La révolution des chemins de fer à Toronto au 19e siècle

chemins de fer, Union Station en construction, 1927, Toronto. Photo: Wikipédia
Union Station en construction, 1927, Toronto. Photo: Wikipédia
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Publié 03/05/2024 par Lila Berdai

Au milieu du 19e siècle, Toronto connaît un important développement ferroviaire. Cette évolution technique aura un impact conséquent tant sur l’essor économique de la ville que sur sa géographie. La Société d’Histoire de Toronto organisait une visite sur les traces des chemins de fer samedi 27 avril dernier, guidée par Gilles Huot et Paul Overy.

Visite sur les traces de l'histoire des chemins de fer organisée par la Société d'Histoire de Toronto, guidée par Gilles Huot et Paul Overy.
Visite sur les traces de l’histoire des chemins de fer organisée par la Société d’Histoire de Toronto, guidée par Gilles Huot et Paul Overy.

L’arrivée des trains à Toronto

Au début du 19e siècle, la révolution industrielle en Europe révolutionne la fabrication des trains, qui arrivent d’abord à Montréal en 1820, 25 ans avant Toronto. La plupart des compagnies ferroviaires avaient alors leur siège social à Montréal, excepté Union National Railway qui était basée à Toronto.

L’arrivée des chemins de fer au Canada bouleverse le modèle des transports. Les échanges commerciaux s’effectuaient exclusivement par la voix fluviale. Les rails étaient prometteurs en termes de rapidité, en comparaison avec la navigation, qui ne reliait pas toutes les provinces.

Autrefois, il fallait passer par le canal d’Érié, dans l’état de New York pour accéder à l’océan Atlantique, car le fleuve Saint-Laurent était difficilement navigable.

Plusieurs entreprises s’installent alors à Toronto, puisque l’essor du rail permet d’importer des produits manufacturés et les matières brutes, puis d’exporter les matières transformées dans tout le pays.

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Sur les traces des chemins de fer à Front Street East.
Sur les traces des chemins de fer à Front Street East. Photo: Lila Berdai, l-express.ca.

Les premiers chemins de fer: Ontario Simcoe et Huron

Grâce aux investissements, la compagnie ferroviaire Ontario Simcoe et Huron sont les premiers chemins de fer construits à Toronto en 1850. La ville-reine étant déjà érigée sur le bord du lac, la compagnie s’établit dans la zone aujourd’hui appelée Queen’s Wharf.

Rivalité entre les compagnies ferroviaires

Si le début des années 1900 est marqué par une prolifération de compagnies ferroviaires, toutes sont rivales. Les compagnies ne partagent par leurs ressources. Puisqu’il n’y avait pas de standardisation des trains, chaque compagnie détenait sa propre voie ferrée, avec des rails d’une taille particulière.

Or à la même époque, la construction massive de chemins de fer au Canada s’est suivie de difficultés financières, et plusieurs compagnies font faillite. Parallèlement, les compagnies ferroviaires se développaient grâce à leur partenariat avec les banques, parfois instables, ce qui a mis un coup de frein considérable à l’essor du rail.

En 1912-1913, le gouvernement fédéral intervient et forme le Canadian National, l’une des deux grandes compagnies de chemin de fer du Canada. Cette avancée soutient d’autant plus à l’époque, l’unification entre les différentes provinces du pays.

chemins de fer, Les bureaux historiques du Canadian National Railway, construits en 1923 sur Cherry Street.
Les bureaux historiques du Canadian National Railway, construits en 1923 sur Cherry Street. Photo: Lila Berdai, l-express.ca.

La gare Union symbolisera quelques années plus tard, cette réunification des compagnies ferroviaires. Point de convergence au centre de Toronto, la gare a favorisé la coordination des services.

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Développement des industries

L’implantation des industries ont joué un rôle fondamental dans le développement ferroviaire. William Davies possédait la plus grande porcherie du Commonwealth et a fait fortune en Angleterre. Trouvant un intérêt commercial pour le porc canadien, William Davies décide d’en exporter.

Vers la fin du 19e siècle, il vend du porc sur des étals au  St Lawrence Market et installe son usine à l’angle de Front et Frederick.

L’actuel parc Corktown Common, abritait autrefois les abattoirs et chemins de fer de la compagnie Davies. Abattant près de 200 porcs par jour, il devient le plus grand emballeur de porc du Canada.

Cependant, cette porcherie aura des conséquences néfastes sur l’environnement et les écosystèmes. En 1910, la baie de Ashbridges, qui abritait autrefois une variété de poissons, devint infecte avec les émanations des cochons. L’industrie disparaît toutefois dans les années 1930.

Les terres sont alors achetées puis cultivées tandis que de nombreuses forêts sont abattues pour faire pousser des graines. Les propriétaires de la Distillerie étaient également acteurs de la croissance industrielle. Ces derniers achetaient les graines, ensuite fermentées, qui servaient à la production d’alcool.

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Meule d'origine de l'ancien moulin à vent qui se trouvait dans la distillerie.
Meule d’origine de l’ancien moulin à vent qui se trouvait dans la distillerie. Photo: Lila Berdai, l-express.ca.

L’arpentage redessine le territoire

Le premier lieutenant-gouverneur de la province, Henry William Stisted, a établi un modèle d’établissement en Ontario en mettant en place des équipes d’arpentage, chargées de dresser une carte géographique de la région.

Les individus qui avaient soutenu la Couronne dans la guerre contre les Américains reçoivent en cadeau des terres, à condition qu’ils défrichent les forêts sur ces parcelles et y construisent une maison en moins d’un an. Ce processus visait à soutenir le secteur agricole.

L’arpentage a également été utilisé pour tracer une ligne symbolique à Toronto, reliant anciennement un moulin à vent, point le plus élevé de Toronto situé dans la Distillerie, jusqu’au Fort rouillé.

Cette ligne fut tirée jusque dans le port de Toronto, car les quais étaient la propriété d’individus qui cherchaient à élargir leur marché jusqu’à celui-ci. Cet agrandissement a entraîné de nouveaux défis pour la navigation des bateaux, alors la zone portuaire est devenue contrôlée.

chemins de fer, L'arpentage et la ligne du Moulin à vent à Toronto
L’arpentage et la ligne du Moulin à vent à Toronto. Photo: Toronto Historical Association.

La Windmill Line, ou ligne du moulin à vent, a joué ce rôle de contrôle de 1834 à 1888. Avec autant de compagnies de chemins de fer,  il était nécessaire d’élargir l’espace disponible pour la construction.

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Quinze ans plus tard, les compagnies ferroviaires demandent à repousser la limite du développement urbain vers le sud, mais la ville refuse. Le gouvernement fédéral est alors intervenu, exigeant que la ville autorise cette extension urbaine.

Cet agrandissement géographique s’est fait par la suite en parallèle d’une seconde ligne de moulin à vent, connue sous le nom de Queens Quay, qui est apparue au fur et à mesure.

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