La saga de La Pension Caron : l’armée, l’Église et le sexe

Jean-Pierre Charland, La Pension Caron, tome 3, livre
Jean-Pierre Charland, La Pension Caron, tome 3, Grands drames, petits bonheurs, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2021, 416 pages, 24,95 $.
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Publié 26/05/2021 par Paul-François Sylvestre

Le romancier Jean-Pierre Charland a un penchant pour les sagas. Comme il fallait s’y attendre, il nous sert le troisième tome de La Pension Caron : «Grands drames, petits bonheurs».

Nous sommes en 1941 et la guerre fait rage depuis plus de deux ans. Ce contexte bouleverse la vie de plusieurs à la Pension Caron.

La Pension Caron et ses personnages

Parmi les personnes qui reviennent en force, il y la propriétaire de la Pension Caron, Précile Caron, et son amoureux Léandre Gonthier, le couple Louis et Constance Bujold, les «vieilles filles» Jovette et Yvette ainsi que Lise et Hélène, deux jeunes locataires en quête d’un bon parti.

Comme tenancière d’une maison de chambres, Précile Caron sait que les commères ne se distinguent pas par leur ouverture d’esprit, ni par leur charité chrétienne. Et elle n’ignore pas que des querelles entre jeunes filles concernent presque toujours un garçon.

Une locataire envieuse se demande facilement ce que sa voisine chanceuse en amour a plus qu’elle. «Hélène en arrivait à se sentir coupable de sa chance, peut-être comme un soldat qui, après une attaque, se découvrait le seul survivant de son peloton.»

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De l’autre côté de l’Atlantique

Parlant de soldats, Jean-Pierre Charland écrit qu’il se trouve certains moralisateurs catholiques pour affirmer qu’il s’en passe des vertes et des pas mûres de l’autre côté de l’Atlantique où «des jeunes hommes, loin de leur curé et leur famille, cherchaient les occasions de pécher».

La couverture du 3e tome de La Pension Caron montre deux soldats et deux jeunes femmes à l’entrée du Parc Belmont. Tout un chapitre est consacré aux manèges de cet endroit. C’est là que Hélène rencontre Adrien, économiste de 26 ans et employé de la Commission des prix et du commerce en temps de guerre.

Les fréquentations vont bon train, mais Hélène est «une jeune fille bien, soucieuse de n’accorder ses faveurs qu’après le mariage»; Adrien découvre qu’elle est toutefois prête «à concéder de petits acomptes» en attendant le grand jour.

L’art de ne pas tomber enceinte à la Pension Caron

Le rôle de l’Église à l’endroit des jeunes épouses est fortement souligné dans La Pension Caron. Leur rôle est de procréer, d’élever une famille chrétienne.

Cela n’empêche cependant pas certaines locataires de la Pension Caron de se questionner sur comment ne pas tomber enceinte quelques mois après le mariage.

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Hélène, pour sa part, n’hésite pas à mettre cartes sur table. Elle est vierge aujourd’hui et le sera encore le jour de son mariage. Voilà ses valeurs. Elle en fait part à son fiancé, avec cette précision: «en insistant un peu, il réussirait à m’entraîner dans son lit, car je l’aime, mais cela me rendrait malheureuse».

L’Église mieux renseignée que l’Armée

L’amoureux de Précile Caron est un homme qui a déjà été marié.

Quand Léandre Gonthier se rend à l’archevêché de Québec pour entamer la procédure d’annulation de son mariage, il se rend compte que le personnel de l’Église catholique forme un redoutable réseau d’information, sans doute supérieur à celui de l’armée canadienne.

L’auteur de La Pension Caron mentionne Fulgence Charpentier, sans préciser que ce dernier est un Franco-Ontarien. Il souligne simplement que Charpentier s’occupait de la section française du Bureau de censure du Canada durant la Seconde Guerre mondiale.

Plébiscite sur la conscription

Il est évidemment question de la conscription et de la promesse du premier ministre Mackenzie King. Ce dernier tient un plébiscite en 1942 pour demander à la population de le dégager de sa promesse de ne pas recourir à la conscription pour le service outre-mer.

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Comme on le sait, durant la campagne, il martèle ce slogan ambivalent: «la conscription si nécessaire, pas nécessairement la conscription».

Publié aux Éditions Hurtubise comme les deux autres, ce troisième tome de La Pension Caron repose de toute évidence sur une recherche méticuleuse. Comme tout le côté militaire est bien connu, j’ai trouvé qu’il était difficile de maintenir l’intérêt du lecteur à plusieurs moments de la narration.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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