Dans L’Importance d’être Constant, Oscar Wilde écrit que «la vérité est rarement pure et jamais simple». Cela demeure on ne peut plus manifeste dans Natalia Z., premier roman de Chantal Garand.
Quand un homme retrouve sa mère biologique 62 ans plus tard, comment choisir entre «celui qui a le droit de savoir ou celle qui a le droit de se taire»? La réponse est ni pure ni simple.
La Natalia du titre donne naissance à un garçon le 7 juin 1945 à Oslo et l’offre en adoption. Le bébé devient Tollef Olsen et mène 62 ans de bonheur. Quand ce père et grand-père découvre son dossier d’adoption, il apprend que le destin de sa mère a été intimement lié à l’état du monde durant la Seconde Guerre mondiale. Et ces démarches lui apprennent que sa mère vit toujours et qu’elle est établie à Chambly (Québec).
On ne débarque pas comme ça un bon matin en lançant «Bonjour, maman, c’est moi, le fils que tu as abandonné!»
Dans un roman, ça ne va jamais sur des roulettes du début à la fin. Toute intrigue est liée à un problème, un écueil, une divergence. Natalia craint que son fils l’oblige «à replonger dans un passé que je me suis forcée d’oublier. C’est trop pénible.» Pour elle, sa vie a commencé après la guerre, pas question de revivre ce qui s’est déroulé avant 1945.
L’auteure décrit avec doigté comment les terrains de la mémoire peuvent devenir minés, au point de vouloir tout simplement faire table rase du passé. Pour Natalia, il est inutile de tenir une rencontre mère-fils car «l’essentiel demeurera au fond de nos gorges, non dit.»