L’arme ultime contre la covid: l’autodiscipline des citoyens

L’autodiscipline des citoyens est crucial contre une pandémie: mais ça vient plus facilement à certaines cultures qu'à d'autres.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 05/02/2021 par Pascal Lapointe

Et si la meilleure arme d’une société contre la pandémie n’était pas le masque ou le confinement, mais l’autodiscipline de ses citoyens?

C’est l’hypothèse que défend la psychologue Michele Gelfand, de l’Université du Maryland. Celle-ci vient de publier avec son équipe une comparaison entre le degré de «permissivité» de 57 pays et les performances de ces pays face à la covid.

La conclusion: toutes proportions gardées, en date d’octobre 2020, les cultures qui sont les plus laxistes ou permissives avaient, en moyenne, cinq fois plus de cas que les cultures les plus rigides, et huit fois plus de décès (183 par million contre 21 par million).

Le coronavirus s’est répandu sur tous les continents.

Une échelle de permissivité

Les chercheurs ont utilisé à cette fin les critères d’une «échelle de permissivité» qu’ils avaient définie pour une autre recherche, il y a 10 ans.

Par exemple, des cultures plus rigides comme la Chine, la Corée du Sud ou l’Autriche, ont des règles plus strictes (ou une pression sociale plus forte) face au non-respect des normes, tandis que des cultures plus permissives comme les États-Unis, le Brésil, l’Italie et l’Espagne, ont des normes plus «relâchées».

Publicité

Et tout cela ne se résume pas à une opposition «société punitive versus non punitive», lit-on dans la recherche: «les cultures permissives ont moins d’ordre et de coordination, mais ont plus d’ouverture — c’est-à-dire plus de tolérance et de créativité».

Expérience des désastres

Les chercheurs spéculent sur le fait que les sociétés plus rigides auraient connu dans leur histoire davantage de désastres naturels, de famines et d’invasions, et que des règles plus strictes seraient devenues avec le temps un facteur de survie face à ces menaces.

Mais, quelle qu’en soit la raison, ils en tirent comme conclusion qu’il s’agit d’un facteur adaptatif qui peut s’avérer déterminant face à cette pandémie.

masque-supermarche-covid
Certaines cultures qui ont connu des guerres ou des désastres naturels adopteraient plus rapidement de meilleurs comportements face à une pandémie.

Victimes de leurs succès

Déterminant ou bien, à l’inverse, handicapant: le virus, écrit Michele Gelfand dans le quotidien The Guardian, «a été très efficace pour retourner contre certaines sociétés leur inclination à rejeter les règles».

Pour les Américains par exemple, cette inclination à rejeter les règles peut être, en temps normal, un facteur qui contribue à davantage d’innovation. Mais «c’est aussi un handicap majeur pendant un temps de menace».

Publicité

Les gens permissifs moins inquiets

Ce n’est pas irréversible: une société plus permissive est certainement capable de s’adapter, mais c’est sans doute plus facile lorsque la menace est visible, comme une guerre ou un désastre naturel, plutôt qu’invisible à l’œil nu.

Une chose expliquant peut-être l’autre, les chercheurs ont aussi noté que, dans les pays définis comme les plus rigides, 70% des gens, en moyenne, étaient très inquiets face à la covid, contre 49% dans les plus permissifs.

Auteur

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur