Intrigues succinctes et surprenantes chez Serge Labrosse

Serge Labrosse, L’encre sèche et on oublie
Serge Labrosse, L’encre sèche et on oublie, nouvelles, Montréal, Lévesque éditeur, coll. Réverbération, 2021, 104 pages, 15,95 $.
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Publié 19/12/2021 par Paul-François Sylvestre

Serge Labrosse signe un premier recueil de nouvelles qui sont à l’image de sa carrière de journaliste d’enquête. L’ouvrage, qui s’intitule L’encre sèche et on oublie, renferme des textes courts et incisifs. Quelques-unes des 25 nouvelles s’étendent à peine sur 17 ou 20 lignes.

Reporter aux chiens écrasés

Dans la première nouvelle de ce recueil, l’auteur décrit un reporter aux chiens écrasés. Le personnage couvre les petites crapules, les soûlards, les prostituées et autres gens du même acabit.

«Ses mots disent leur misère, leur âme ravagée sous la peau rude, leur honte, leurs angoisses. Leur violence aussi.»

Le titre du recueil est tiré d’une phrase de cette nouvelle où le reniflard fouille-merde écrit une rage qui vend, «mais l’encre sèche et on oublie».

Serge Labrosse, spécialiste des faits divers

Plus loin, un autre journaliste genre paparazzi déforme les propos des témoins et altère les faits pour faire la manchette.

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Puis il y a ce personnage, dans une autre nouvelle, qui veut perdre 20 ans en poids et en âge. Or, avec des mots-clés tels que coke, crack, métamphétamine, dettes, mafia, menaces, guet-apens, il est assuré de prendre 20 ans, point à la ligne.

Spécialiste des faits divers, l’auteur raconte un accident de route et l’arrivée de la police. L’intrigue est décrite au quart de tour dans seulement 25 lignes qui se terminent avec un punch de maître. Il faut le faire.

Petits et grands drames

Dans une histoire très triste qui se déroule au rythme de coups, de cris et de bleus, un frère n’a jamais connu le nom de sa sœur.

Ailleurs, un homme meurt après que son cœur ait lâché. Mais est-ce possible que le cœur lâche si l’homme n’a jamais aimé…?

Serge Labrosse excelle dans l’art de décrire des drames petits et grands, teintés de cynisme ou empreints d’humanité. Le quotidien ne paie souvent pas de mine. On crache sur sa vie, sur sa morne existence, on veut en finir avec ses jours moroses et encrassés.

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Serge Labrosse économise les mots

Dans la dernière nouvelle, d’à peine 20 lignes, un personnage n’aime pas les mouches, mais il ne les tue pas. D’un regard, il les méduse, les ensorcelle. Voilà l’effet que ces 25 nouvelles ont eu sur moi.

Avec une économie de mots, l’auteur réussit à créer une ambiance feutrée, à camper un ou deux personnages énigmatiques et à élaborer une intrigue aussi succincte que surprenante.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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