«Pour être un artiste faut être niaiseux!»

Du punk au slam, Ivy manie ses mots avec parcimonie

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Publié 16/03/2010 par Guillaume Garcia

La musique, il était déjà dedans. Il mettait des mots sur des rythmes et non l’inverse. En 2004, il découvre le slam, lors d’une visite à Ottawa. Il accroche tout de suite. De retour à Montréal, il lance alors le mouvement slam. Il part de rien. Aujourd’hui, et après trois albums slam, Ivy est sur le devant de la scène québécoise pour le slam. Il donne des ateliers dans les écoles et se produit sur scène, comme jeudi dernier à l’Alliance française de Toronto.

Il faut être honnête, quand on voit arriver le bonhomme, il n’a pas la tête de l’emploi! On imagine soit un vieux prof de français qui par cette nouvelle forme de poésie retrouve sa passion d’antan, soit un jeune plutôt rappeur tendance intello-sociale. Le monde est fait de clichés, allons-y pour ceux-là.

Ici, on a plus à faire à quelqu’un du genre geek, coiffé propre, chandail, jean serré, chaussures de course à pied, pas rapport… Il monte sur la scène, pose le décor de sa première chanson en expliquant son arrivée à Montréal et sa fuite de Québec. Comme un renouveau pour lui, comme ce fut le cas pour les fondateurs. Vivre l’effervescence, au milieu d’Iroquois aux desseins belliqueux, pour cause, on est chez eux.

La phrase ne s’arrête pas, les mots rebondissent comme des balles lancées à pleines vitesses contre les parois d’une salle exiguë, ils ne rebondissent jamais où l’on s’y attend le plus. C’est l’intérêt de la chose il faut bien avouer.

Entre allitérations et assonances, rimes et répétitions, la cadence et le débit des mots créent une ribambelle de sonorités et de rythmes qui se suffisent à eux même, sans que la musique n’ait besoin de prendre le pas.

Un guitariste accompagne Ivy, qui parfois attrape lui-même sa guitare ou son piano-flûte pour produire quelques notes entre les couplets de ses compositions.

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Amoureux des mots, amant de la musique, Ivy a pour le moins ingurgité tout ce qui a trait à la poésie. Il fonde il y a quelques années Slamontréal vouée à la diffusion de la slam-poésie. Poésie à part entière, le slam remet au goût du jour cet exercice de style qui dormait dans les vieilles étagères des maisonnées. Bref historique, le slam est né à Chicago il y a une vingtaine d’années et se caractérise par les scènes ouvertes qui l’encadrent et les votes du public pour désigner le meilleur texte, façon de remettre de la vie et ôter aux critiques littéraires leur droit de cuissage sur ce que l’on doit aimer ou pas.

Aux USA et en France, le slam a pris une envergure impressionnante avec des artistes très connus comme Saul Williams ou en France Abd El Malik ou Grand Corps Malade. Si le Québec semble un peu à la traîne, Ivy est parvenu à lancer le mouvement et bientôt sept villes s’affronteront dans les joutes annuelles organisées pour choisir le meilleur slameur qui représentera le Québec en France lors d’autres concours.

Ivy avoue être un slameur très ancré dans le combat social, il visite
beaucoup d’écoles et donne des ateliers aux enfants à l’hôpital, dans les quartiers défavorisés et teinte ses textes de vibrantes réquisitions contre le pouvoir des forts contre celui des faibles: «Des millions pour les pions, des milliards pour les pillards».

Le concert de l’Alliance française était plus personnel que revendicateur, mais on sent que celui qui a voulu changer le monde par la musique punk n’est pas très loin derrière la façade calme du bon père de famille. Jamais avare de bonnes phrases, il résume lui même: «quand tu ne peux pas changer le monde, crée-le». Punk amoureux des mots, slameur-punk, le mélange a bien pris pour Ivy

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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