Le mythe «Pierre de Coubertin»

L’homme qui n’inventa pas les Jeux olympiques

Aymeric Mantoux, Pierre de Coubertin
Aymeric Mantoux, Pierre de Coubertin, l’homme qui n’inventa pas les Jeux Olympiques, essai, Paris, Éditions du Faubourg, collection Documents, 2024, 208 pages, 34,95 $.
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Publié 20/07/2024 par Paul-François Sylvestre

Les Jeux olympiques tenus à Paris du 26 juillet au 11 août sont les XXXIIIe de l’ère moderne. Le journaliste-éditeur Aymeric Mantoux profite de l’occasion pour publier un essai biographique choc intitulé Pierre de Coubertin, l’homme qui n’inventa pas les Jeux Olympiques.

L’auteur reconnaît que Courbetin (1863-1937) fut à l’origine du Comité international olympique et de ses lucratifs anneaux, mais démontre surtout, documents à l’appui, comment cet aristocrate ambitieux fut «colonial fanatique, pro-boche, misogyne, esprit étriqué, bourré de préjugés».

Aymeric Mantoux précise d’abord que l’idée de rénover les Jeux de l’Antiquité en 1896 n’était pas de Coubertin. L’Allemagne (1793), la Suède (1834) et la Grèce (1859) avaient tenté cette renaissance. La plupart des concepts suggérés par Coubertin existaient déjà. «C’est l’exécution de son plan qui fut réussie, pas forcément son idée».

Jeux réservés aux hommes

On attribue à Coubertin la devise latine des Jeux olympiques: Citius, altius, fortius (Plus vite, plus haut, plus fort). Rien n’est plus faux. Ces mots ont été prononcés par son mentor, le père dominicain Henri Didon. Il se les ai attribués en 1894.

Selon Coubertin, les Jeux olympiques doivent être réservés aux hommes.

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«Une Olympiade femelle serait inintéressante, inesthétique, et nous ne craignons pas d’ajouter: incorrecte.» Selon lui, «la supériorité de l’humanité est accordée au sexe capable de tuer, non à celui qui engendre». Plus que misogyne, le baron est un militant antiféministe.

Complicité avec les nazis

Deux long chapitres sont consacrés à la complicité de Coubertin envers les nazis. Il laisse d’abord l’Allemagne organiser les Jeux d’hiver (6-16 février 1936) où le chant Horst-Wessel-Lied retentit dans l’arène, vantant la violence du nazisme et hurlant une prochaine victoire d’Hitler.

Coubertin vénère l’Allemagne, qui est le premier pays en Europe à faire de l’éducation physique un droit universel. Nonobstant la discrimination fondée sur la race, la religion et le sexe (article 5 de la charte olympique), il met tout son poids derrière l’attribution des Jeux d’été à Berlin (2-16 août 1936). On y entendra Horst-Wessel-Lied 440 fois. Drapeaux olympiques et nazis se confondront.

Selon l’auteur, l’aveuglement, la complaisance, voire la sympathie active de Coubertin, ont contribué à asseoir la toute-puissance du chancelier du IIIe Reich. Aymeric Mantoux écrit: «il y a des accolades à la Judas dont on se passerait bien».

Par et pour les Blancs

En matière de races, le baron de Coubertin fut loin d’être progressiste. Selon lui, les Jeux olympiques doivent être conçus par des Blancs pour des Blancs. Les habitants des colonies, ainsi que ceux de l’Afrique et de l’Asie n’y ont pas de place. De la même manière, ce ne sont pas les Jeux de Coubertin qui ont inclus les handicapés ou les invalides.

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Aymeric Mantoux note, en terminant, que «Pierre de Coubertin n’a de cesse d’assimiler les concepts des autres […], d’écrire et de réécrire sa vie pour la postérité.» Le baron a craint de se trouver plusieurs fois dans des voies de garage idéologiques, philosophiques ou éducatives.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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