, de cuisine, des chiens, des chevaux, le tout traité d’une manière banale, sans vigueur, dans une couleur glabre, avec des ombres trop foncées et des clairs trop éclatants. «Dans trente ans, l’art anglais aura vécu», avait pronostiqué Constable en 1821.