La vie toujours à la base de l’écriture

Claudia Larochelle, Les Disgracieuses
Claudia Larochelle, Les Disgracieuses, récits, Montréal, Éditions Québec Amérique, collection III, 2024, 136 pages, 21,95 $.
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Publié 25/09/2024 par Paul-François Sylvestre

À travers trois récits liés par le doute, la persévérance et le désir d’émancipation, Claudia Larochelle revient sur les expériences fondatrices qui ont jalonné son assez jeune parcours d’écriture (elle a à peine 45 ans). Ces trois textes sur des expériences fondatrices sont réunis sous le titre Les Disgracieuses.

Publiés dans la collection III, ces trois récits son inspirés de moments marquants dans la vie de l’autrice. Il s’agit de textes portant sur diverses expériences scolaires, professionnelles et amoureuses dans la vie d’une femme qui s’est affranchie dans les années 1990.

École de filles

Claudia Larochelle a étudié dans une école de filles dirigée par la dernière génération de religieuses à encadrer l’enseignement privé au Québec. Elle raconte avoir longtemps été cette jeune fille en uniforme «qui trouve dans l’irrévérence et le pied de nez aux conventions une fenêtre par laquelle s’échapper».

Lors de ses débuts comme journaliste, ses collègues «prenaient un plaisir à mecspliquer la profession». Ce qui lui démontre que la misogynie ne dort jamais, qu’elle s’abreuve à nos peurs pour redoubler d’ardeur.

Larochelle explique comment elle s’est débrouillée dans un monde où presque tout se serait passé différemment si «elle avait eu les mêmes “facilités” qu’un homme: l’écoute sérieuse, les avancements, la légitimité».

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Flirts et relations durables

On a droit à plusieurs passages sur les fréquentations de l’auteure, du flirt amoureux ou relations soi-disant plus durables. Elle découvre que «le sens des priorités s’affaiblit à mesure que l’aveuglement amoureux s’accroît».

L’auteure a la nette impression de s’être parfois mis les pieds dans les plats pour pouvoir transformer le réel, «y donner une fin qui convienne.»

Elle se demande si nous n’avons pas tous déjà renoncé à nos convictions pour plaire ou pour ne pas déplaire. «Comment marcher droit sur le mince fil de son code d’éthique, rester digne, tête haute, épaules redressées?»

Trois fois, Larochelle est allée se réfugier dans les bras d’une femme après avoir été éconduite. «Je crois qu’il n’y a pas de meilleur repos que dans cette sécurité féminine, cet accueil désintéressé et cette douceur constante, parfaitement arrimée à ma souffrance.»

Oeuvres féminines

Ces récits assez courts sont émaillés de nombreuses références ou citations littéraires, le plus souvent d’œuvres féminines: Nelly Arcan, Kate Beaton, Colette, Virginie Despentes, Marguerite Duras, Annie Ernaux, Violette Leduc, Anne Rice et Patricia Smart, entre autres.

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Les rares œuvres masculines proviennent de saint Augustin, Albert Camus, Philippe Besson, Fernando Pessoa et François Blais.

Lorsque Claudia Larochelle a lu Environnement toxique de Kate Beaton, cela lui a donné un élan. Les livres lui ont souvent servi de refuges. Ils ont aussi pu «porter le renouveau».

À preuve cette longue citation tirée de L’événement d’Annie Ernaux: «Et le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci: que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent l’écriture, c’est-à-dire quelque chose d’intelligible et de général, mon existence complètement dissoute dans le texte et la vie des autres.»

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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