La série télé Jenny : la force de caractère d’une ado contre le cancer

Jenny (Émilie Bierre) et Charles (Henri Richer-Picard), rencontré à l'hôpital. Photo: Sébastien Raymond
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Publié 21/10/2025 par Julie Merceur

Le verdict tombe. Jenny, âgée de 13 ans, est atteinte d’une leucémie. Bien que sa vie soit chamboulée, la jeune fille va se battre contre la maladie avec résilience, grâce à l’aide de ses proches.

Voilà le scénario de la série québécoise Jenny, plusieurs fois récompensée, signée Jean-Sébastien Lord, disponible sur TFO.org.

Diffusée entre 2011 et 2016, elle souhaite lever les tabous autour de la maladie. Grâce à l’appui du Centre hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario (CHEO), où les épisodes ont été tournés, la maladie est dépeinte avec réalisme, pour en souligner les enjeux.

Le 6 octobre dernier au CHEO, la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, participait à un visionnement privé d’un épisode marquant de la série.

Jenny avec des infirmières et un médecin clown. Photo: Sébastien Raymond

La leucémie chez les enfants

La télésérie est racontée du point de vue d’une adolescente, un point de vue peu utilisé pour les créations audiovisuelles abordant le cancer. Celui qui touche la protagoniste est une leucémie lymphoblastique aiguë.

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Selon la docteure Renée-Pier Fortin-Boudreault, qui travaille au CHEO, «elle représente environ 25% des nouveaux cas de cancer diagnostiqués en pédiatrie. De tous les types de leucémies, celle de Jenny est celle que l’on voit le plus souvent.»

«C’est un cancer qui prend origine dans la moelle osseuse, l’endroit où les cellules du sang sont fabriquées. Les cellules cancéreuses dans la moelle osseuse empêchent les bonnes cellules, comme les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes, de se développer normalement et de fonctionner correctement», explique-t-elle.

Jenny sur son lit d’hôpital. Photo: Sébastien Raymond

Démystifier la maladie

C’est la réalisatrice Marie-France Laval qui est à l’origine de ce projet. Elle s’est ensuite appuyée sur la boîte de production Avenida et sur le réalisateur Jean-Sébastien Lord.

«En côtoyant des jeunes atteints de cancer, elle s’est rendu compte à quel point il était difficile de trouver des mots réconfortants dans de telles circonstances», nous raconte Chantal Lafleur, productrice de la série.

Destinée avant tout aux jeunes, la série vise à soulever les tabous. La première saison narre le parcours de Jenny, de son diagnostic à sa sortie de l’hôpital. Elle raconte le cancer et l’après, pour redonner de l’espoir.

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Jenny a donc un objectif pédagogique. «On espère que cela pourrait aider à écarter les préjugés et les fausses croyances», confie-t-elle

Être un enfant au-delà de sa maladie

Le traitement d’une leucémie comme la sienne est un traitement lourd, qui bouleverse complètement la vie quotidienne des patients.

Renée-Pier Fortin-Boudreault, médecin au CHEO, décrit ce que cela implique. «Ces jeunes patients se retrouvent du jour au lendemain en perte totale de contrôle de leur vie, et aussi de leur corps. Le traitement entraîne plusieurs effets secondaires et changements dans l’apparence et les capacités physiques.»

Elle précise que l’école, la vie sociale et les activités sportives sont souvent mises de côté pendant un certain temps. Cette rupture peut rendre difficile le fait de se voir autrement que comme un malade. Pourtant, c’est crucial, pour le patient comme pour son entourage.

Jenny
Jenny avec son père et son frère. Photo: Productions Avenida

«L’identité d’un jeune atteint de cancer reste ce qu’elle est, en dépit de la maladie. Il faut continuer de reconnaître leurs passions, leurs goûts, leurs rêves, car c’est cela qui continue de les définir comme personnes.»

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C’est ce que cherche à montrer la série Jenny, en dépeignant une jeune fille forte, passionnée de danse, qui décide que sa maladie ne la définira pas.

«Il faut retenir qu’un jeune avec le cancer n’est jamais un diagnostic. C’est un être à part entière, avec ses désirs, ses besoins, ses hauts et ses bas. On se doit de les soutenir et d’accepter où ils en sont dans leur vie, sans jugement ni prétention.»

Jenny avec ses amies du club de danse. Photo: Sébastien Raymond

Une série réaliste

Pour réaliser Jenny, les créateurs se sont appuyés sur des professionnels de santé. Ces derniers vérifiaient les contenus et conseillaient l’équipe. Les jeunes acteurs étaient épaulés et encadrés pour les aider à jouer un sujet aussi sensible.

«Lors de la diffusion de cette saison, nous avons reçu plusieurs témoignages de personnes ayant eu une expérience similaire, qui nous disaient à quel point elles trouvaient la série réaliste», déclare la productrice.

Ainsi, les réalisateurs ont voulu mettre en avant d’autres aspects de la vie d’adolescent: le rôle de l’amitié, les rêves, les premiers amours, l’espoir…

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En les montrant à l’écran, la série souligne leur importance dans le processus d’acceptation et de guérison.

Jenny (Émilie Bierre) et son amie Florence (Taynav Lavoie). Photo: Sébastien Raymond

Une série saluée par la critique

Le succès de Jenny est confirmé par ses nombreuses récompenses :

  • Prix Gémeaux: meilleure émission jeunesse, meilleur premier rôle féminin (Émilie Bierre), meilleur texte, meilleur second rôle masculin (Patrice Godin).
  • Young Artist Awards : meilleure performance dans une série télévisée.
  • Prix d’Excellence (Alliance Médias Jeunesse) : meilleure série ou websérie à valeur aspirationnelle.
  • Kidscreen Awards : meilleure série d’action en direct.
  • Japan Prize : meilleure série jeunesse.
  • Rose d’Or Awards : prix dans la catégorie «Enfants et jeunes».

Toujours visionnée quatre ans après la diffusion de son dernier épisode, en 2021, Jenny continue de toucher le public.

«Je pense que la série a eu un réel impact. Elle est visionnée par le grand public, mais aussi présentée dans les organismes de santé ainsi que dans les écoles», affirme Chantal Lafleur.

Aujourd’hui, Jenny sert aussi d’outil de discussion en classe. En abordant sans détour la maladie, elle aide les enfants à mieux comprendre ce que vivent leurs camarades, et à développer empathie et bienveillance.

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