Au coeur de la forêt vosgienne, un couple accueille dans son refuge des gens brisés par l’existence. Agnès Ledig raconte le parcours de trois de ces êtres blessés dans Un abri de fortune, roman axé sur la force du silence intérieur, le sens de la solidarité et le bienfait du partage.
C’est grâce au club de lecture à Place Saint-Laurent, seule résidence pour aînés francophones à Toronto, que j’ai découvert Agnès Ledig, sage-femme de Strasbourg devenue romancière pour «prendre soin» des autres, son verbe de vie.
Nouveau destin
Le roman met en scène Clémence (18 ans), Karine (45 ans) et Rémy (28 ans) qui débarquent chez Capucine et Adrien, pour panser leurs plaies. Le jeune couple accueillant a lui aussi vécu des moments douloureux. Il a décidé d’ouvrir un havre où s’offrir un nouveau destin.
Lentement mais sûrement, on voit les trois rescapés se dévoiler et s’apprivoiser, sous le regard discret mais observateur d’un homme âgé, leur voisin. On est témoin d’une bonne dose de douceur, de tendresse, d’entre aide, de soutien, de solidarité et de bienveillance.
Écologie
Parallèlement, le roman aborde le thème de l’écologie par le biais d’une petite communauté qui s’engage dans la permaculture. L’intrigue finement tissée par la romancière illustre comment se tourner vers les autres devient une façon de faire pousser en soi des racines plus profondes de joie et de confiance, sources de la plus heureuse des fortunes.
Agnès Ledig montre avec brio comment, grâce aux travaux de la ferme, à la luxuriance du jardin et au doux amour des bêtes, on peut découvrir des ressources insoupçonnées en son for intérieur: «A- t- on le droit de renaître à soi- même, de passer l’éponge et de jeter aux rapaces les miettes de son passé triste, de faire comme si on apparaissait au monde, vierge de tout, pour se laisser une deuxième chance?» Oui, sans l’ombre d’un doute.