Les nouveaux arrivants originaires d’Afrique francophone nourrissent des sentiments complexes et paradoxaux à l’égard du français. Pour eux, c’est à la fois la langue du colonisateur et un outil d’intégration économique et sociale. La défense du français n’est pas toujours leur priorité lors de leur arrivée au Canada.
Depuis des siècles, les communautés francophones en situation minoritaire défendent ardemment le français. La survie de la langue représente pour elles une quête tenace et obsessionnelle, une lutte incessante contre une société qui tend vers l’anglicisation.
Ces dernières décennies, les organismes de défense affirment que sa survie passe par l’immigration francophone, principalement originaire d’Afrique. Mais pour les nouveaux arrivants venus du Cameroun, du Maroc ou d’Algérie, le français est aussi un héritage colonial.
«Ces immigrants entretiennent un rapport paradoxal, même schizophrénique avec le français, dans la mesure où c’est aussi la langue du colonisateur», analyse Alphonse Ndem Ahola, directeur général de Francophonie albertaine plurielle (FRAP).
Le responsable communautaire assure que certains refusent carrément de s’associer à la francophonie, «car ils ne veulent pas avoir affaire à tout ce qui est lié au colonisateur».