l-express.ca bloqué sur Facebook: adoptez de meilleures habitudes d’information

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Rien contre les réseaux sociaux, mais ce n'est pas la meilleure façon de s'informer sur l'actualité et les enjeux de notre milieu et de notre monde. Photo: iStock.com/Thailand Photographer.
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Publié 15/08/2023 par François Bergeron

Comme vous le savez sûrement déjà, Meta (Facebook, Instagram et d’autres plateformes numériques) a commencé à bloquer les partages d’articles de médias d’information canadiens – dont l-express.ca – que le gouvernement fédéral veut l’obliger à rémunérer.

On savait que l’entreprise de Mark Zuckerberg détestait les partages de liens amenant ses usagers à sortir de son univers virtuel. Facebook accordait déjà moins de visibilité à ce genre de posts.

Contenu disparu

Tout de même, je ne m’attendais pas à ce que Meta bloque au Canada les partages d’articles des médias de tous les pays, pas seulement des médias canadiens!

Sur Facebook, les pages de la plupart des médias (quelques-uns échappent encore à son Terminator) ont perdu leur photo principale et toutes leurs publications passées, n’affichant plus que la mention «Ce contenu n’est pas visible au Canada».

La même mention s’affiche à la place des articles journalistiques que les usagers canadiens ont partagés dans le passé. Les partages de nouvelles et d’images personnelles originales – et, dans mon cas, de notre infolettre du lundi – restent accessibles.

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Facebook
La page Facebook de l-express.ca : aucun contenu disponible.

Google

Le moteur de recherche Google – de loin le plus utilisé au monde – menace également de supprimer, dans quelques mois, les liens menant à des articles canadiens dans ses résultats de recherche.

Cela nous ferait beaucoup plus mal: environ 5% de nos lecteurs provenaient de Facebook et Instagram, alors que 40% arrivent à l-express.ca suite à une recherche sur Google.

La meilleure pratique

Une autre cohorte de 40% est composée de lecteurs qui visitent directement notre média: la meilleure pratique à adopter!

C’est évident pour les aînés, qui ont longtemps reçu des journaux ou magazines à la maison, ou regardé les nouvelles à la télévision. S’informer directement auprès des médias d’information est moins évident pour les jeunes qui évoluent d’abord sur ces réseaux sociaux conçus pour eux.

Or, pour accéder à l’information de qualité, le filtre d’intermédiaires comme Facebook, Instagram, Twitter, Reddit ou TikTok est trop aléatoire et paresseux.

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Ces réseaux n’ont pas été conçus pour le journalisme. Ce sont d’abord des technologies utilitaires, censées être neutres, pas des organes d’information censés stimuler la réflexion sur les enjeux importants de nos sociétés.

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Meta gère Facebook, Instagram, Messenger, Snapchat, Threads et d’autres plateformes.

Désinformation?

Personne n’est obligé d’être actif sur ces réseaux. Si des gens utilisent leur liberté d’expression pour partager des stupidités, des grossièretés ou des faussetés, il faut blâmer les gens, pas les technologies, encore moins la liberté d’expression.

On a déjà des lois contre la fraude, la diffamation, la violence et la pornographie sur la place publique, donc aussi sur les réseaux sociaux: c’est normal.

Certains politiciens ou commentateurs proposent d’y ajouter la traque et la censure de la «désinformation».

Je suis contre: c’est subjectif, politique et infantilisant. Limiter l’exposition des citoyens à la plus grande diversité d’informations et d’opinions les empêche de s’éduquer et de pouvoir démêler eux-mêmes le vrai du faux.

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Ça s’apprend

Chaque jour, de leur propre initiative, les citoyens dignes de ce nom devraient visiter directement les sites web des meilleurs médias locaux et nationaux. Ou recevoir leurs infolettres et leurs alertes.

Même que ça devrait s’apprendre à l’école, comme des notions élémentaires de secourisme, de mécanique ou de gestion des finances personnelles.

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Le complexe de Facebook à Menlo Park, entre San Francisco et San Jose en Californie.

Droits d’auteur et redevances

La loi C-18, adoptée cet été par le gouvernement libéral (avec l’appui du NPD et du Bloc québécois, mais pas du Parti conservateur), veut forcer les géants du web à négocier avec les médias la rémunération des contenus médiatiques qui circulent dans ces plateformes.

C’est une étrange conception du droit d’auteur. Car ce n’est pas Google et Facebook (et Twitter, LinkedIn, etc.) qui piratent les contenus des médias. Ce sont les médias qui les partagent stratégiquement, volontairement, souvent avec enthousiasme, sur ces réseaux.

L’inspiration de la loi vient des patrons de groupes de presse qui cherchent à être «compensés» pour les pertes de revenus occasionnées par la migration de 80% de la publicité vers Google et Facebook ces dernières années. Certains vont jusqu’à dire que Google et Facebook les «volent».

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Taxer

D’autres critiques des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) affirment aussi que ces puissances numériques ne paient pas leur «juste part» de taxes et d’impôts. Si c’est vrai, ce ne serait que de l’incompétence (encore) de nos gouvernements, pas si difficile à corriger.

Ottawa aurait pu décider de taxer la publicité sur les réseaux sociaux (et créditer la publicité placée directement dans les médias), et de se servir de ces revenus pour aider le journalisme s’il y tient tant que ça.

Le gouvernement libéral a cassé l’Internet. Il doit reculer sur C-18 et considérer d’autres options pour réconcilier les médias d’information et les réseaux sociaux, et pour promouvoir le journalisme en respectant la liberté d’entreprise et la liberté d’expression.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

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