Le divorce peut-il être un plat finement assaisonné?

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Publié 21/08/2007 par Paul-François Sylvestre

Mariée, mère de deux enfants et heureuse en ménage, Claire Dowling a publié en 2006 un roman léger, excentrique et déjanté. Intitulé My Fabulous Divorce, il a été traduit et vient de paraître aux Éditions Marabout sous le titre de Divorce à petit feu.

Avant d’ouvrir le livre on sait que le sujet traité est plutôt grave, mais la couverture laisse déjà croire que le traitement risque d’être désobligeant. De plus, le roman fait partie de la collection «Girls in the city», ce qui annonce au départ une touche de tendresse, loin du machisme. Et comme le plat proposé va mijoter «à petit feu», on ne doit pas s’attendre à de gros bouillons, encore moins à des mets flambés.

Roman au rythme soutenu, Divorce à petit feu met en scène des personnages originaux et profondément humains. Il y a, bien entendu, un couple qui veut divorcer. Jackie Ball et Henry Hart vivent déjà séparément depuis deux ans, elle à Dublin, lui à Londres. Les autres personnages incluent le nouvel amant de Jackie, les parents de cette dernière, sa sœur, son associée à la boutique Flower Power, le livreur de fleurs, les avocats et j’en passe.

Le titre laisse deviner que le divorce de Jackie et Henry ne se fera pas facilement. Aussitôt la procédure lancée, Henry refuse d’entendre ce que Jackie lui reproche. Chaque mois qui passe attise le petit feu d’un plat chaotique. Quant aux démarches des avocats, elles s’éternisent dans des méandres anglo-irlandais, tant et si bien que les deux protagonistes commencent à réfléchir à leur situation sous un angle inattendu.

Claire Dowling sait trouver un équilibre habile entre humour grinçant, à l’anglaise, et regard tendre sur la quête de l’amour, à l’irlandaise. Son récit est truffé d’anecdotes savoureuses et de réflexions tantôt pénétrantes, tantôt étonnantes. Elle écrit que c’est bien d’aimer même s’il faut perdre. Cet adage ferait-il référence «au plaisir sexuel en comparaison avec la privation de celui-ci»?

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Quoiqu’il en soit, elle ajoute qu’il vaut mieux parfois ne pas épouser le membre viril et se «contenter d’un gadget à piles». Plus loin, elle ajoute qu’«un divorce pénible n’aide pas à progresser. Il vaut mieux essayer le yoga ou suivre une thérapie. C’est moins cher.»

Lorsque Jackie annonce qu’elle veut divorcer pour plonger aussitôt dans un autre mariage, elle se fait dire qu’il faut réfléchir avant d’agir. «Réfléchir à quoi? À la possibilité d’un échec? On ne ferait rien alors!» La romancière est de celles qui croient qu’il ne faut pas être raisonnable lorsqu’on est amoureux.

Elle présente sa protagoniste comme une femme «imprévisible, empressée, jetant son dévolu sur une chose un jour et s’en débarrassant le lendemain». Jackie ne veut pas se marier avec un homme simplement parce qu’il est stable, parce qu’il a un boulot, une voiture et le sens des responsabilités. Non, elle veut marier «quelqu’un qui fait chanter son cœur».

Ce que Jackie découvre au beau milieu des procédures de divorce, c’est que Henry lui écrit des poèmes à l’eau de rose, comme elle les aime, et qu’il les fait paraître anonymement dans un journal. Pourquoi ne lui déclare-t-il pas son amour de vive voix?

De plus, à chaque rencontre avec son avocate, Jackie se rend compte que les petites peccadilles qui font que Henry est détestable ne tiennent pas longtemps la route. Cet homme a été et demeure toujours son âme sœur. Je vous laisse deviner la suite…

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Divorce à petit feu est une traduction passablement réussie, mais le travail d’édition et de mise en page laisse parfois à désirer. La révision semble avoir été faite à la hâte, comme si l’éditeur se pressait à lancer la version française à temps pour les lectures estivales.

Clare Dowling, Divorce à petit feu, roman traduit de l’anglais par Raphaëlle Eschenbrenner, Éditions Marabout, coll. «Girls in the city», 2007, 408 pages, 19,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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