«Il faut être solidaire des Américains pour participer aux décisions»

Pamela Wallin fait le point sur l’Afghanistan

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Publié 23/09/2008 par Vincent Muller

Il ne faut pas chercher à se démarquer des Américains en condamnant l’intervention militaire canadienne en Afghanistan, ni «blâmer Harper ou l’accuser d’être le clone de Bush». Il faut au contraire essayer de comprendre et d’être solidaire des Américains, coopérer avec eux pour avoir la possibilité d’influencer les prises de décisions à Washington.

C’est ce que prescrit l’ex-journaliste et ex-diplomate canadienne Pamela Wallin, invitée la semaine dernière à la tribune torontoise de l’Institut Fraser, au restaurant The Fifth, pour une discussion sur la mission du Canada en Afghanistan en lien avec les relations américano-canadiennes.

Si l’opinion publique canadienne est majoritairement défavorable à l’intervention et pense que le Canada paye trop cher sa présence en Afghanistan, Pamela Wallin estime que c’est parce que l’opinion publique n’est tout simplement pas assez informée de ce qui se passe réellement en Afghanistan, que ce soit du point de vue humanitaire ou militaire.

Depuis deux ans conseillère principale sur les relations Canada/USA du Council of the Americas à New York, qui promeut le libre-échange, la démocratie et l’ouverture des marchés à travers les Amériques, Pamela Wallin était membre de la commission sur le rôle du Canada en Afghanistan, créée en 2007 par le Premier ministre Stephen Harper et présidée par l’ancien ministre libéral John Manley. Titulaire de 14 doctorats honoris causa et de 17 prix nationaux et internationaux, l’ex-journaliste à CTV et CBC a été Consule du Canada à New York de 2002 à 2006.

Pamela Wallin semblait donc assez bien placée pour éclairer l’auditoire de l’Institut Fraser sur les questions relatives à l’intervention canadienne en Afghanistan et sur les relations entre Canada et États-Unis.

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Elle a d’ailleurs relié ces deux questions tout au long de son intervention devant un public composé, entre autres, d’entrepreneurs canadiens pour qui les relations économiques et diplomatiques avec les USA sont particulièrement importantes. En parlant des États-Unis, la conférencière invitée a plusieurs fois utilisé les expressions «nos amis», «nos voisins», «nos partenaires», soulignant l’importance de garder de bonnes relations avec les États-Unis. Il paraît en effet assez difficile de tourner le dos aux Américains puisque près de 90 % des exportations du Canada se font vers les États-Unis.

La mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan rapportait mardi dernier une augmentation de 39% du nombre de victimes civiles dues aux Talibans et aux forces de la coalition confondues pour les huit premiers mois de l’année 2008 par rapport à la même période en 2007. Le Canada est vu par beaucoup, Canadiens et étrangers, comme un pays soucieux de préserver la paix et favorable aux missions à caractère humanitaire plutôt qu’aux interventions militaires. On comprend donc aisément que l’intervention en Afghanistan soit mal perçue, d’autant plus qu’elle continue de faire des victimes canadiennes également.

Selon Pamela Wallin, la situation reste assez compliquée mais de mieux en mieux comprise par les personnes qui participent aux actions humanitaires et par les forces de la coalition.

Pour illustrer la complexité de la tâche elle explique que «dans une même famille, trois frères peuvent travailler l’un pour l’OTAN, l’autre être avec les Talibans et le troisième avec les trafiquants de drogue ceci pour que, dans tous les cas, la famille puisse avoir quelqu’un sur qui compter». Selon elle, les gens ont très bien compris la situation et agissent de cette façon par simple souci de préservation, ce qu’elle considère comme légitime.

À ceux qui voient le Canada principalement comme un acteur humanitaire elle explique que mener de telles actions dans un tel contexte nécessite d’assurer la sécurité et donc de maintenir les actions militaires, tout en rappelant que «le but est d’arriver à la réconciliation, qui est le seul moyen d’éviter la propagation du terrorisme».

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L’Institut Fraser mène des recherches mettant à contribution des économistes, des universitaires et analystes du monde entier. Il publie des rapports et organise des séminaires. Ses analyses portent généralement sur l’impact du marché et de l’intervention gouvernementale sur le bien-être des individus.

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