La signalisation du Sentier partagé saccagée et couverte de graffitis

Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
Panneau d'interprétation saccagé. Photos: Dominique Guillaumant
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Publié 08/05/2024 par Dominique Guillaumant

Après une visite le long de la rivière Humber, on est en droit de se demander ce qu’il reste du Sentier partagé. Plusieurs de ses plaques et de ses affiches sont vandalisées ou détruites.

L’idée d’un parc historique fut envisagée dès les années 1990 par les membres de la Société d’histoire de Toronto. Le projet devait commémorer l’importance de la rivière Humber comme voie de navigation et de commerce, tant pour les Premières Nations que pour les Français, puis les Britanniques.

«Cet endroit est un des lieux les plus riches de notre histoire, puisque s’y sont retrouvés les différents peuples fondateurs de notre pays (Hurons, lroquois, Ojibwis, Français, Anglais) et que la ville de Toronto y a vu le jour», lisait-on dans le document de présentation du projet. «En plus de la mise en valeur des sites historiques (un moulin, des ponts, deux des trois forts français, Ia maison de Jean-Baptiste Rousseaux, les villages amérindiens, le point d’accostage de John Graves Simcoe, etc.).»

Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
Panneau d’interprétation bilingue sur la famille Rousseaux.
Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
Jean-Baptiste Rousseaux est le premier «commerçant» à s’établir à Toronto. La Société d’Histoire de Toronto décerne périodiquement un prix portant son nom.

Initiative rassembleuse

L’initiative rassembleuse a demandé de nombreuses années de planification et de travail, ainsi que la collaboration de multiples partenaires incluant: la ville de Toronto; la Metro Toronto and Region Conservation Authority; Heritage Toronto,; Humber Heritage Committee; sans oublier des représentants des nations Anishinaabe, Haudenosaunee et Hurons-Wendat ayant vécues le long de la rivière Humber.

Quelques plaques de la Fiducie du Patrimoine ontarien, comme celle sur Jean-Baptiste Rousseaux, existaient déjà, mais en anglais seulement. Le nouveau projet plus ambitieux se voulait bilingue.

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Finalement inauguré en 2011, le sentier partagé proposait un parcours d’environ six kilomètres et demi, annoncé grâce à de grands panneaux bilingues aux différents points d’accès et balisé d’une douzaine de panneaux d’interprétation retraçant l’histoire et le développement de la rivière.

Parmi les thèmes abordés, on retrouve les villages Huron-Wendat, les marais, les routes et les chemins de fer qui traversent la Humber, la navigation fluviale, la famille Rousseaux et la naissance de Toronto ou encore la naissance du Toronto français.

Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
Plaque bilingue sur le Sentier partagé installée à chaque entrée du parcours en 2011.
Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
Panneau d’orientation au coin des rues Berry Rd et Stephen Dr.

Une situation déplorable

Malheureusement, une douzaine d’années plus tard, il n’en reste plus grand chose. La plupart des panneaux d’interprétation ont été vandalisés ou ont disparus. Il demeure toutefois les grands panneaux d’introduction et d’orientation montrant l’ensemble du parcours, situés aux points d’accès, bien que certains soient endommagés.

De plus, le parcours a longtemps fait partie des Discovery Walks de la Ville de Toronto, remplacés par les Discovery Tours dans le site web mais pas encore partout. On y trouvait une carte que l’on pouvait imprimer. Celle-ci offrait plusieurs parcours et permettait de retrouver les différents panneaux d’interprétation qui sont numérotés.

La carte a été retirée, remplacée par celle d’une balade plus courte. Peut-être, en lien avec l’état du Sentier dont la ville ne peut plus en toute conscience faire la promotion.

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Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
L’ancienne et la nouvelle carte du sentier de la rivière Humber dans le site des Discovery Tours (anciennement Discovery Walks) de la Ville de Toronto.

Le Comité français de l’hôtel de ville s’inquiète

Dès 2021, la situation avait été dénoncée par la Société d’histoire. Depuis, d’autres panneaux ont disparu ou ont été endommagés.

Cela a récemment été de nouveau porté à l’attention du Comité consultatif sur les affaires francophones de la Ville de Toronto.

En mars dernier, sa présidente, la conseillère municipale de Davenport, Alejandra Bravo, ainsi qu’Amber Morley mairesse adjointe du quartier Etobicoke-Lakeshore, ont même écrit une lettre en français adressée au directeur général du département des Parcs, forêts et loisirs de la Ville. Elles y expriment leurs déception et inquiétude face à l’état de désuétude et de délabrement du Sentier partagé, et lui demandent d’agir.

Sentier partagé, Étienne Brûlé, Jean-Baptiste Rousseaux
Cercle de partage où le panneau d’interprétation a été arraché.

Le numérique à la rescousse

En attendant une réponse de la Ville de Toronto, force est d’admettre que les graffitis sont un fléau en croissance que les administrations publiques ne sont pas en mesure de contrôler, encore moins d’enrayer. Il faut donc chercher des solutions ailleurs afin de minimiser leurs impacts.

Si, de nos jours, l’installation de panneaux d’interprétation est toujours d’actualité, les nouvelles technologies de communications ouvrent de nouvelles possibilités qui vaudraient la peine d’être explorées. Aux dires de Rolande Smith, bénévole responsable des visites guidées et des conférences de la Société d’histoire de Toronto, «par exemple, les promeneurs pourraient se connecter par internet et accéder à une visite en français».

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D’ailleurs, le site de la Ville de Toronto offre déjà de découvrir la métropole en s’accompagnant de playlists comprenant plus de 400 chansons d’artistes locaux et offertes en 23 langues en lien avec les différents quartiers. Si on peut faire ce genre de jumelage avec de la musique, pourquoi pas avec des textes éducatifs?

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